Le terme infanticide appartient au vocabulaire juridique et désigne à la fois le meurtre d'un enfant, particulièrement d'un nouveau-né, et l'auteur d'un tel acte.
Par extension, on parle également d'infanticide en zoologie pour désigner la même pratique dans le règne animal.
Le βρεφοκτονία désignait le meurtre d'un enfant en bas âge commis soit par un de ses parents soit par une personne responsable de l'enfant. L'infanticide était considéré comme un homicide. Souillé par son acte, le criminel devenait un excommunié (προστρόπαιος ou αλάστωρ) forcé d'aller se purifier à l'étranger. La loi condamnait alors son auteur à l'exil et lui interdisait d'assister aux funérailles de sa victime.
L'infanticide était pratiqué à Sparte sur les jeunes garçons qui semblaient incapables de défendre la cité.
Le droit romain ne disposait pas de terme technique propre pour désigner l'infanticide. Infanticidium et infanticidia, qui sont les racines étymologiques du mot en français, sont des termes qui viennent du bas latin. À Rome, on ne conservait en général que la fille aînée. La mention de deux filles dans une famille romaine est tout à fait exceptionnelle. « Tous les juristes ont relevé ce qu’on appelle la disparition forcée des cadettes ». Chez les garçons, il fallait qu’il soit jugé chétif ou victime d’une malformation. Ce n’est qu’à la fin du IVe siècle que le droit de vie et mort sur ses enfants est retiré au pater familias.
En ce qui concerne la vie du nouveau-né, le monde grec et romain, comme le rapporte R. Étienne, n’en ont jamais fait grand cas. « La médecine antique semble avoir fait peu de cas de la vie du nouveau-né. Hippocrate pose comme naturelle la question de savoir « quels enfants il convient d'élever ». Soranos, sans s'émouvoir, définit la puériculture comme l'art de décider « quels sont les nouveau-nés qui méritent qu'on les élève ». Cette impitoyable sélection ne caractérise pas seulement une attitude scientifique, mais également celle d'une société tout entière. En effet, Cicéron, que l'on ne peut accuser d'inhumanité, pensait que la mort d'un enfant se supporte aequo animo (d'une âme égale). Sénèque jugeait raisonnable la noyade des enfants débiles et faibles. Tacite qualifie d'excentrique la coutume des Juifs à ne vouloir supprimer aucun nourrisson ; et quand Justin évoque le respect des chrétiens pour la vie de l'enfant il précise : « fût-il nouveau-né ». »
Après avoir été fréquent durant des siècles en Inde et en Chine, l'infanticide des filles reste pratiqué aujourd'hui, mais de manière marginale, dans ces deux pays. La naissance d’une fille est en effet considérée comme une honte, et en Inde, de plus, comme un désastre financier, puisque ses parents doivent, pour la marier, payer une forte dot. Depuis les années 1980, les parents sélectionnent donc les naissances par l’échographie et l’avortement, afin de donner le jour à des garçons. Mais l’infanticide postnatal n’a pas totalement disparu : aujourd’hui, dans les campagnes de l'Inde, on trouve encore des bébés filles empoisonnées ou étouffées. En outre, les négligences volontaires dont elles sont l’objet (manque de soins et de nourriture) expliquent que les fillettes ont une mortalité infantile bien supérieure à celle des garçons.
Dans plusieurs tribus amazoniennes telles que les Suruuarras ou les Yanomamis, l'infanticide des individus très faibles ou mal formés évite à la communauté de porter le poids de membres qui seront très peu utiles à la vie du groupe. Chez les Suruuarras, l'exécution doit être effectué par les parents. Aujourd'hui certains anthropologues défendent cette pratique au nom de la culture indienne. Mais plusieurs députés du gouvernement brésilien ainsi que des membres d'organisations représentant des ethnies indiennes veulent voir interdire cette pratique.