Schizophrénie - Définition

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Introduction

Le terme de schizophrénie regroupe de manière générique un ensemble d'affections psychiatriques présentant un noyau commun, mais dites différentes quant à leur présentation et leur évolution. On utilise le pluriel pour désigner ces schizophrénies.

« Schizophrénie » provient de « schizo » du grec « σχίζειν » (schizein) signifiant fractionnement et « φρήν » (phrèn) désignant l’esprit. C'est donc une « coupure de l'esprit », pas au sens d'une 'double personnalité' comme on l'entend parfois, mais au sens d'une perte de contact avec la réalité ou, d'un point de vue psychanalytique, d'un conflit entre le Moi et la réalité.

C'est une pathologie psychiatrique généralement chronique, qui survient plutôt à l'adolescence ou au début de l'âge adulte.

La schizophrénie est une psychose, qui se manifeste par des signes de dissociation mentale, de discordance affective et d'activité délirante, ce qui a pour conséquences une altération de la perception de soi-même, des troubles cognitifs, et des dysfonctionnements sociaux et comportementaux allant jusqu'au repli autistique. Le terme est par ailleurs fréquemment utilisé au sens figuré, notamment dans la presse, pour évoquer des attitudes ou des propos simplement contradictoires.

Elle atteint généralement 0,5 % à 1 % de la population. Son diagnostic se fonde uniquement sur les déclarations du patient et son observation, puisqu'il n'existe aucun test de détection en laboratoire. Les études indiquent que des facteurs génétiques, environnementaux, neurobiologiques, psychologiques et sociaux jouent un rôle dans l'apparition de la maladie (des drogues et médicaments peuvent également causer l'apparition ou l'aggravation de symptômes), sans que l'on ne parvienne à isoler une cause organique.

Le traitement se fait par la prise d'antipsychotiques, mais peut aussi consister en une psychothérapie, une réinsertion sociale ou professionnelle, voire une hospitalisation forcée dans les cas les plus graves.

Les individus schizophrènes présentent davantage de risques d'être atteints d'éléments de comorbidité tels que les troubles anxieux et dépressifs. Ils sont également davantage touchés par des troubles addictifs, ainsi que des problèmes sociaux comme le chômage de longue durée, le sans-abrisme et la pauvreté. On estime que l'espérance de vie des personnes touchées est inférieure de 10 à 12 ans à l'espérance de vie moyenne, à cause du risque plus élevé de problèmes de santé et d'un plus fort taux de suicide (environ 5 %).

Repères historiques

Symptômes. La littérature des civilisations grecque et romaine y fait allusion sans indiquer comment ils étaient traités.

Historiquement, le psychiatre Emil Kraepelin est le premier à faire la distinction entre la démence précoce décrite cinquante ans avant lui par Bénédict Augustin Morel, et les autres formes de folie. Elle est ensuite renommée schizophrénie par le psychiatre Eugen Bleuler lorsqu'il devint évident que la désignation de Kraepelin n'est pas une description adéquate de la maladie.

C'est en 1898 qu'Emil Kraepelin, parlant de démence précoce, trouve trois variations :

  1. l'hébéphrénie (hébé = adolescence, phrên = esprit) : qualifie une intense désagrégation de la personnalité ;
  2. la catatonie : la forme la plus grave ;
  3. la forme paranoïde : la forme la moins grave, s'appuyant sur des hallucinations.

En 1911, Eugen Bleuler utilise le terme de schizophrénie, et met en avant cinq symptômes :

  1. le trouble de l'association des idées ;
  2. le trouble de l'affectivité ;
  3. la perte de contact avec la réalité ;
  4. l'autisme (dans le sens du repli autistique) ;
  5. le syndrome dissociatif.

En 1919 le psychanalyste Victor Tausk est le premier à élaborer une théorique psychanalytique sur la schizophrénie. En 1950 la psychanalyste suisse Marguerite Sechehaye est l'une des premières à adapter la technique freudienne pour traiter une patiente schizophrène, Renée.

En 1952, le Largactil est acrédité comme neuroleptique ce qui marquera un tournant dans l'histoire du traitement de la schizophrénie notamment parce qu'il en facilitera l'abord psychothérapeutique. En 1958 l'halopéridol est inventé en Belgique, il se montre plus efficace et surtout moins sédatif que le Largactil. Notons que l'introduction des neuroleptiques s'est étalée sur plusieurs années - voire décénnies - car elle suscitait de nombreuses et farouches résistances chez certains psychiatres, entre autres Henri Baruk et Henri Ey en France.

En 1956, Gregory Bateson, Donald D. Jackson, Jay Haley et John Weakland publient leur article commun Vers une théorie de la schizophrénie qui introduit le concept de « double contrainte » ou « injonction paradoxale » (double bind). Le rôle du contexte dans l'apparition de la schizophrénie ne vient pas s'opposer aux autres causes possibles, et il est précisé un peu plus tard en ces termes :

« Là où prédomine la double contrainte comme modèle de communication, si l'attention diagnostique se concentre sur l'individu ouvertement le plus malade, on constate que le comportement de cet individu répond aux critères de la schizophrénie. C'est en ce sens seulement qu'on peut accorder à la double contrainte une valeur étiologique. »
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