Somme directe - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

En mathématiques, et plus précisément en algèbre, le terme de somme directe désigne des ensembles munis de certaines structures, construits à partir de la réunion d'autres ensembles du même type.

Somme directe de sous-espaces vectoriels

Somme directe de deux sous-espaces vectoriels

Soient F1 et F2 deux sous-espaces vectoriels de l’espace vectoriel E. On dit que F1 et F2 sont en somme directe si et seulement si pour tout élément u de F1 + F2, il existe un unique couple \ (u_1 ; u_2) de F_1 \times F_2 tel que u = u1 + u2.

On dit aussi dans ce cas que la somme F1 + F2 est directe.

En d'autres termes, la somme de deux sous-espaces vectoriels F1 et F2 est directe si la décomposition de tout élément de F1 + F2 en somme d'un élément de F1 et d'un élément de F2 est unique.

La somme sera alors notée : F_1 \oplus F_2.

On dispose des caractérisations usuelles suivantes :

  • F1 et F2 sont en somme directe si et seulement si, pour tout u1 de F1 et u2 de F2,
u_1 + u_2 = 0 \Leftrightarrow u_1 = u_2 = 0
  • F1 et F2 sont en somme directe si et seulement si
F_1 \cap F_2 = \{0\}
  • F1 et F2 sont en somme directe si et seulement s'il existe une base de F1 et une base de F2 qui, mises bout à bout, forment une famille libre.

Cas de la dimension finie : lorsque F1 et F2 sont de dimensions finies, la somme F1 + F2 est directe si et seulement si \dim F_1 + \dim F_2 = \dim(F_1 + F_2).

Sous-espaces supplémentaires : deux sous-espaces F1 et F2 de E sont dits supplémentaires lorsque E = F_1 \oplus F_2. Cela signifie que pour tout élément u de E, il existe un unique couple \ (u_1 ;  u_2) de F_1 \times F_2 tel que \ u = u_1 + u_2.

Somme directe de plusieurs sous-espaces vectoriels

On peut généraliser la notion de somme directe à une famille finie de sous-espaces vectoriels de E.

On dit qu'une famille (F_i)_{i=1\cdots k} de sous-espaces vectoriels de E est en somme directe si et seulement si, pour tout élément u de la somme F = \sum_{i=1}^k F_i, il existe un k-uplet unique (u_1 ;u_2; \cdots ;u_k) de F_1 \times F_2 \times \cdots \times F_k tel que u = \sum_{i=1}^k u_i.

On dit aussi dans ce cas que la somme F des sous-espaces (F_i)_{i=1\cdots k} est directe.

En d'autres termes, la somme est directe si la décomposition de tout élément de F = \sum_{i=1}^k F_i en somme d'éléments des F_i\, est unique.

Pour désigner une somme directe, on se sert des notations F_1 \oplus F_2 \oplus \cdots \oplus F_k ou \bigoplus_{i = 1} ^kF_i.


Comme dans le cas de 2 sous-espaces vectoriels, on peut caractériser les sommes directes par l'unicité de la décomposition du vecteur nul :

La somme F = \sum_{i=1}^k F_i est directe si et seulement si :
l'unique k-uplet (u_1 ;u_2; \cdots ;u_k) de F_1 \times F_2 \times \cdots \times F_k tel que \sum_{i=1}^k u_i = 0 est celui dont tous les éléments sont nuls.


Remarque : dès que la famille comprend au moins 3 sous-espaces, il ne suffit pas pour que la somme soit directe que leurs intersections deux à deux soient réduites à \ \{0\}, c'est-à-dire que :

F_i \cap F_j = \{0\} pour tout i et pour tout j, i différent de j.

On s’en convaincra en regardant dans \R^2 les sous-espaces vectoriels :

F_1=\{(x ; 0) , x \in \R\}
F_2=\{(y ; y) , y \in \R\}
F_3=\{(0 ; t) , t \in \R\}.

Leurs intersections deux à deux sont réduites à {(0 ; 0)}, mais leur somme \ F = F_ 1 + F_2 + F_3 (égale à \ \R^2) n'est pas directe.

En effet, les 3 vecteurs u_1=(1 ; 0),\, u_2=(-1 ; -1),\, u_3=(0 ; 1) appartiennent respectivement à F_1,\, F_2,\, F_3 ; ils sont non nuls, et tels que \ u_1 +  u_2 + u_3= (0 ; 0): la décomposition du vecteur nul n'est pas unique.

En revanche, on montre que les sous-espaces de la famille des \ (F_{i})_{1\geq i\geq n} sont en somme directe dans \ E si et seulement si :

  • \ \sum_{i=1}^n F_i = E
  • \ \forall k \in \left\{ 1,...,n-1\right\}, \ \left(\sum_{i=1}^{k}F_{i}\right)\cap F_{k+1}=\left\{0_{E}\right\}

Lorsque les sous-espaces vectoriels sont de dimensions finies, on a encore l'équivalence des assertions suivantes :

  1. Les (F_i)_{i=1\cdots k} sont en somme directe.
  2. \sum_{i=1}^k \dim F_i = \dim\left(\sum_{i=1}^k F_i\right).
  3. En concaténant une base \ \mathcal{B}_1 de \ F_1, ... , une base \ \mathcal{B}_k de \ F_k, on constitue une base de la somme.


Exemple : soient E un espace vectoriel sur K de dimension finie, et f un endomorphisme de E ayant exactement p valeurs propres (distinctes) appelées  \lambda_1,\, \dots,\, \lambda_p. On désigne par \ \mathrm{Id} l'endomorphisme identique de E.

Pour tout entier i tel que 1 ≤ i ≤ p,  E_i = \mathrm{ker}(f - \lambda_i\, \mathrm{Id}) est le sous-espace propre de f associé à la valeur propre \ \lambda_i.
Les deux propriétés suivantes sont classiques :

  • La somme \sum_{i=1}^p E_i est directe.
  • \bigoplus_{i = 1}^p E_i = Esi et seulement si f est diagonalisable.
Lorsque c'est le cas, on constitue une base \ \mathcal{B} de E diagonalisant f en concaténant une base \ \mathcal{B}_1 de \ E_1, ... , une base \ \mathcal{B}_p de \ E_p.

Somme directe orthogonale

On désigne ici par E un espace préhilbertien réel ou complexe (espace vectoriel réel ou complexe muni d'un produit scalaire). Soit une famille (F_i)_{i=1\cdots k} de sous-espaces vectoriels de E. S'ils sont deux à deux orthogonaux, leur somme est directe. Elle est alors appelée somme directe orthogonale.

Un exemple très simple est l'espace F^\perp constitué des vecteurs orthogonaux à tous les vecteurs d'un sous-espace vectoriel F : il est en somme directe avec F. L'égalité E = F^\perp + F n'est pas toujours vérifiée lorsque la dimension est infinie. Par contre, elle l'est dès que E est de dimension finie.

Deux espaces qui sont à la fois supplémentaires et orthogonaux sont dits supplémentaires orthogonaux. Un sous-espace vectoriel F de E, même s'il a des supplémentaires, n'en a pas nécessairement un qui lui soit orthogonal. Une condition suffisante est que l'espace F soit complet (ce qui est réalisé en particulier s'il est de dimension finie). Cette question est liée à la possibilité d'effectuer une projection orthogonale.

Lorsque les sous-espaces vectoriels sont de dimensions finies, on a l'équivalence des assertions suivantes :

  1. Les (F_i)_{i=1\cdots k} sont en somme directe orthogonale.
  2. En concaténant une base orthogonale \ \mathcal{B}_1 de \ F_1, ... , une base orthogonale \ \mathcal{B}_k de \ F_k, on constitue une base orthogonale de la somme.
Page générée en 0.006 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise