Wilhelm von Humboldt - Définition

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Introduction

Wilhelm von Humboldt

Friedrich Wilhelm Christian Karl Ferdinand Freiherr von Humboldt, plus connu sous le nom Wilhelm von Humboldt (en français, Guillaume de Humboldt), né à Potsdam le 22 juin 1767 et mort à Tegel le 8 avril 1835, est un linguiste, fonctionnaire, diplomate, et philosophe allemand.

Biographie

Humboldt fut un étonnant inventeur de concepts dans le domaine que nous appellerions aujourd'hui les sciences humaines. C'est ce qui a conduit paradoxalement à négliger le mouvement de sa pensée propre, son écriture. On l'a réduit au rôle de simple précurseur de la pensée de notre temps, de Martin Heidegger à Jürgen Habermas, en passant par Ernst Cassirer ou Noam Chomsky. C'est ce qu'a fait aussi, plus récemment (2006), le Français Alexis Philonenko, selon qui Humboldt serait resté prisonnier, contrairement à Bergson, de la scolastique et d'Aristote. Citons encore la « récupération » libérale de sa pensée politique et de sa philosophie de l'histoire. Wilhelm von Humboldt est le frère aîné du non moins célèbre Alexander von Humboldt.

Après des études scientifiques, ainsi que de grec et de français, il reçoit une introduction à la philosophie et en administration. Il étudie durant trois semestres la philologie et les sciences à Göttingen avec Lichtenberg et lit Kant, dont la première critique inspirera sa pensée grammaticale, la deuxième et la troisième son anthropologie et son esthétique. Humboldt était l'ami de Goethe et surtout de Friedrich von Schiller. Ces deux poètes lui inspirèrent des réflexions esthétiques souvent novatrices.

De 1797 à 1799, Humboldt vécut à Paris, où il put mesurer le fossé entre la philosophie kantienne et la philosophie française des Idéologues. Les Idéologues pensaient bien la différence des langues, mais dans un contexte mental bien trop empiriste ou sensualiste.

A la fin de son séjour parisien, il voyage en Espagne et surtout au Pays basque. Il découvre ainsi la langue et la culture basques. C'est pour lui l'occasion de mettre en place, avec cent cinquante ans d'avance, les principes de la description linguistique moderne : l'étude des langues en synchronie, l'étude descriptive et non prescriptive, l'importance du corpus et des informateurs ainsi que l'importance de catégories grammaticales décrivant précisément les phénomènes propres à la langue étudiée, ce qui le conduit à rejeter la pertinence des catégories de la grammaire latine pour une langue comme le basque. Plus tard (1827-1829), il tentera de repenser dans toute sa généralité la grammaire universelle.

En tant que fonctionnaire, il sera jusqu'en 1819 au service de l'État prussien, notamment comme diplomate en France. En tant que ministre prussien de l'Éducation (1809-1810), il réforma profondément le système scolaire, en se basant sur les idées de Johann Heinrich Pestalozzi — il envoya les professeurs prussiens étudier ses méthodes en Suisse. Il fonda l'université Humboldt de Berlin. Représentant de la Prusse avec Hardenberg au congrès de Vienne, il défend contre la France vaincue une ligne assez dure. Un des grands réformateurs libéraux avec Stein, il eut une action déterminante au sein du gouvernement jusqu'en 1819, quand il finit par prendre sa retraite en raison de son opposition aux idées réactionnaires qui prédominaient. Il se consacra alors essentiellement à l'étude du langage. Cela lui vaudra les moqueries d'un autre écrivain diplomate, Chateaubriand. Il est élu associé étranger de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1825.

Malgré cette carrière de serviteur de l'État, contrairement aux autres philosophes de l'histoire de son temps, Humboldt considérera toute sa vie que la culture de soi, la Bildung, est plus essentielle que le service de l'État. L'individu n'est pas réductible à son rôle sur la scène de l'histoire. C'est ce libéralisme singulier, rien moins qu'économique, qui conduit Humboldt à s'intéresser à la philosophie politique, à l'esthétique, à la philosophie de l'histoire, mais aussi à la religion, dans une perspective moins chrétienne que platonicienne, voire hindoue (commentaire de la Bhagavad Gita). La puissance créatrice qui constitue le fond de l'univers culturel et anthropologique se manifeste aussi bien dans les réalités individuelles que collectives. Si Humboldt rejette toute philosophie systématique, s'il s'intéresse à des domaines variées, de la sexualité à l'histoire en passant par la religion, sa pensée n'en est pas moins profondément cohérente. En tout cas, cohérente en profondeur.

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