Syphilis - Définition

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Introduction

Le tréponème pâle, agent de la syphilis.
Symptôme de la syphilis

La syphilis (vulgairement appelée vérole) est une maladie vénérienne, infectieuse et contagieuse, due au tréponème pâle. Elle se manifeste par un chancre initial et par des atteintes viscérales et nerveuses tardives, certaines manifestations survenant plusieurs années après la contamination.

Le tréponème pâle a été identifié par Fritz Schaudinn et Erich Hoffman à Berlin en 1905.

Appellations

Les différentes appellations du nom en Europe montrent bien le cheminement de la progression de la première épidémie.

  • Mal vénitien, mal de Naples ou mal napolitain (pour les Français)
  • Mal français (pour les Italiens, les Espagnols, les Allemands, et les Anglais)
  • Mal espagnol (pour les Portugais et les Néerlandais)
  • Mal anglais (pour les Écossais)
  • Mal allemand (pour les Polonais)
  • Mal polonais (pour les Russes)
  • Las bubas
  • Maladie de Cupidon


Spécificité (terme médical) :

  • Grande (ou « grosse ») vérole (la petite vérole étant la variole)
  • Le tabès est l'atteinte de la moelle épinière rencontrée dans la neurosyphilis.
  • La bactérie Treponema pallidum est à l'origine de cette maladie.

Épidémiologie

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), on aurait dénombré, en 1995, quelques 12 millions de nouveaux cas de syphilis dans la population adulte mondiale. Le plus grand nombre de cas répertoriés sont situés en Asie du Sud et du Sud-Est, suivie par l'Afrique subsaharienne.

France France

Selon une enquête de l'Institut de veille sanitaire (InVS), la syphilis est en recrudescence en France depuis les années 2000. Dans ce contexte, le ministère délégué à la Santé a décidé de mettre en place une stratégie de prévention sous forme d'actions de communication et d'actions ciblées vers les populations à risque.

Nombres de cas de syphilis en France, 2000-2006
année nombre de cas
2000 37
2001 207
2002 417
2003 448
2004 403
2005 329
2006 455

États-Unis États-Unis

La séroprévalence de la syphilis augmente depuis quelques années dans les grandes villes des États-Unis.

Histoire

Poster du gouvernement américain prônant un traitement rapide de la syphilis.

Les origines de la syphilis ne sont pas connues. Pendant longtemps, la thèse qui a prévalu était que la maladie avait été apportée du Nouveau Monde dans l'Ancien à l'occasion du premier voyage de Christophe Colomb.


Cette théorie semble aujourd'hui remise en question. En 1963, Hackett propose une théorie selon laquelle le tréponème pâle provient d'un autre tréponème, le Treponema caracteum ayant également engendré le Treponema pallidum sub species endemicum également nommé bejel.

En effet, Hippocrate semble avoir fait la description de la forme tertiaire de la maladie. Des recherches archéologiques semblent indiquer que la maladie était présente dans la ville grecque de Métaponte en Italie au VIe siècle av. J.-C. De plus, la découverte à Pompéi de dents présentant des cannelures, déformations caractéristiques d'enfants infectés durant la grossesse par leur mère atteinte de la maladie, paraît confirmer cette antériorité.

Cependant, la preuve la plus marquante de la présence de la syphilis dans l'Europe médiévale a été trouvée lors des fouilles du monastère augustinien datant des XIIIe et XIVe siècles dans le port de Kingston-upon-Hull au nord-est de l'Angleterre.

À cette époque, Kingston-upon-Hull était, après Londres, le deuxième port le plus important d'Angleterre et une ville portuaire à vocation internationale. Son monastère, comme beaucoup d'autres, fut détruit sur ordre d'Henri VIII en 1539, suite à la réforme anglicane.

Les deux tiers des squelettes mis au jour au cours des fouilles présentent des déformations osseuses typiques du troisième stade de la maladie. On découvre ces marques caractéristiques en particulier sur les squelettes inhumés au plus près de l'autel, ce qui signifie que les riches donateurs du monastère, les membres de la classe privilégiée de Kingston-upon-Hull, étaient parmi les personnes touchées par la maladie. La datation au carbone confirmerait que ces squelettes ont été enterrés pendant la période active du monastère, ce qui s'accorde difficilement avec la théorie américaine.

Avant ces découvertes récentes, on considérait que la syphilis avait fait son apparition en 1494 à Naples et qu'elle y avait été apportée par des marins espagnols de l'équipage de Christophe Colomb qui participaient à une campagne militaire de Charles VIII.

Une publication de début 2008 redonne un fort crédit à l'hypothèse de l'origine américaine [2]. Elle se fonde sur l'étude génétique de différentes souches de sous-espèces de Treponema pallidum. Il semblerait que le plus proche « parent » de Trepomnema pallidum sous-espèce pallidum (T. pallidum pallidum) (agent de la syphilis) soit la souche américaine de Treponema pallidum sous-espèce pertenue (T. pallidum pertenue) (agent d'une tréponématose cutanée, le pian ou yaws, transmissible par simple contact cutané, donc non vénérien). L'explication retenue par les auteurs serait que T. pallidum pertenue serait liée à l'espèce humaine depuis l'apparition même de l'homme (des tréponèmes simiens sont très proches de cette souche). Cette sous-espèce aurait migré avec l'homme à travers le monde et aurait présenté quelques mutations. Les compagnons de Christophe Colomb auraient rapporté cette souche en Europe et, lors de ce transfert sur un hôte nouveau, pour une raison inconnue, une dernière mutation aurait transformé son pouvoir pathogène et son mode de transmission et, ainsi, aurait produit T. pallidum pallidum, agent de la syphilis.

Si on considère que le pian peut entrainer des lésions osseuses avec déformations, ce nouvel apport n'est pas forcément en contradiction avec les précédentes constatations.

Selon les pays, elle est appelée « mal de Naples », « mal des Anglais », « mal des Français ». Personne ne veut en revendiquer la paternité. Elle n'épargne pas Leurs Majestés François Ier et Charles Quint.

Le nom de syphilis est utilisé pour la première fois par Girolamo Fracastoro en 1530 dans son œuvre « Syphilis sive de morbo gallico », où il décrit l'histoire allégorique d'un berger nommé Syphilus qui aurait été le premier à contracter la maladie pour avoir mis en colère les dieux.

Ce n'est qu'au XIXe siècle que l'affection sera reconnue cliniquement et bien définie dans sa symptomatologie. Avant 1870, rien du contenu des écrits médicaux ne donne une image angoissante de la syphilis. Elle pose un grave problème de santé publique associée à la propagation vénérienne habituelle. Les traitements à base de mercure sont largement diffusés mais les médecins ont souvent des difficultés à convaincre leurs patients de traiter cette maladie peu spectaculaire. Le mercure, remède pluricentenaire, et l'iodure de potassium semblaient capables à eux deux de régler toutes les situations. En fait, le mercure tuait autant que la syphilis elle-même.

Dans les années 1850, le Dr. Joseph-Alexandre Auzias-Turenne, s'inspirant du traitement de la variole, expérimente un vaccin contre la syphillis. Cette syphilisation, basée sur des conceptions erronées est un échec. Vers 1898 Albert Neisser essaie un sérum curatif : c'est encore un échec et un drame qui ne furent pas sans conséquences réglementaires.

L'arsphénamine, premier médicament efficace contre la syphilis, fut découverte en 1908 par Sahachiro Hata dans le laboratoire de Paul Ehrlich et commercialisée sous le nom de Salvarsan en 1910. En 1921, Ernest Fourneau, à l'Institut Pasteur, mit au point le Stovarsol, autre dérivé de l'arsenic mais, contrairement au Salvarsan, stable et actif par voie orale.

En 1927, Julius Wagner-Jauregg obtint le Nobel pour sa découverte de la malariathérapie : suite à l'inoculation du parasite du paludisme une forte fièvre permettait une amélioration de l'état de certains patients.

La syphilis était une maladie grave pouvant entrainer la mort avant la découverte des antibiotiques. Depuis leur découverte, elle se guérit facilement avec ce type de médicaments. Depuis 1999, la syphilis est en recrudescence en France et dans la plupart des pays, mais elle peut être associée à l'infection par le VIH.

Comme pour le VIH, le préservatif ou la connaissance du statut sérologique de son partenaire stable sont les meilleurs moyens de s'en protéger.

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