Vautrin Lud - Définition

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Le prix Vautrin Lud

Dans le cadre du Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges un jury de cinq spécialistes (à l’instar des cinq membres du Gymnase Vosgien) attribue chaque année le prix Vautrin Lud à une personnalité éminente du champ de la géographie. Il s’agit de la plus haute distinction dans une discipline pour laquelle il n’existe pas de prix Nobel. La liste des lauréats du prix Vautrin Lud depuis 1991 figure dans l’article consacré au Festival.

La création du Gymnase vosgien

Au tournant du siècle Saint-Dié va devenir un haut-lieu de l’humanisme en Europe, lorsque Vautrin Lud crée sous la protection de René II une école ecclésiastique directement rattachée à Rome, le Gymnase vosgien (Gymnasium Vosagense). Cette fondation est le plus souvent située en 1490, mais d’autres sources suggèrent une date un peu plus tardive (vers 1500).

Tout en assurant sa mission d’enseignement – nourrie de courants aussi divers que le mouvement de la Dévotion moderne, l’humanisme alsacien ou les apports de la Renaissance italienne – le Gymnase dispose également d’un atelier d’imprimerie que Vautrin Lud a installé dans la maison canoniale de son neveu Nicolas. Rebâti après l’incendie de 1555, l’immeuble fut désigné en 1911 comme « La maison du baptême de l’Amérique », avant d’être détruit à son tour en 1944.

Outre ce neveu surtout chargé de surveiller les travaux d’imprimerie, Vautrin Lud s’entoure de plusieurs érudits, tels que Jean Basin de Sandaucourt, éminent latiniste et curé de Wisembach, l’humaniste alsacien Mathias Ringmann, auteur d’une grammaire latine illustrée, et surtout le cartographe allemand Martin Waldseemüller qu’il va chercher à Strasbourg, car il compte sur lui pour illustrer un projet qui lui tient à cœur : une nouvelle édition de la Geographia de Ptolémée qui prendrait en compte les récentes découvertes décrites par Amerigo Vespucci.

Marque d'imprimerie

Sa marque d’imprimerie, qui apparaîtra notamment sur la Cosmographiae Introductio, comporte en effet les initiales SD pour Sanctus Deodatus, GL pour Gauthier Lud, NL pour Nicolas Lud et MI pour Martin Ilacomilus (Waldseemüller).

Féru d’astronomie et de géographie, le chanoine met lui-même au point une sorte de projection stéréographique du globe terrestre et des sphères célestes. Il explique ce procédé dans un traité accompagné d’un disque mobile, le Speculi Orbis succinctiss. sed neque pœnitenda neque inelegans Declaratio et Canon, qu’il fait imprimer une première fois chez Johann Grüninger à Strasbourg en 1507. Une nouvelle édition est publiée en 1512 par le même imprimeur sous le titre Declaratio speculi orbis compositi a Gualtero Lud, canonico Deodatensi, en supplément à la Margarita philosophica de Gregor Reisch (parfois désigné sous le nom de Grégoire Reich).

Connaissant ses goûts (dont il se sent proche), le duc de Lorraine confie à Vautrin Lud une carte marine qu’il vient de recevoir du Portugal, ainsi qu’une version française du récit des quatre voyages effectués de l’autre côté de l’Atlantique par le banquier et navigateur florentin Amerigo Vespucci, confirmant la découverte d’un continent nouveau. Le chanoine est chargé de les faire traduire en latin, ce que Jean Basin - connu pour sa parfaite connaissance du latin littéraire – fera avec élégance dans la seconde partie de la Cosmographiae Introductio.

Ce livret explicatif accompagne une grande carte du monde, Universalis Cosmographia, sur laquelle apparaît pour la première fois le mot America. Ce baptême officiel du nouveau monde vaudra à Saint-Dié le surnom de « Marraine de l’Amérique ».

D’autres ouvrages sont imprimés entre 1507 et 1510, cependant en 1511 Mathias Ringmann, helléniste aux multiples talents, mais également technicien de l’imprimerie, meurt subitement à 29 ans, et sa disparition prématurée met l’entreprise en péril. En outre Vautrin Lud est confronté à de sérieuses difficultés financières, notamment liées à la perte d’exploitation de sa part de mine, et doit engager ses propres revenus pour régler des sommes dues à deux adjudicataires.

A tel point qu’il est contraint de vendre l’ensemble de ses travaux de géographie (traductions, planches gravées) à deux avocats strasbourgeois. Il doit aussi renoncer à imprimer comme il le souhaitait les cartes dessinées par Martin Waldseemüller pour la Geographia de Ptolémée, en particulier la première carte connue de Lorraine (voir Histoire de la Lorraine). C’est le Strasbourgeois Jean Schott qui se chargera de cette publication en 1513.

Les membres du Gymnase vosgien disparaissent les uns après les autres : Martin Waldseemüller meurt en 1520, Jean Basin en 1523, et enfin Vautrin Lud lui-même en 1527.

Une partie du testament de Vautrin Lud (celle obligatoirement déposée dans les archives du chapitre) est conservée à la Médiathèque Victor-Hugo de Saint-Dié-des-Vosges. Il s’agit de 53 lignes manuscrites sur parchemin datées de 1526.

Les travaux de l’historien et conservateur Albert Ronsin dès les années 60 ont beaucoup contribué à la redécouverte de cet humaniste lorrain. Dans sa ville natale un collège porte désormais son nom.

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