Né à Saint-Dié en 1448 et mort dans cette ville en 1527, le chanoine Vautrin Lud fut également maître général des mines de Lorraine, mais c’est surtout en tant que créateur du Gymnase vosgien que son nom est passé à la postérité.
À noter que son prénom présente quelques variantes : Vautrin, mais aussi Gautier, Gauthier, Gaultier, Gualterus, voire Walther en allemand. Son patronyme Lud est dérivé de Ludovic.
La mère de Vautrin Lud est déodatienne, c’est Jeanne d’Ainvaux, dame de la Warde de Wisembach. Son père est d’origine alsacienne, issu d’une famille de Pfaffenhoffen qui s’est mise au service du duc René II de Lorraine.
Son frère aîné Jean (ou Johannès) devient le secrétaire du duc dès 1465 et se trouve aussi à ses côtés lors de la bataille de Nancy en 1477. Grâce à ses connaissances de la langue allemande il est nommé maître général des mines de Lorraine en 1485.
Un autre frère, Nicolas (I), exercera aussi les fonctions de secrétaire du duc. Le fils de celui-ci, Nicolas (II), à son tour secrétaire en 1490, réside à Saint-Dié et devient l’un des proches collaborateurs de son oncle Vautrin, qui installera l’imprimerie du Gymnase Vosgien dans sa maison.
En 1480 Vautrin Lud lui-même est d’abord le chapelain de René II et également son secrétaire – une fonction qu’exercera aussi son neveu Nicolas Lud en 1490. Quatre ans plus tard, grâce aux appuis du duc, il est nommé chanoine de l’insigne église de sa ville natale.
En 1504 le chanoine obtient la charge de maître général des mines de Lorraine, succédant ainsi à son frère Jean (ou Johannès) à la disparition de celui-ci. Jusqu’à sa mort en 1527 il conserve cette charge, qui passe alors à son neveu Jean (II), fils de son frère Nicolas (I). L’acte de nomination de Vautrin Lud est conservé aux Archives départementales de Meurthe-et-Moselle.
Fort de cette fonction, il offre deux des 22 pages enluminées du Graduel de chœur du chapitre de Saint-Dié – un livre de chants de 371 feuillets manuscrits en caractères gothiques sur papier velin. L’une retrace la vie de sainte Barbe, l’autre les travaux d’extraction et d’exploitation du minerai d’argent dans les alentours, peut-être à La Croix-aux-Mines ou dans le hameau du Chipal selon les sources. La fête de la Dédicace que Vautrin Lud introduisit à Saint-Dié est représentée dans l’initiale de cette page, et ses armoiries de maître général des mines sont reproduites dans le bas. Aujourd’hui on peut consulter ce graduel de taille respectable (75 x 54 cm) dans la salle du Trésor de la Médiathèque Victor-Hugo de Saint-Dié-des-Vosges, où il a également été numérisé.
En 1505 les confrères du chanoine le choisissent comme sonrier de la ville – ce qui lui confère des pouvoirs d’administration et de justice sur la partie de la ville qui dépend du chapitre.
A Saint-Dié, Vautrin Lud est à l’origine de la fête de la Présentation de la Vierge au Temple. Depuis 1494, le 21 novembre de chaque année, des acteurs – de jeunes enfants revêtus de riches costumes – interprètent cette scène.
Soucieux d’accueillir les malades atteints de la peste, il fait aussi ériger à ses frais une chapelle ainsi qu’une ferme attenante sur la colline d’Ortimont au nord de la ville. Dans une clef de voûte du chœur on peut apercevoir le blason sculpté de Vautrin Lud. Cet oratoire, alors appelé Notre-Dame de la Consolation, est connu aujourd’hui sous le nom de chapelle Saint-Roch, en hommage au saint patron des pestiférés.