Villard-de-Lans (race bovine) - Définition

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Introduction

Villard de Lans icône vache
Villarde de Lans .JPG

Espèce Vache (Bos taurus)
Région d’origine
Région Vercors en France
Caractéristiques
Taille Grande
Robe Unie froment
Autre
Diffusion Locale, race préservée
Utilisation Mixte

La villard-de-lans, ou villarde, est une race bovine française originaire des alentours de la ville éponyme, dans le massif du Vercors. Cette vache à la robe froment unie a longtemps été utilisée pour les travaux agricoles, le lait et la viande, avant que la Seconde Guerre mondiale et la spécialisation des races bovines entraînent son déclin. La sauvegarde de la race est entreprise à partir de la fin des années 1970, et, aujourd'hui, les effectifs augmentent à nouveau lentement. Elle est principalement utilisée pour sa production laitière et fait partie des races autorisées pour la production du fromage AOC Bleu du Vercors-Sassenage.

Histoire de la race

Origines

Villard-de-Lans et ses alentours, berceau de la race éponyme.

L'origine de la villard-de-lans est sujette à polémique. Certains la rapprochent de la race mézine aujourd'hui disparue et, ainsi, des races du Massif central. Elle serait alors la dernière représentante de la branche des blondes du sud-est, une branche apparentée à la branche blonde du rameau blond et rouge largement représentée dans le sud de l'Europe. Toutefois, seule sa couleur se rapproche réellement de celle de la race du Mézenc, qui a une morphologie très différente. C'est pourquoi la villard-de-lans est plus souvent rapprochée des animaux du rameau jurassique. Certains auteurs précisent même qu'elle serait issue de croisements entre des bovins du rameau jurassique et des bovins des Alpes. On s'accorde toutefois pour dire que la création de la race est liée au relatif isolement des animaux dans le Nord du Vercors, un massif des Alpes, dont elle porte le nom de la principale ville. C'est là que la population s'est lentement homogénéisée pour former une race à part entière.

Au XIXe siècle, l'élevage bovin est bien présent dans le Vercors, plus particulièrement au nord du massif, dans le canton de Villard-de-Lans. On y compte 260 bœufs et 576 vaches en 1748, tandis que dans le sud du massif on rencontre surtout des bœufs importés du Vivarais et très peu de vaches. La forte proportion de vaches est liée à l'importance de la production laitière dans le canton, nettement moins enclavé que le sud du massif et donc plus approprié à cette production. C'est pourquoi elle s'y est développée fortement dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ainsi, le nombre de vaches sur les communes de Villard-de-Lans, Lans-en-Vercors et Méaudre passe de 402 à 1 603 entre 1748 et 1809.

La race est mentionnée pour la première fois en 1832, quand un vétérinaire de Grenoble observe plusieurs bovins aux caractéristiques semblables regroupés notamment sur le canton de Villard-de-Lans. Une demande pour que la race soit officiellement reconnue est effectuée en 1862. Elle reçoit une réponse positive en 1863 à la suite de la consultation d'experts de l'école nationale vétérinaire de Lyon, qui n'aboutit toutefois à la reconnaissance officielle qu'en 1864.

Développement à partir de la seconde moitié du XIXe siècle

La création de la race villard-de-lans correspond au développement de la ville de Grenoble. La population toujours plus nombreuse de la ville consomme la viande et les produits laitiers issus des cantons ruraux avoisinant comme celui de Villard-de-Lans. C'est pourquoi la production bovine prend un essor important sur ce canton, supplantant les ovins et les caprins qui ont la réputation d'être à l'origine de l'érosion et de la disparition des forêts. Des fruitières sont créées pour en transformer la production laitière.

À partir de 1864, la villard-de-lans est omniprésente dans les concours. Cette année-là, 153 villard-de-lans sont présentées pour la première fois au concours régional de Grenoble parmi 420 animaux présentés. Leur proportion s'accroît progressivement au cours du temps. La race se voit ouvrir les portes du concours national de Paris en 1895, et une section spéciale y est ouverte en 1912. Un concours spécial de la race se tient également à Grenoble entre 1894 et 1914. Ainsi, la race se développe fortement à cette époque jusqu'à atteindre 15 000 têtes à son apogée en 1943, dont près de 7 000 animaux sur le canton de Villard-de-Lans.

Le déclin

La race entame un rapide déclin à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, et ce pour plusieurs raisons. Elle a tout d'abord été victime de la répression allemande face aux maquisards du Vercors durant l'été 1944. Les Allemands dévastèrent alors le plateau, volant une bonne partie des ressources dont le bétail. Ainsi, on considère qu'environ 2 700 animaux, soit près du quart du cheptel de la région comprenant le canton de Villard-de-Lans et le Vercors drômois, ont disparu à ce moment. Ces animaux ont été soit abattus pour alimenter les troupes d'occupation, soit exportés en Allemagne pour être élevés en race pure ou en croisement avec des races locales. Aux pertes directement liées aux rapts allemands, il faut ajouter la diminution des cheptels à laquelle les agriculteurs ont été contraints par la destruction de leurs stocks et de leurs récoltes. À la sortie de la guerre, le gouvernement tente de compenser les pertes par l'introduction de nouveaux animaux, notamment des simmentals, mais qui sont peu appréciés par les éleveurs locaux et donc rejetés.

L'intégration de la villard-de-lans à la race blonde d'Aquitaine a été imaginée pour sauver la race, mais s'est traduit par des croisements d'absorption et l'ultime étape de la chute des effectifs.

Si elles marquent le début du déclin de la race, les pertes liées à la Seconde Guerre mondiale ne sont pas les seules responsables de la chute des effectifs. La mécanisation agricole joue elle aussi un grand rôle dans cette décadence. L'arrivée des chevaux entre la fin de la guerre et les années 1950 a tout d'abord retiré à la villarde sa fonction d'animal de trait, mais sans qu'elle soit menacée. Mais l'arrivée des tracteurs dans les années 1960 pose un nouveau problème. En effet, pour en justifier l'achat, les exploitations doivent améliorer leur productivité. On observe alors un agrandissement des exploitations qui se spécialisent dans la production laitière et opte souvent pour la race montbéliarde, plus productive que la villard-de-lans.

Enfin, le déclin de cette race pourtant bien adaptée à la production de viande comme de lait est lié à la spécialisation des races bovines des années 1960. La villard-de-lans, qui n'a pas encore de herd-book et qui ne s'est pas spécialisée ni pour la production de viande ni pour la production de lait, n'intéresse plus l'administration de l'époque, qui préfère concentrer ses efforts sur quelques races spécialisées et productives. La race ne dispose alors plus d'aides et ses taureaux ne sont plus agréés pour l'insémination artificielle, ce qui entraîne son déclin rapide. Malgré la résistance de quelques éleveurs passionnés, la région voit progressivement arriver des animaux montbéliards très productifs qui scellent le destin de la race locale. Ainsi, en 1968 on ne compte plus que 1 000 vaches villard-de-lans.

Afin de préserver la race, un groupe d'éleveurs imagine en 1967 d'intégrer la villard-de-lans au herd-book blonde d'Aquitaine. Cette race est en effet assez proche de la villarde en termes de phénotype et est déjà issue du regroupement de diverses races du sud-ouest de la France : la blonde du Quercy, la garonnaise et la blonde des Pyrénées. La villard-de-lans aurait alors apporté ces performances laitières à cette race bouchère spécialisée. Toutefois, la première campagne de croisement laisse penser à une intégration progressive de la villarde dans la blonde d'Aquitaine plutôt qu'une participation à la création de la race. Ils marquent une étape supplémentaire dans le déclin de la race et sont finalement arrêtés.

Une race aujourd'hui préservée

La loi sur l'élevage de 1966 mentionne pour la première fois l'intérêt de la protection et la sauvegarde des races animales locales. Dans ce contexte plus favorable, les pouvoirs publics s'intéressent de nouveau à la race en 1976, alors que sa situation est critique et qu'elle ne compte plus qu'une cinquantaine d'animaux. L’Institut technique de l'élevage bovin (I.T.E.B), devenu depuis l'Institut de l'élevage, recense les animaux villard-de-lans en avril de cette même année avant qu'un programme de conservation ne soit mis en place pour tenter de sauver la race.

Le livre généalogique a été créé en 1978. Malgré la mise en place du programme de sauvegarde, les effectifs stagnent dans les années 1980 et ne représentent que de 136 vaches-mères en 1990. Il s'agit en fait d'une période de transition au cours de laquelle le troupeau se rajeunit et quelques éleveurs âgés cessent leur activité. À partir des années 1990 les efforts réalisés commencent à porter leurs fruits et on compte 286 vaches en 2000, puis 358 en 2006. Un noyau de quelques éleveurs l’a préservée et sa relance est envisagée à travers l’AOC fromagère Bleu du Vercors-Sassenage qui l’a inscrite dans la liste des races aptes à sa production. Passée les années 1980 où l’effectif tournait autour de la centaine, il a atteint en 2004 800 animaux, dont 202 vaches et 80 taureaux inscrits. 80 % des femelles reproduisent en race pure.

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