Figure de la Terre dans l'Antiquité - Définition

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Introduction

La géodésie et sa sœur jumelle, l'astronomie, ont subi au cours de l'Histoire l'influence des conceptions philosophico-religieuses prévalant à chaque époque. D'autres sciences, surtout les mathématiques et la physique, ont contribué à leur développement. En échange, astronomie et géodésie ont elles-mêmes grandement fait avancer le savoir rationnel et les conceptions philosophiques.

Plus encore que l'astronomie, il convient de considérer la géodésie comme mère de toutes les sciences, car c'est grâce à elle que les premiers concepts géométriques abstraits sont apparus. Parmi les différents problèmes traités en géodésie, les dimensions et la forme de la Terre, autrement dit la « figure de la Terre », constituent un thème central. En particulier, les travaux sur la figure de la Terre — surtout depuis la deuxième moitié du XVIIe siècle — ont fourni un grand nombre de résultats importants pour tous les domaines des sciences « exactes ».

Le modèle de Terre plate

Depuis que l'Homme est devenu une créature pensante, il a été confronté à des problèmes concernant la géométrie de son environnement, donc à des questions de géodésie au sens large. Et il a essayé d'y apporter des réponses. Suivant en cela la perception immédiate de ses sens, il s'est forgé, tout d'abord de manière concrète, puis de manière abstraite, une géométrie d'un espace physique plat à trois dimensions. Cette dernière est devenue notre géométrie euclidienne. Les anciens Égyptiens, Sumériens, Chinois, Harappéens, puis Hittites, Assyriens, Phéniciens et Grecs, pour ne nommer que les peuples de l'Ancien Monde ayant influencé le plus notre conception de la Terre et du Cosmos, ont consigné cet héritage multimillénaire dans les premiers documents écrits. De cette façon, ils ont ouvert la période historique. En outre, ils ont ajouté le fruit de leurs propres expériences et spéculations à la Science naissante.

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Les premières représentations cosmographiques

Esquisse explicative de la plus ancienne carte géographique connue (époque sumérienne, env. 2500 Av. J.-C.)

Ainsi, la forme et la configuration de la Terre, au-delà des conceptions mythiques héritées des traditions préhistoriques, furent étudiées dès les époques historiques les plus anciennes. Cela est attesté par des cartes gravées sur des tablettes en argile trouvées lors de fouilles en Mésopotamie. La plus ancienne carte géographique connue figure sur une tablette d'argile sumérienne provenant des fouilles de Ga-Sur à Nuzi (Irak). Elle date de 2500 avant notre ère et se trouve au Musée Sémitique de l'Université de Harvard à Cambridge (États-Unis d'Amérique).

Une autre carte géographique, dite «mappemonde babylonienne» se trouve sur une tablette conservée au British Museum à Londres. Elle résume les connaissances géographiques des anciens peuples de la Mésopotamie et comprend les éléments suivants : le fleuve Euphrate descend d'une région située au Nord, schématisée par un demi-cercle. Sur les rives de ce fleuve s'élevait Babylone.

D'autres cercles périphériques correspondent aux divers pays limitrophes de la Mésopotamie. L'ensemble est entouré par le fleuve Océan, au-delà duquel se dressent sept îles, associées à autant de régions inconnues disposées selon la rose des vents. Nous pouvons également voir des montagnes sur les deux côtés qui symbolisent une "sorte de barrière".

La vision de l'Égypte antique et l'apport décisif des Grecs

Reconstitution de la carte d'Anaximandre

Les arpenteurs de l'Égypte ancienne, obligés de recommencer leur travail cadastral après chaque crue annuelle du Nil, avaient acquis des connaissances empiriques assez vastes en géométrie pour pouvoir résoudre les problèmes topométriques se posant à eux. En outre, divers historiens pensent que les prêtres égyptiens concevaient la Terre comme sphérique, idée à laquelle les philosophes grecs n'allaient aboutir que de nombreux siècles plus tard.

Toutefois, les premières idées géodésiques suffisamment documentées sont celles de Thalès de Milet, qui vivait au VIe siècle avant notre ère et que l'on considère comme le fondateur de la trigonométrie. On lui attribue généralement l'idée d'une Terre en forme de disque flottant sur un océan infini. Néanmoins, divers commentateurs pensent qu'il considérait la Terre comme une sphère. En fait, l'idée d'un disque terrestre entouré du fleuve Océan se retrouve déjà dans les chants épiques d'Homère bien antérieurs à Thalès, puisqu'ils datent approximativement de 800 av. J.-C.

Anaximandre, un contemporain de Thalès, défendait une idée un peu différente. Selon lui, la Terre était cylindrique, l'axe du cylindre étant orienté dans la direction est-ouest. (D'autres sources, cependant, signalent qu'il regardait la Terre comme sphérique.) En outre, il introduisit la notion de sphère céleste, idée féconde s'il en est, puisqu'elle constitue toujours maintenant une idéalisation fort utile en astronomie. Il serait peut-être aussi à l'origine de la première carte géographique du monde grec.

Reconstitution de la carte d'Hécatée de Milet

Anaximène, un disciple d'Anaximandre, natif lui aussi de Milet, modifia quelque peu la vision de Thalès en soutenant que la Terre était un disque très aplati baignant dans un océan fini, le tout étant maintenu dans l'espace sur un coussin d'air. Il considérait le Soleil comme un disque plat soutenu dans l'air. Telle fut aussi l'opinion d'Anaxagore de Clazomènes (vers 500-428 av. J.-C.), pour qui la Lune était un corps opaque avec des montagnes et des plaines, éclairé par le Soleil envisagé comme un disque de feu.

La première mappemonde dont il est fait mention dans les écrits parvenus jusqu'à nous fut compilée vers la fin du VIe siècle Av. J.-C. par Hécatée de Milet. Elle révèle surtout les lacunes dans les connaissances géographiques de l'époque, ainsi que les préjugés chauvinistes des Grecs qui se positionnaient eux-mêmes au centre du monde. Elle ne tient aucun compte des données géographiques plus précises rapportées par le Phénicien Hannon (né à Carthage vers 530 av. J.-C.) d'un voyage au cours duquel il est réputé avoir navigué tout autour de l'Afrique. Les renseignements donnés par Hannon tombèrent dans l'oubli pendant plus de deux mille ans. Tel fut d'ailleurs aussi le sort de nombreuses autres observations fournies par des navigateurs qui succédaient à Hannon.

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