Voguéo - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

Voguéo
Vogueo III - 03.jpg

Logo Signalétique simplifiée Logo et signalétique simplifiée de Voguéo

Date d’ouverture 28 juin 2008
Dernière extension -
Exploitant Compagnie des Batobus
Conduite Conducteur
Matériel utilisé Catamarans Yacht Concept
Points d’arrêt 5
Longueur 4,63 km
Distance moyenne entre points d’arrêt 1543 m
Communes desservies 3
Fréquentation
-

Voguéo est un service public de transport en commun par navette fluviale assuré sur la Seine et la Marne.

Défini par le syndicat des transports d'Île-de-France (STIF) en 2007, le service a été inauguré le 28 juin 2008 entre la gare d’Austerlitz à Paris et l'école vétérinaire de Maisons-Alfort, avec un temps de parcours moyen de trente-cinq minutes, réduit à vingt-huit minutes l'année suivante.

Contrairement aux services touristiques fluviaux à Paris, cette nouvelle ligne se différencie par ses horaires adaptés aux migrations domicile-travail et son financement par le STIF, ce qui permet son intégration à la tarification à forfait existant en Île-de-France ; pour les voyageurs occasionnels, un ticket spécifique est vendu à bord des bateaux (le ticket t+ n'étant pas accepté pour le trajet). La ligne fait renaître en partie les services fluviaux de transport de passagers qui se sont succédé sur la Seine, jusqu'à leur disparition en 1934 face à la concurrence du réseau ferré. Le service est assuré par la Compagnie des Batobus sur des catamarans dédiés.

Histoire

Chronologie

  • 1837 : apparition des bateaux à vapeur, exploités par la Compagnie des Bateaux à Vapeur de Paris à Saint-Cloud ;
  • 1866 : réorganisation du service fluvial de passagers et création de la Compagnie des Bateaux-Omnibus ;
  • 1917 : suppression des lignes fluviales, désertées par les voyageurs ;
  • 4 août 1921 : création d'une ligne exploitée par la STCRP ;
  • 5 mai 1934 : suppression du service fluvial sur la Seine ;
  • 11 juillet 2007 : le STIF lance l'expérimentation d'une navette fluviale sur la partie est du bief de la Seine ;
  • octobre 2007 : l'exploitation du service est confiée à la Compagnie des Batobus pour deux ans et demi, quatre catamarans sont commandés à Fountaine Pajot ;
  • fin novembre 2007 : le nom et le logo de Voguéo sont dévoilés ;
  • 11 avril 2008 : le premier bateau est livré sur la Seine ;
  • 28 juin 2008 : ouverture de la ligne avec cinq arrêts ;
  • 1er juin 2009 : augmentation des fréquences de desserte ;
  • 1er janvier 2011 : fin de l'expérimentation ; arrêt du service ou mise en place d'un service étendu selon le résultat obtenu.

Les navettes fluviales à Paris

Les bateaux à aubes sur la Seine, mus par la vapeur, près du pont Louis-Philippe, vers 1840.

Des navettes fluviales sur la Seine ont été exploitées pendant longtemps, mais sont rapidement tombées en désuétude au début du XXe siècle avec le développement des transports ferroviaires, qu'ils soient internes à la ville de Paris comme le Métro, ou à l'échelle de l'agglomération comme les lignes de chemin de fer, telle que la ligne de Vincennes. Jusqu'en 1828 avec la création des omnibus hippomobiles, le trafic fluvial de passagers constitue l'unique mode de transport en commun en Île-de-France.

Jusqu'au XIXe siècle, les coches d'eau et galiotes assurent un intense trafic de voyageurs sur le fleuve. Jusqu'aux travaux de canalisation du lit du fleuve et la création d'écluses en aval jusqu'à Rouen sous le règne de Louis-Philippe, l'essentiel du trafic s'effectue de Paris vers l'amont. À la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, les bateaux relient la capitale à Montereau et Sens. D'autres assurent le transport de voyageurs du pont Royal à Paris aux villages de Passy, Auteuil, Meudon, Sèvres et Saint-Cloud, en aval, et sont particulièrement fréquentés le dimanche et jours de fête depuis l'ouverture au public du parc de Saint-Cloud par la reine Marie-Antoinette, et la création d'une fête foraine en septembre. Une ordonnance du 23 mars 1735 fixe les tarifs applicables aux voyages par voie fluviale : ils sont de deux sols pour Chaillot et Passy, quatre sols pour Sèvres et Saint-Cloud, et à deux sols par lieue supplémentaire. Il faut alors deux heures de navigation pour relier Paris à Saint-Cloud.

À partir de 1837, les coches d'eau sont progressivement remplacés par des bateaux à vapeur en correspondance gratuite avec de nombreuses lignes d'omnibus, dont la flotte est exploitée par la Compagnie des Bateaux à Vapeur de Paris à Saint-Cloud. Sous le Second Empire, la navigation fluviale est réorganisée, et renforcée à l'occasion de l'Exposition universelle de 1867, qui se déroule au Champ-de-Mars. En 1866 est créée la Compagnie des Bateaux-Omnibus. Elle assure le transport fluvial de Charenton à Suresnes avec une flotte de bateaux à hélice, similaires à ceux exploités depuis 1864 sur la Saône à Lyon et assemblés dans le quartier lyonnais de la Mouche, d'où leur surnom de « Bateau-Mouche ». Le transport a un caractère de véritable service public, le Préfet de police détermine le nombre de bateaux, les horaires et les tarifs.

Une vedette de la Compagnies des Bateaux Parisiens, avant sa disparition en 1917.

Plusieurs compagnies sont créées à sa suite : la Compagnie des Hirondelles Parisiennes en 1876 exploite dix-huit pontons dont douze à Paris. En réponse, la Compagnie des Bateaux-Omnibus diminue ses tarifs et augmente le nombre de bateaux en service. Mais la concurrence acharnée se révèle désastreuse, et dès 1878, les deux compagnies sont gérées par une direction commune. Un troisième concurrent apparaît en 1885, la Compagnie des Bateaux Express, qui exploite des bateaux rapides aux tarifs plus bas sur la Marne entre Lagny-sur-Marne et Charenton, et une autre ligne de Charenton à Suresnes. En 1886, les diverses compagnies de bateau fusionnent sous le nom de Compagnie générale des bateaux parisiens.

Celle-ci exploite trois lignes : Tuileries-Suresnes, Charenton-Auteuil et Austerlitz-Auteuil. Une quatrième ouvre en 1895 entre le Louvre et Ablon. La ligne Charenton-Auteuil est la plus fréquentée, pour un tarif unique de vingt centimes, majoré les dimanches et fêtes. Le trafic est intense, avec vingt-cinq millions de voyageurs annuels, soit soixante-dix-mille par jour en moyenne de 1886 à 1900, sur un parcours total de trente-neuf kilomètres de Charenton-le-Pont à Suresnes comptant quarante-sept escales. Le transport est assuré par une flotte de cent-sept bateaux. Le trafic fluvial connaît son apogée lors de l'Exposition universelle de 1900 avec quarante-deux millions de passagers ; mais le service amorce un rapide déclin avec la multiplication à partir de 1900 des lignes de tramway électrique, puis l'ouverture progressive du métropolitain qui lui est fatal. En 1913, on compte encore treize millions de voyageurs annuels, mais le trafic s'effondre durant la Première Guerre mondiale, et les lignes sont toutes supprimées en 1917, désertées par les voyageurs.

L'embarcadère des Bateaux Parisiens de Charenton. On y voit de nombreux bateaux de la compagnie amarrés à quai.

La STCRP, ancêtre de la RATP, obtient en 1921 la concession des navettes fluviales parisiennes, qui avaient été exploitées jusqu'en 1917 par la Compagnie générale des bateaux parisiens. Une ligne est ouverte entre Maisons-Alfort et Le Louvre le 4 août 1921, puis jusqu'à Auteuil, mais le trafic attendu par le Conseil général de la Seine à environ sept millions de passagers annuels atteint en réalité à peine les deux millions. Des modifications de tarification et de sectionnement sont opérées, afin de la rendre plus attractive, ce qui porte un temps ses fruits : en 1923, le trafic atteint près de cinq millions de voyageurs. Mais le nombre de passagers continue ensuite de décroître très rapidement sous la concurrence des lignes ferrées bien plus rapides, il est décidé en conséquence en 1926 de suspendre le service durant l'hiver, du 1er novembre au 1er mars. En 1933, le trafic n'atteint pas 1,3 millions de passagers.

Les liaisons fluviales sont finalement toutes supprimées le 5 mai 1934 sur décision du Conseil général, faute de voyageurs. La Seine à Paris ne connaît plus alors qu'un trafic de marchandises ou plus marginalement de plaisance, et il faut attendre les années 1950 pour voir réapparaître un premier service touristique privé ouvert aux voyageurs, avec d'anciennes unités restaurées et adaptées.

Plan du service de bateaux entre Suresnes et Maisons-Alfort vers 1900. Voguéo fait renaître en partie ce service fluvial disparu en 1917, entre Maisons-Alfort et Austerlitz.

Naissance du projet

L'unique desserte parisienne jusqu'en 2008 est constituée par les diverses compagnies de Bateaux-Mouches, qui assurent en réalité un service touristique et non un service public de voyageurs. En l'absence de conventions avec le Syndicat des Transports, le service est payant mais sans lien avec le prix des abonnements mis en œuvre à grande échelle dans la région, dont le plus connu est la carte Orange.

Seul Batobus représente le service public, mais reste inaccessible avec les billets et abonnements habituels. Il ne trouve pas sa place auprès des usagers réguliers et assure, comme les autres, un trafic essentiellement touristique. Les prix restent abordables pour les habitués : le service Batobus propose un forfait annuel à cinquante-cinq euros, mais le prix du ticket journalier est fixé à douze euros. Par ailleurs, l'amplitude horaire exclut les usages de transport domicile-travail : le matin, le premier bateau passe à 10 h en période touristique, et, en période hivernale, le dernier bateau quitte le quai à 16 h.

En revanche, un service régulier est organisé depuis juillet 2007 sur les canaux parisiens, canal Saint-Martin et canal Saint-Denis, pour transporter les personnels travaillant dans le parc du Millénaire (à la limite du 19e arrondissement et d'Aubervilliers) ou aux entrepôts et magasins généraux de Paris (EMGP) à Aubervilliers, entre la station de métro Corentin Cariou et la darse des magasins généraux. Cette desserte est organisée par Icade, propriétaire des deux parcs d'activité, au moyen de deux bateaux de 14,5 m de long construits par Alternatives Énergies exploités pour un groupement constitués par Vedettes de Paris, Transdev et Paris Canal. La fréquentation, supérieure aux estimations, atteint 400 personnes par jour.

L'Arletty devant le MK2 Quai de Loire / Quai de Seine.

De même, le complexe de cinémas MK2 Quai de Loire / Quai de Seine utilise une petite embarcation pour permettre à ses clients de traverser le bassin de la Villette pour se rendre dans ses salles réparties d'un côté et de l'autre du canal.

Un usage public imposerait une refonte entière des Bateaux-Mouches, voire de créer un nouveau système. Mais plébiscitée lors du sondage sur les déplacements à Paris en 2006, l'idée de recréer une navette fluviale a fait son chemin.

En l'an 2000, Londres a mis en service plusieurs lignes fluviales qui ont rencontré un grand succès, grâce à leur rapidité et leurs horaires très larges, malgré une tarification spécifique non accessible aux abonnements habituels. En France, Nantes a lancé en 2003 le service Navibus, avec un bateau racheté d’occasion, qui lui aussi a rencontré un succès certain. Il semblait donc possible qu'un service analogue trouve sa clientèle à Paris.

L'escale d'Austerlitz se situe provisoirement sous le pont Charles-de-Gaulle, jusqu'à fin 2008.

La délibération du STIF du 11 juillet 2007 retient ainsi officiellement l'expérimentation d'un nouveau système de navette fluviale sur la partie Est du bief de la Seine, offre accessible avec les titres de transport franciliens et conçue pour s'intégrer dans le système de transport francilien. En octobre, l'exploitation du service est confiée à la Compagnie des Batobus pour deux ans et demi, et quatre catamarans sont commandés au constructeur Fountaine Pajot. Le nom officiel de Voguéo est retenu lors du conseil du 22 novembre 2007.

Dès fin décembre, le moule de coque des navires est prêt. La production des quatre catamarans commence en janvier, tandis que la base logistique, atelier d'entretien des bateaux, est mise en chantier à Charenton-le-Pont. En mars, le STIF valide le design des bateaux, étudié à partir de janvier avec Franck Darnet Design. Le 7 avril, la base logistique est en place, et le premier bateau est livré quatre jours plus tard. Il démarre ses essais sur la Seine dans la foulée. En mai et juin, les pontons et la signalétique sont mis en place, avant une marche à blanc d'une semaine fin juin avant l'inauguration.

Le samedi 28 juin 2008, la navette est mise en service et comporte cinq escales entre la gare d'Austerlitz et École Vétérinaire de Maisons-Alfort. L'inauguration de la ligne rencontre un franc succès auprès du public, avec de longues files d'attente aux arrêts avant le départ du premier bateau à 16 h 00. Du samedi 16 h 00 au dimanche 20 h 00, Voguéo transporte 1 923 passagers, soit en moyenne 30 passagers par navette. Une enquête est prévue chaque mois auprès des voyageurs, elle permet d'analyser les attentes sur les motifs de déplacement, les critères du choix en faveur de Voguéo (temps de trajet, agrément du voyage, prix), la satisfaction des clients (confort, propreté, ponctualité) et les propositions d'amélioration. Le STIF a pour objectif à terme, d'assurer 800 déplacements par heure par voie fluviale, à l'heure de pointe du matin.

Cette expérimentation, d'une durée de deux ans et sept mois jusqu'au 31 décembre 2010, permet d'évaluer entre autres la clientèle, l'offre et la régularité, en préfiguration d’un service de transport fluvial plus complet et ambitieux qui pourrait voir le jour début 2011.

Premier bilan

Durant les soixante-quinze premiers jours d'exploitation, Voguéo a transporté 76 000 voyageurs, soit environ mille par jour, qui ont été globalement satisfaits des conditions de déplacement et des équipages, mais seulement à 64 % de la ponctualité des bateaux.

Un rapport portant sur les sept premiers mois d'exploitation, de juillet 2008 à janvier 2009, mentionne que le service est essentiellement employé pour les déplacements d'agrément et non pour des déplacements du type domicile-travail. La tranche horaire la plus fréquentée est comprise entre 14 h et 19 h, notamment le week-end, et seuls 40 % des usagers achètent un ticket à l'unité vendu à bord, les autres possédant des abonnements franciliens. Entre juin et novembre, le taux de charge en semaine passe de 15 à 3 % tandis que pendant le week-end ce même taux de charge passe de 33 % à 10 %. Après onze mois d'expérimentation, le service a transporté 150 000 voyageurs.

Après environ un an d'exploitation, Voguéo fait l'objet d'un taux particulièrement élevé de satisfaction de la part des utilisateurs, atteignant 95 %. La qualité de service a d'ailleurs permis à ce mode de transport d'être certifié par AFNOR Certification. Toutefois, la fréquentation demeure très modeste et surtout particulièrement dépendante des conditions climatiques : le mauvais temps amène une diminution conséquente du nombre d'usagers, phénomène davantage accentué en hiver.

Début mai 2010, Voguéo a attiré 290 000 voyageurs depuis son inauguration selon le STIF. Depuis l'augmentation des fréquences et l'accès rendu possible avec tous les forfaits zones 1-2 en mai 2009, la fréquentation connaît une augmentation régulière : sur les trois premiers mois de l'année 2010, elle a progressé de 43 % par rapport à la même période de 2009.

Page générée en 0.241 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise