Psychiatrie - Définition

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Introduction

La psychiatrie est une spécialité médicale traitant de la maladie mentale ou des maladies mentales. L'étymologie du mot psychiatrie provient du grec psyche (ψυχὴ), qui signifie âme ou esprit, et iatros qui signifie médecin (littéralement médecine de l'âme). Le terme psychiatrie a été introduit par Johann Christian Reil en 1808 qui, d'emblée, a situé cette spécialité sous le signe de traitements qui comprenaient le traitement psychologique (aujourd'hui on dirait psychothérapie).

Le champ de la psychiatrie s'étend du diagnostic au traitement, en passant par la prévention des troubles mentaux. Pratiquée ordinairement par un psychiatre, la discipline est connexe à la pédopsychiatrie, qui concerne les enfants, à la psychogériatrie, destinée aux personnes âgées ou encore à la neuropsychiatrie.

Histoire

Les origines de la psychiatrie

Emil Kraepelin a étudié et proposé des idées de classification des maladies mentales.

L'histoire de la psychiatrie est relativement brève. C'est une discipline jeune. En 1656, Louis XIV décréta l'ouverture des hôpitaux de France, dans le but d'enfermer toute personne qui n'est pas en ligne avec la société de l’époque : des "débauchés", des pères dépensiers, des fils prodigues, des blasphémateurs, etc... Ceci marqua le début de "l'emprisonnement à grande échelle des fous".

Ces hôpitaux n'étaient enclins à aucune thérapie. Les conditions qui y régnaient faisaient leur réputation. Les détenus sont enchaînés, mal traités, et y sont flagellés. Ces détenus vivaient dans des conditions insalubres. C'est dans ces conditions que les gardiens de ces hôpitaux développaient leur "expertise en psychiatrie". Les détenus sont souvent jetés dans une fosse grouillante de serpents afin de les ramener à la raison.

Bien que travailler dans les asiles ne soit pas le plus valorisant, ces gardiens se positionnaient comme porteurs exclusifs et légitimes d’une discipline médicale nouvellement créée. D'après eux, c'est un art et une science aussi complexes que la chimie...

Le mot "psychiatrie", inventé en 1803 par Johann Christian Reil, signifie "étude de l'âme". Il fut le premier à affirmer que les méthodes de traitement psychique relevaient des méthodes médicales et chirurgicales les mieux étudiées. Ces traitements consistaient en massages, corrections, flagellation et opium. D'autres méthodes consistaient à faire tourner les "fous jusqu'à ce que du sang coulait de leurs bouche, oreilles et nez.

Emil Kraepelin en 1918 a défini le psychiatre comme un chef qui pourrait intervenir sans pitié dans les conditions de vie des gens et obtiendra sûrement la diminution de la folie.

Genèse : de l'aliénisme à la psychiatrie

Certains considèrent Philippe Pinel comme le découvreur de la psychiatrie moderne.

Le mot psychiatrie date de 1808 (Johann Christian Reil 1759-1813) et est enregistré en 1842 ; il reste cependant peu usité jusqu'au XIXe siècle.

C'est après la Révolution française que la psychiatrie s'est érigée en discipline médicale et que le statut de malade a remplacé celui de « fou ». Dans l'esprit de rupture de la Révolution, ce n'est plus l'Etat qui décide de l'internement mais le préfet (dans l'intérêt général) et le médecin (dans l'intérêt du malade). La folie ne pouvant être un crime, un statut médical est créé ainsi que des hôpitaux correspondants qui sont en fait souvent des établissement privés. Cette nouvelle perception de la folie et les lois qui en découlent sont imputables au mouvement dit des "aliénistes" dont on peut notamment citer Pinel ou Esquirol. La loi du 30 juin 1838 peut se résumer à une législation qui doit veiller a ce que les maux d'un homme souffrant et malheureux soient adoucis, et sa guérison obtenue si possible, et en même temps prendre des mesures qui ôtent à un être dangereux pour les autres ou pour lui-même les moyens de faire le mal". A cette époque, les malades mentaux étaient considérés comme aliénés, c'est-à-dire non soumis à la raison et en quelque sorte esclaves de leur raison.

L'évolution de la discipline s'est particulièrement faite en Europe avec l'Ecole française, animée de figures comme Philippe Pinel, Esquirol, Henri Ey ou encore Charles Lasègue et avec l'Ecole allemande, de Wilhelm Griesinger à Emil Kraepelin. De ces auteurs, on retiendra surtout les premiers grands systèmes de classification des maladies mentales, mais aussi leur prise en compte du traitement psychique (on disait aussi moral) des troubles.

Aux Etats-Unis, les pionniers dans le traitement des patients sont Eli Todd et Dorothea Dix. En particulier, Todd fonde en 1823 un hôpital d'aliénés dans le Connecticut, avec une forte participation financière de la part du gouvernement américain.

Loi du 30 juin 1938

Les résultats thérapeutiques étaient relativement isolés, la pharmacopée était peu développée et les cures morales nécessitaient un grand investissement souvent réservé aux privilégiés. En pastichant Michel Foucault, on pourrait dire que le rôle des psychiatres, des asiles puis des hôpitaux psychiatriques (HP) était de surveiller, isoler, classifier et ramener à la raison les malades. Leur condition de vie était souvent déplorable, les progrès dans l'hébergement ou dans la prise en charge se sont faits par paliers. Les grands ensembles hospitaliers, éloignés des villes, vivant en autarcie étaient souvent la règle. Ce n'est que dans la deuxième partie du XXe siècle que certains hôpitaux seront construits en ville dans le but affirmé de désenclaver la folie.

On retiendra notamment qu'en France, durant la Seconde Guerre mondiale, dans les hôpitaux psychiatriques, 40 000 patients sont morts parce qu'ils avaient été négligés, oubliés et parfois tout bonnement privés de nourriture.

Avènement de la pharmacopée et de la psychanalyse

L'apparition de traitements psychotropes efficaces date des années 1950, et leur diffusion s'étend jusqu'aux années 1960 voire 1970. Certains psychiatres comme Henri Baruk et, dans une moindre mesure, Henri Ey s'opposaient à leur utilisation, les considérant comme une camisole chimique et disant que l'on ne peut se limiter a la prescription sans traiter les symptômes. L'introduction des premiers neuroleptiques, le largactil puis l'halopéridol, fut une véritable révolution dans les services de psychiatrie et dans la prise en charge des malades psychotiques. Ces nouveaux médicaments permettaient de calmer les malades agités, délirants, hallucinés et ainsi permettre d'envisager et de généraliser des traitements psychiques dans des conditions plus réalistes ou encore, lorsque c'était possible, d'envisager un retour au domicile ou dans des structures intermédiaires.

En France, le scandale de l'abandon des malades pendant la guerre, le renouveau démocratique et l'engouement pour les idéaux humanitaires d'égalité, de solidarité a donné naissance à des expériences de structures thérapeutiques très originales, dans et hors des murs de l'hôpital. La question du « malade mental » est complètement repensée. Alors que jusque-là prévalaient surtout les dogmes d'internement ou d'enfermement des malades, un processus d'externalisation et de désinstitutionnalisation a été entrepris. Ce processus aboutira en France notamment à la création du système dit de psychiatrie de secteur avec l'adoption d'une circulaire en 1960. On peut définir le secteur comme une zone géodémographique, la continuité de la prise en charge globale de la santé mentale d’une population par la même équipe dans un esprit de rupture avec la pratique ségrégative et hospitalocentriste d'avant la deuxième guerre mondiale. Avec des services dotés de beaucoup moins de lits, mais de davantage de structures alternatives, intermédiaires (hôpitaux de jour, etc.) à l'hospitalisation. Le rôle des patients est aussi devenu plus actif par le biais d'associations ou encore de clubs de sociothérapie.

Le mouvement se poursuit dans les années 1970, en partie du fait de l'avènement des psychothérapies notamment psychanalytiques et des courants de l'antipsychiatrieet du mouvement désaliéniste.

Évolutions et situation actuelle

Actuellement, la situation de la psychiatrie varie d'un pays à l'autre. Dans certains, des progrès sont encore réalisés et dans d'autres, on observe des stagnations ou même des régressions en fonction du désengagement des États, du manque chronique de spécialistes, psychiatres, psychologues cliniciens, infirmiers et des restrictions budgétaires. En France la situation est différente. Outre les maladies mentales classiques, les affections encourues par la population soignée ont changé : les praticiens font face à la prise en compte de détresses sociales croissantes qui semblent davantage résulter de la situation économique, à des interventions lors de catastrophes, des deuils, des migrations, ou encore à la prévention, au dépistage précoce, au « traitement » de l'échec scolaire, à l'excitation psycho-motrice, l'apathie, les dépressions, la fatigue professionnelle.

La demande de soins augmente, à l'instar d'une baisse de la démographie médicale. Les grandes villes de France, de Suisse et de Belgique sont actuellement parmi les plus psychiatrisées d'Europe. En France par exemple, on compte 12 000 praticiens, (1 pour 5 000 habitants, soit bien plus que chez nombre de ses voisins européens). Par ailleurs, la fermeture de lits de psychiatrie a été telle qu'actuellement, notamment en Suisse, ou encore en Italie où tous les hôpitaux ont été fermés (la loi Franco Basaglia), il devient parfois difficile d'hospitaliser les patients qui en auraient besoin. Les durées d'hospitalisation tiennent aujourd'hui compte d'une rationalisation financière, déterminée entre institutions hospitalières et assurances sociales ou maladie. Christian Müller écrivait en 1982 : « quels que soient le temps et les modes, ce sont toujours les malades psychiques graves qui font les frais des idéologies, des mesures d'économies et autres décisions qui finissent par constituer des discriminations. »

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