Le virus de la rage est un lassyvirus infectant les vertébrés, surtout les mammifères autres que l’homme, ce dernier étant un hôte accidentel de ce virus. La rage causée par ce virus neurotrope est une encéphalomyélite qui entraine toujours la mort du porteur dès lors que des signes et des symptômes de la maladie sont apparus. La transmission du virus de la rage se fait principalement par effraction de la barrière cutanée qui, le plus souvent, se fait par morsure. Il peut également être transmis par griffure ou par léchage de plaies ou de muqueuses ainsi que par aérosols. Cette zoonose cause chaque année la mort de plus de 50 000 personnes à travers le monde et en grande majorité, 95% en Afrique et en Asie.
Le virus de la rage fait parti de la famille des Rhabdoviridae qui ont pour caractéristiques de posséder comme génome un ARN monocaténaire non segmenté et de sens négatif. Il ne possède ni coiffe ni queue polyA. Ce microorganisme fait entre 130 et 300 nanomètre de long pour un diamètre de 60 à 80nm. Son génome quant à lui fait environ 12 kilobases. Il est composé de 5 gènes, séparés les uns des autres par de courtes séquences non codantes et terminées par un signal de polyadénylaton, codants pour :
Le génome est également composé d’un site promoteur où se fixe la transcriptase ainsi que d’une séquence signale d’encapsidation. L’enveloppe virale est composée d’une bicouche lipidique d’origine cellulaire et dans laquelle sont insérées des spicules (trimères de la glycoprotéine G) qui permettent aux virions de se fixer aux récepteurs cellulaires. Les spicules ont un effet antigénique car ils induisent la production d’anticorps anti-G qui empêchent les virions de se fixer à leurs récepteurs. Ces anticorps possèdent par ailleurs des épitopes induisant une réponse immune cellulaire T. Le fait de posséder une enveloppe rend ce virus fragile, il ne résiste pas des températures supérieures à 50 degré Celsius, les UV, la lumière, les solutions savonneuses, les solvants des lipides (éther, chloroforme) mais il peut résister à la putréfaction. Les protéines N et P sont également des antigènes qui stimulent respectivement la synthèse de lymphocytes T helpers et de lymphocytes T cytotoxiques.
La cible du virus de la rage est le cerveau et plus particulièrement le système limbique. La particularité de se virus est qu’il ne détruit pas les cellules dans lesquelles il se multiplie.
Le récepteur du virus de la rage n’est pas encore complètement identifié. Cependant de nombreuses expériences ont permis de découvrir plusieurs molécules intervenant dans le processus de fixation telles que des gangliosides, des phospholipides, des sucres et également des glycoprotéines. Les récepteurs nicotiniques, les récepteurs NCAM (neural cell adhesion molecule) et le récepteur de basse affinité du NGF (nerve growth factor) joueraient un rôle important dans l’infection des neurones et des cellules musculaires. La protéine G permet aux virus de se fixer aux récepteurs cellulaires. La nature des récepteurs ainsi que leur densité au niveau de la surface cellulaire jouent un rôle important dans le tropisme du virus de la rage.
Afin de pénétrer dans une cellule cible, le virus de la rage va être endocyté après s’être fixé à un récepteur cellulaire. Le pH acide de l’endosome dans lequel il a été internalisé va entrainer un changement de conformation de la protéine G qui possède désormais des propriétés fusogéniques. S’ensuit alors la fusion des membranes virale et endosomiale et libération de la nucléocapside dans le cytoplasme. Il existe également une autre façon pour le virus de libérer son contenu dans le cytoplasme cellulaire qui est par fusion de sa membrane avec la membrane cytoplasmique.
C’est la phase de synthèse virale. Lorsque la nucléocapside se retrouve dans le cytoplasme, le complexe polymérase est libéré, La protéine P va se placer au niveau du promoteur unique se trouvant au début du génome et va faciliter le positionnement de la protéine L. Cette protéine possède quatre sites enzymatiques :
Il est à noter que c’est la concentration en protéine N qui détermine l’activité du complexe polymérase. À faible concentration, la protéine L par son activité de transcriptase va synthétiser premièrement les cinq ARN messagers en reconnaissant un signal « on » au début de chaque gène. Il y a également un signal « off », courte séquence séparant les gènes, qui comprend une courte séquence poly U qui correspond à la séquence de polyadénylation. Tout au long de la transcription, le génome reste encapsidé car les protéines N se détachent au passage de la transcriptase pour ensuite se recoller. La traduction des protéines virales se fait au niveau des ribosomes cellulaires. La concentration de protéines N est plus importante que celle des autres protéines car le complexe polymérase à tendance à se détacher lors de la transcription et doit donc se fixer de nouveau au niveau du promoteur unique au début du génome. Lorsque la concentration en protéine N est élevée, c’est l’activité réplicase de la protéine qui est activée. Ceci est du au fait que les protéines N vont recouvrir le génome et masquer les interrupteurs à la protéine L et donc il y a production de brin positif du génome entier : c’est l’antigénome (ARN +). Ils sont recouverts par la protéine N et servent de matrice pour la production de noubeau génomes viraux (ARN -). Il y aura par la suite une transcription secondaire des nucléocapsides néoformées afin de produire des protéines G qui seront synthétisées dans réticulum endoplasmique et glycosylées dans le Golgi.
La protéine G est envoyée vers la membrane cytoplasmique grâce au transport vésiculaire. Quant à elle la protéine M se dépose sur la face interne de la membrane cytoplasmique où elle va interagir avec :
La dernière étape est le bourgeonnement des particules virales soit à travers la membrane plasmique soit par à travers les membranes du réticulum endoplasmique ou du Golgi.