Prévention - Définition

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Introduction

La prévention est une attitude et/ou l'ensemble de mesures à prendre pour éviter qu'une situation (sociale, environnementale, économique..) ne se dégrade, ou qu'un accident, une épidémie ou une maladie ne survienne. Elle consiste ;

  • à limiter le risque, c'est la prévention proprement dite : mesures visant à prévenir un risque en supprimant ou en réduisant la probabilité d'occurrence du phénomène dangereux ;
  • à prévoir des mesures pour combattre le « sinistre » si celui-ci survient, c'est la prévision ; on parle également de protection : mesures visant à limiter l’étendue ou/et la gravité des conséquences d’un phénomène dangereux, sans en modifier la probabilité d'occurrence.

La science qui étudie le risque est la cindynique.

La prévention, à une « juste mesure et au bon moment », et donc bien définie est fondamentale en médecine et épidémiologie : l'action la plus efficace est a priori celle qui limite le risque qu'il y ait des victimes. Mais une vision à long terme est nécessaire, car une prévention qui semble pertinente et efficace à court terme peut avoir à long terme un effet inverse de celui qui était recherché (ainsi « trop d'hygiène » ne permettant plus à l'individu d'entretenir une immunité normale face aux microbes et parasites, ou une utilisation préventive d'antibiotique (en médecine ou dans l'alimentation animale) peut conduire à des phénomènes d'antibiorésistance et maladies nosocomiales à grande échelle, de même semble-t-il qu'augmenter le risque de maladies auto-immunes.

Dans le cas d'actions ou d'inaction susceptibles d'avoir des conséquences en chaîne (« effet domino » ou « boule de neige »), le comportement individuel (hygiène de vie, réduction de la prise de risque) a parfois autant d'importance que la stratégie du groupe. C'est le cas pour les maladies contagieuses et/ou sexuellement transmissibles, mais pour beaucoup d'autres facteurs de risque comme le relevait Marc Lalonde en 1974 dans un rapport pour le ministère de la Santé canadien :

Parmi les forces adverses [qui viennent freiner les efforts visant à hausser le niveau de vie des Canadiens], mentionnons : la pollution de l'environnement, la vie en milieu urbain, le manque d'exercice, l'abus d'alcool, du tabac et des drogues, et enfin, les habitudes alimentaires de nos jours qui sont axées davantage sur la satisfaction des sens que sur les besoins du corps humain.

Prévention des accidents

Accident, facteurs et sensibilisation

Un accident est toujours la rencontre de plusieurs facteurs, dont souvent le hasard et/ou une négligence. En effet, s'il n'y a pas de négligence ou de hasard, il s'agit alors d'un crime, au sens large du terme : une action délibérément nuisible, malveillance, sabotage... Lorsqu'il n'y a pas de négligence mais seulement un hasard, on parle de calamité ou de catastrophe naturelle.

La prévention consiste donc d'abord à essayer de prévoir les facteurs pouvant conduire à l'accident. Lorsqu'un accident se produit, il faut analyser ces facteurs (arbre des causes) afin d'éviter qu'un accident similaire ne se reproduise (capitalisation de l'expérience).

Un des principaux moyens de prévenir les accidents consiste à informer les personnes soumises au risque. En effet, puisqu'il y a toujours au moins une négligence, il faut tenter d'influer sur les comportements afin de réduire ce facteur. La première étape de l'information est en général la sensibilisation : faire comprendre aux personnes quel est le risque et pourquoi il est nécessaire de changer (ou de maîtriser) son comportement.

Accident, danger et risque

Définitions

Accident
L'accident peut être défini comme un événement soudain, dommageable et non désiré, ayant pour conséquence des dégâts sur les personnes, les biens ou l'environnement.
Danger
L'accident étant la conséquence de plusieurs facteurs, si l'on supprime un seul facteur, on peut éviter l'accident, mais celui-ci reste toujours probable : on est en situation de danger. On pourrait définir un danger comme une situation dans laquelle il ne manque qu'un seul facteur pour qu'il y ait un accident.
Par exemple, pour qu'il y ait une explosion de gaz, il faut un mélange explosif et une source d'énergie (étincelle, flamme...). Si l'on est en présence d'un mélange explosif qui n'a pas encore explosé, il n'y a pas encore d'accident, mais il y a un danger.
Risque
Le risque pourrait être défini comme la prise en compte d'une exposition à un danger, c'est-à-dire que l'action est un facteur pouvant mener à l'accident. En effectuant l'action, on transforme potentiellement une situation dangereuse en accident; mais l'on n'est pas sûr que cela va déboucher sur l'accident : le comportement à risque ne débouche pas toujours sur un accident, on a donc fréquemment l'impression que ce comportement est inoffensif.
Exemple d'une personne qui traverse une voie de chemin de fer en dehors d'un passage protégé. Il y a danger car le train est toujours intrinsèquement à même de blesser cette personne; de même il y a un "risque" car la personne est exposée au danger. Toutefois le risque n'implique pas toujours la réalisation d'un accident. Ainsi la personne peut réussir à traverser de justesse ou bien avoir le réflexe de se jeter en arrière, auquel cas les conséquences de l'exposition au danger seront nulles. S'il n'y a pas de train à l'approche, le train est toujours "dangereux" mais la situation n'est pas dangereuse et le risque est nul car la personne n'est pas exposée au danger.
Exemple d'un accident de la circulation. On a une route simple à deux voies en côte et une voiture doublant une autre voiture en montant la côte. Si une voiture circule en sens inverse, on a un danger qui n'est pas vu (puisque cette voiture est cachée par le sommet de la pente), danger qui peut se transformer en accident (choc frontal), mais qui peut aussi se résoudre sans dégât (par exemple la voiture doublant réussit à se rabattre grâce au coup de frein de la voiture doublée et de la voiture venant de face). Si aucune voiture ne vient en face, il n'y a alors pas de danger, mais le conducteur doublant n'a aucun moyen de le savoir, il prend un risque.

Le risque est donc un danger qui lui-même est un accident potentiel ; de ce fait, le risque n'est souvent pas perçu comme tel, mais il peut bel et bien mener à l'accident. C'est là qu'est toute la difficulté de la sensibilisation...

« Le risque de danger » signifie donc « la probabilité de survenance d'un événement dommageable ».

Analyse bénéfice/risque et protection/contrainte

Les comportements humains font suite à une prise de décision (si l'on excepte les réflexes). Cette prise de décision s'appuie en général sur une analyse plus ou moins consciente de type « coût/gain » (dans le sens large et non pas financier), ou plutôt coût estimé/gain attendu, le coût estimé et le gain attendu étant plus ou moins éloignés des coût et gain réels.

Hors comportements suicidaires ou « acte manqué », la personne qui décide de prendre le risque le fait car à son avis le bénéfice (gain) vaut le risque couru (le coût étant ici la probabilité et la gravité de l'éventuel accident). Si le comportement est à risque, c'est précisément que l'estimation faite par la personne est fausse, il ne s'agit pas d'une analyse rationnelle mais d’a priori, d'idées reçues, d'impressions.

Exemple d’un conducteur qui a l'impression qu'en accélérant au-delà de la limite de vitesse, il arrivera plus tôt à sa destination tout en n'augmentant pas le risque d'accident. L'estimation du gain (de temps) et du coût (risque d'accident) sont tous les deux faussés.

De même, le respect d'une mesure de sécurité est une contrainte (un coût) qui apporte une protection (gain). Si une personne ne respecte pas une consigne de sécurité, c'est qu'à son avis, la protection apportée ne justifie pas la contrainte.

Exemple du cycliste qui a l'impression que le port du casque est contraignant (chaleur) et n'est pas nécessaire (la vitesse est faible comparé aux motocyclettes). Là encore, l'estimation du gain (protection contre les traumatismes crâniens) et du coût (casque supposé inconfortable) sont faussés.

Pour amener les gens à respecter un règlement de sécurité, on peut donc :

  • diminuer le coût de la mesure de prudence
    diminuer la contrainte, par exemple en soutenant financièrement l'acquisition du dispositif de sécurité, en étudiant un dispositif plus confortable (ergonomie) ;
  • augmenter le bénéfice perçu de la mesure de prudence
    par exemple en valorisant l'attitude responsable (estime de soi), en accompagnant l'acquisition d'un « cadeau » (par exemple diminution de la prime d'assurance) ;
  • augmenter le coût et diminuer le gain de l'attitude imprudente
    sanctionner les manquements aux obligations de prudence (par exemple amende et retrait de points sur le permis en cas de dépassement des limitations de vitesse ou oubli du port du casque, malus sur la prime d'assurance en cas de responsabilité dans un sinistre) ; rendre les produits néfastes moins disponibles ou plus chers (par exemple augmentation du prix des cigarettes, suppression des distributeurs de friandises dans les écoles) ;
  • favoriser la réflexion sur l'analyse coût/gain
    sensibiliser, éduquer afin de montrer les erreurs d'analyse, et que la mesure proposée/imposée est justifiée.

Estimation du risque

L'estimation du risque est souvent faussée par des idées reçues. Ce décalage entre l'estimation et la réalité peut avoir plusieurs causes, notamment :

  • la gravité perçue d'un accident ; l'horreur ressentie d'une situation va augmenter l'importance réelle du risque ; par exemple, les accidents d'avion apparaissent particulièrement mortels et d'autant plus choquants qu'on s'identifie aux victimes ; pourtant, le risque est faible (le nombre de morts dans le monde est dix fois inférieur au nombre de morts sur la route en France [1]) et fumer conduit à une probabilité bien plus élevée d'agonie par cancer du poumon plus longue et plus douloureuse que celle-ci) ;

S'ajoute à ceci un renforcement par la résonance des médias qui peuvent par exemple renforcer l'impression d'insécurité quand ils relatent des homicides, alors que ceux-ci ne représentent en France qu'environ 400 morts par an (0,7 décès pour 100 000 habitants contre 17,5 pour les suicides et 12,9 pour les accidents de la route [2]).

  • Par ailleurs, le risque estimé est comparé avec un « risque acceptable» : étant évident que le « risque zéro » n'existe pas d'une part, et d'autre part qu'un bénéfice ne peut s'acquérir qu'en courant un risque, chaque personne évalue implicitement un risque acceptable, qui est le danger qu'elle accepte de courir, l'accident qu'elle trouve normal de subir, par exemple comme sanction d'échec ou fatalité. Cette notion de risque acceptable comporte des dimensions sociales et psychologiques. Par exemple, pour un grand nombre de citoyens français, les accidents de la route sont acceptables alors qu'ils causent de nombreux morts et que l'on peut agir par un comportement individuel ; à l'inverse, une inondation sur laquelle on ne peut agir et qui fait peu de victimes paraît inacceptable.

Cette double source d'irrationalité interfère avec la prise de risque : irrationalité de l'estimation du risque, et irrationalité de la référence (risque acceptable).

Pour estimer de manière plus précise les risques sans a priori, il faut donc se reporter aux statistiques. En France, les décès sont principalement dus [3] [4] :

Répartition des causes de décès en France au début des années 2000
Classement Cause Nombre de morts
annuel
Nombre de morts
pour 100 000 habitants
1 maladies cardiovasculaires 165 000 266
2 cancers 150 000 241
3 maladies infectieuses [5] 36 000 58
4 accidents domestiques 20 000 32
5 suicides 12 000 17,5
6 accidents de la route 7 500 13
7 accidents du travail et maladies professionnelles 7 000 11

Cette analyse dépend bien entendu de la manière dont on répartit les causes de décès. Si l'on considère par exemple non pas la pathologie menant au décès mais le comportement ayant favorisé la pathologie, on voit que

  • l'obésité cause 178 000 morts par an (287 pour 100 000 hab.),
    ce qui en ferait donc la première cause de décès ;
  • 60 000 morts par an (97 pour 100 000 hab.) sont associés au tabagisme en France, dont 25 000 par cancer du poumon (soit 90 % des cancers du poumon), 15 000 à 40 000 par bronchite chronique (broncho-pneumopathie chronique obstructive ou BPCO) ;
  • l'alcoolisme cause environ 45 000 décès par an (73 pour 100 000 hab.) :
    23 000 décès directs (11 000 cancers des lèvres, de la bouche, du pharynx et du larynx, 9 000 cirrhoses, 2 500 par alcoolo-dépendance), et 22 000 morts indirectes (troubles mentaux, maladies cardiovasculaires, accidents...) ; tous les ans, 5 000 à 7 000 bébés naissent en France avec des malformations graves en raison de l'alcoolisme de la mère. L'alcool est maintenant un cancérogène reconnu (plus encore s'il est associé au tabac), et en tant que désinhibiteur, il favorise de nombreuses conduites à risque (dont par exemple actes violents, rapports sexuels non protégés, conduite dangereuse...).
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