Variole - Définition

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Lutte contre la variole

L'histoire de la lutte contre la variole peut se diviser en trois périodes : d'abord la phase de la variolisation, ensuite celle de la vaccination, et enfin celle de la campagne mondiale d'éradication (1958-1977).

Variolisation

En Inde, la variole est décrite dans les livres ayurvédiques. Le traitement curatif ayurvédique passait par l'inoculation d'un "matériau varioleux" vieux d'un an, issu des pustules de personnes ayant contracté la variole l'année précédente. L'efficacité de cette méthode a été attestée par le médecin britannique J.Z. Holwell dans un rapport au College of Physicians à Londres en 1767.

La première mention écrite de la variole vient d'un médecin d'Alexandrie, Aaron. Dès le XIe siècle, les Chinois pratiquaient la variolisation : il s'agissait d'inoculer une forme qu'on espérait peu virulente de la maladie en mettant en contact la personne à immuniser avec le contenu de la substance suppurant des vésicules d'un malade. C'est le premier ministre Wang Dan qui après la perte d'un de ses fils de la variole avait convoqué divers praticiens de toute la Chine pour mettre au point une prophylaxie. Un moine taoïste apporta la technique d'inoculation qui se diffusa progressivement dans toute la Chine.

Mais ces origines précoces sont remises en causes par certains auteurs et la première mention indiscutable de la variolisation apparaît en Chine au XVIe siècle.

Le résultat restait cependant aléatoire et risqué, le taux de mortalité pouvait atteindre 1 ou 2 %. La pratique s'est progressivement diffusée le long de la route de la soie. En 1701, Giacomo Pylarini réalise la première inoculation à Constantinople.

La technique est importée en occident au début du XVIIIe siècle, par Lady Mary Wortley Montagu, femme de l'ambassadeur de Grande-Bretagne en Turquie, qui l'apprend du docteur Emmanuel Timoni (ca 1670-1718), médecin de l'ambassade de Grande-Bretagne à Istanbul. Diplômé de l'université de Padoue, membre de la Royal Society de Londres depuis 1703, le docteur Timoni publie en 1713 dans les Philosophical transactions de la Royal Society son traité sur l'inoculation. Son travail est publié de nouveau l'année suivante à Leipzig. À partir de cette date, les publications sur ce sujet se multiplient, Pylarino en 1715, Leduc et Maitland en 1722… Elle est introduite en France plus tard. La première inoculation véritablement médiatisée est celle pratiquée par le docteur Théodore Tronchin en 1756 sur les enfants du duc d'Orléans. En 1760, Daniel Bernoulli démontra que, malgré les risques, la généralisation de cette pratique permettrait de gagner un peu plus de trois ans d'espérance de vie à la naissance. Elle suscita cependant l'hostilité de nombreux médecins.

Vaccination de Jenner

Pour la première fois, des années 1770 jusqu'en 1791, au moins six personnes ont testé, chacune de façon indépendante, la possibilité d'immuniser les humains de la variole en leur inoculant la variole des vaches, qui était présente sur les pis de la vache. Parmi les personnes qui ont fait les premiers essais, figurent en 1774, un fermier anglais au nom de Bejamin Jesty, et en 1791, un maitre d'école allemand du nom de Peter Plett. En 1796, le médecin anglais Edward Jenner fera la même découverte et se battra afin que l'on reconnaisse officiellement le bon résultat de l'immunisation. Le 14 mai 1796, il inocula alors à un enfant du pus prélevé sur la main d'une fermière infectée par la vaccine (via le contact avec les pis de la vache infestée), ou variole des vaches (« cow pox » en anglais). Trois mois plus tard, il inocula la variole à l'enfant, qui y résista, se révélant ainsi immunisé contre le virus. Cette pratique se répandit alors progressivement dans toute l'Europe. Néanmoins, la variole est restée endémique pendant tout le XIXe siècle et n’a progressivement disparu d'Europe qu’après la Première Guerre mondiale.

Pour l'anecdote, la vaccination à cette époque consistait à prélever du pus directement des pustules et à infecter les hommes avec [citation nécessaire] (ne pas oublier que Louis Pasteur et l'asepsie ne vinrent que plus tard). Et plutôt que de transporter une vache infestée, il était plus simple de se déplacer avec un homme récemment « vacciné » et qui présentait les pustules.

Épidémie de Montréal de 1885

Éradication totale de la variole

Jeune fille du Bangladesh atteinte en 1973.

En 1950 l'Organisation Sanitaire Pan Américaine, s'appuyant sur un nouveau procédé développé par Collier, entreprend d'éradiquer la variole des Amériques (ce résultat sera atteint en 1967 (sauf au Brésil).

L'Union soviétique propose en 1958 d'éradiquer entièrement la variole, qui faisait alors 2 millions de victimes par an dans le monde. Le projet est repris la même année par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La stratégie initiale, proposée par l'URSS, estimait qu'un taux de vaccination de 80 % suffirait à éradiquer le virus. La campagne de vaccination se révèle néanmoins ardue à mettre en œuvre.

Le rapport final de la Commission mondiale pour la certification de l'éradication de l'OMS notait : « Les campagnes d'éradication reposant entièrement ou essentiellement sur la vaccination de masse furent couronnées de succès dans quelques pays mais échouèrent dans la plupart des cas. […] En Inde, cinq ans après une campagne nationale d'éradication entreprise en 1962 (55 595 cas), le nombre de notifications était plus grand (84 902 cas) qu'il ne l'avait jamais été depuis 1958. Il eût été extrêmement couteux et logistiquement difficile, sinon impossible, d'atteindre des niveaux beaucoup plus élevés de couverture. Avec les moyens disponibles, il fallait absolument changer de stratégie. »

L'OMS change alors de stratégie en 1967, mettant en œuvre la « stratégie de surveillance et d'endiguement », qui consiste à isoler les cas et à vacciner tous ceux qui vivaient aux alentours de foyers d'épidémie. Une équipe internationale est constituée sous la direction de l'Américain Donald Henderson.

La campagne d'éradication se heurta d'abord au problème d'identification des foyers d'infection, tous n'étant pas nécessairement recensés. Le contexte social, culturel et politique joua aussi un rôle important. Ainsi, en Inde et au Bangladesh, beaucoup d'Hindous s'opposaient à la vaccination par peur d'offenser Shitala Devi, la déesse associée à la variole. En outre, une année, les pluies violentes lors de la mousson ont brisé les barrages et les digues, forçant la population à fuir, ce qui avait pour effet d'étendre à nouveau le foyer d'infection, lequel fut éradiqué au bout d'un an d'efforts. Le Soudan, lui, était plongé en pleine guerre civile, exposant les équipes de santé à des risques accrus (qui n'eurent néanmoins aucune victime à déplorer).

La dernière grande épidémie européenne de variole eut lieu en 1972 en Yougoslavie. Un jeune Kosovar revenant d'un pèlerinage a la Mecque et en Irak a attrapé la variole. L'épidémie frappe 38 personnes, dont 6 meurent. Le régime titiste déclara alors la loi martiale, imposa la quarantaine et entreprit une campagne massive de re-vaccination de la population, avec l'aide de l'OMS et de l'équipe de Henderson. L'épidémie fut endiguée en deux mois. Quelques années auparavant, un autre foyer d'infection s'était déclaré en Suède (mai-juillet 1963). Celui-ci fut aussi éradiqué via des mesures de quarantaine et de vaccination.

Le dernier cas spontané de la forme la plus grave de variole (Variola major) fut enregistré au Bangladesh, en octobre 1975 chez une jeune fille de deux ans, Rahima Banu. A partir de cette date, la variole était considérée comme éradiquée de la quasi totalité du globe, à l'exception de la Corne de l'Afrique. En effet, la pauvreté des infrastructures sanitaires et routières de l'Éthiopie et de la Somalie rendaient très difficile la vaccination de masse qui avait été un succès ailleurs. S'y ajoutaient aussi les conflits armés, les famines et les migrations de réfugiés qui compliquaient encore la tâche. Néanmoins par une intensification des mesures de vaccination, de surveillance, de confinement, au début de 1977, le dernier cas de variole contracté de manière naturelle fut diagnostiqué à Merca en Somalie, le 26 octobre 1977.

En 1980, les trois anciens directeurs du Programme d'éradication globale de la variole lisent le texte annonçant officiellement le succès de cette entreprise.

L'éradication globale de la variole fut certifiée par une commission d'experts le 9 décembre 1979 et déclarée officiellement par l'OMS le 8 mai 1980 dans la résolution WHA33.3

La vaccination fut supprimée suite à ce succès.

Après l'éradication

Bien que la variole ne circulât plus dans la population humaine, certains laboratoires médicaux avaient conservé des stocks de virus varioliques. Or, en août 1978, Janet Parker, photographe de l'École de Médecine de l'Université de Birmingham se présenta à l'hôpital avec des symptômes de variole. Les analyses sérologiques confirmèrent son état et elle décéda le 11 septembre de la même année des suites de la maladie. Le professeur Henry Bedson, responsable des recherches sur la variole dans ce laboratoire se suicida peu de temps après.

Dès lors il fut décidé que tous les stocks connus de ce virus seraient détruits ou transférés à l'un des deux laboratoires habilités par l'OMS, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux Etats-Unis et le Centre National de Recherche en Virologie et Biotechnologie (VECTOR) de Koltsovo, en URSS. En 1986, l'OMS recommanda finalement la destruction totale de ces virus pour la date du 30 décembre 1993. Mais après un premier ajournement au 30 juin 1995, cette décision fut reportée puis annulée en 2002. En effet, même si la destruction totale des stocks diminuerait le risque d'un accident menant à une nouvelle éruption de la maladie, ces virus peuvent s'avérer utiles pour la recherche biomédicale comme pour le développement de nouveaux vaccins, de médicaments antiviraux, etc.

En mars 2004, des échantillons de virus variolique furent découverts à Santa Fe dans une enveloppe insérée entre les pages d'un livre de médecine datant de la Guerre de Sécession; Ces échantillons font l'objet d'analyse par le CDC pour comprendre l'histoire de la variole au cours des siècles.

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