Vaccin Bilié de Calmette et Guérin - Définition

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Introduction

Le vaccin bilié de Calmette et Guérin, le plus souvent dénommé vaccin BCG, est un vaccin contre la tuberculose. Il est préparé à partir d'une souche atténuée de bacille tuberculeux bovin (Mycobacterium bovis) vivant qui a perdu sa virulence sur l'homme par culture spéciale sur des milieux artificiels pendant des années. Ce bacille proche de Mycobacterium tuberculosis, responsable de la tuberculose humaine, confère une antigénicité croisée suffisamment forte pour devenir un vaccin effectif pour la prévention de la tuberculose humaine.

Historique

Avant Calmette et Guérin , Emil Adolf von Behring avait développé un vaccin contre la tuberculose bovine qu'il croyait être la cause des tuberculoses pulmonaires humaines (via l'ingestion de lait de vaches porteuses de M. Bovis). Ce bovo-vaccin ,constitué de bacilles de type humain vivants et desséchés ,devait s'avérer inefficace et même dangereux . Il n'en inspira pas moins les travaux de Calmette qui, en 1908 , partageait les vues de Berhring quant à l'étiologie de la tuberculose humaine ainsi qu'il s'en expliqua alors à un Congrès international .[1]. Saturnin Arloing avait également déjà conduit des travaux très aboutis dans le domaine de la vaccination contre la tuberculose bovine .A l'institut Pasteur de Nantes, Gustave Rappin suivait aussi depuis 1894 une piste prometteuse,à des fins tant préventives que thérapeutiques ; n'aboutissant pas avant 1924, ces efforts seront éclipsés par ceux de Calmette et Guérin [2][3]tandis que leur simple souvenir aura sans doute eu à pâtir des prises de positions ultérieures de Rappin lui-même[4].

Albert Calmette, médecin et biologiste français né à Nice, est nommé en 1895 directeur du nouvel Institut Pasteur de Lille. Avec le vétérinaire Camille Guérin, il mène des recherches sur le bacille tuberculeux : mécanisme de l'infection bacillaire, immunité antituberculeuse.

  • En 1905-1906 , ils constatent que de jeunes bovins guéris d'une tuberculose expérimentalement provoquée sont réfractaires à la réinfection . En 1906 les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ( Paris, 1906, 142: 1319-1322)publient un article signé de Calmette et Guérin intituléSur la vaccination contre la tuberculose par les voies digestives.Cette même année , les Annales de l'Institut Pasteur publiaient leur mémoire - le troisième ainsi nommé- intitulé Origine intestinale de la tuberculose pulmonaire.
  • En 1908, une observation - ainsi peut-être qu'une indication du chercheur Norvégien Kritian Feyer Andvord, les met sur la voie de la découverte. Ils cultivent l'agent de la tuberculose bovine -Mycobacterium bovis- sur des tranches de pommes de terre immergées dans de la bile de bœuf stérile. En 1909, Calmette déposait sur le bureau de l’Académie des sciences une note décrivant le « bacille tuberculeux bilié »
  • En 1912 , après 96 mises en culture successives, ils parviennent à modifier la souche initiale qui devient inoffensive sur les bovins (il reste pathogène pour le cheval). Ce bacille partiellement atténué prend alors le nom de bacille Calmette-Guérin (BCG)[5].

Les recherches deviennent difficiles à poursuivre pendant la Première Guerre mondiale : Lille est alors occupée par les Allemands.

  • En 1919, Albert Calmette reconstitue à l'Institut Pasteur de Paris une équipe de travail sur le bacille tuberculeux. Les expériences de vaccination des bovidés avec la souche biliée, entreprises en 1912, furent reprises entre 1921 et 1927.
  • Conçu à l'origine pour un usage vétérinaire, le vaccin est essayé sur des nouveau-nés le 18 juillet 1921 à la crèche de la maternelle de l'hôpital de la Charité, à Paris. Le pédiatre Benjamin Weil-Hallé et le Dr Raymond Turpin vaccinent un nouveau-né dont la mère était morte de la tuberculose quelques heures après l'accouchement.

La vaccination se développe à partir de 1924, notamment dans les dispensaires.

  • En 1927 Calmette publie une étude faite sur 21 200 enfants vaccinés qui conclut à l'efficacité du vaccin[6]. Ces publications de l'année 1927 rencontrent très rapidement des critiques ,en France d'abord où le Dr José Lignières remet en question l'innocuité totale du BCG , mais aussi à l'étranger avec le britannique Greenwood ,et le suédois Arvid Wallgren qui soulignent eux la fragilité des preuves statistiques de Calmette [7].
  • En 1928 , une commission de cliniciens invités à Paris par la Société des Nations concluait que le vaccin pouvait engendrer « un certain degré d’immunité »[8]
  • En 1929 éclate le drame de Lübeck : 71 enfants sont morts après avoir été vaccinés. Albert Calmette en est très affecté (« des tortures morales dont personne ne peut imaginer l'atrocité  »). Le gouvernement allemand intente un procès contre l'Institut Pasteur. Léopold Nègre démontre que le BCG n'est pas en cause : une erreur a été commise par le laboratoire qui a préparé le vaccin sur place : il a été accidentellement contaminé.
  • En 1948 le premier congrès international du BCG ,organisé à l'Institut Pasteur ,admet que le vaccin occasionne une immunité « relative » [9]
  • De nos jours, et dans de très nombreux pays occidentaux, la vaccination par le BCG n'est plus systématique, mais ciblée sur les populations à risque.

En France le vaccin était une obligation scolaire depuis 1950 (mais des circulaires de 1947 avaient déjà crée une obligation vaccinale pour certains groupes professionnels). En juin 2004, seule la primo vaccination demeurait obligatoire, avant l'entrée en collectivité chez l'enfant, ou au plus tard à l'âge de six ans, ou dans le cadre d'une profession exposant au risque chez l'adulte.
Alors que dans de nombreux pays occidentaux la vaccination par le BCG n'était plus systématique, la France tardait à s'engager dans cette voie.
Le Comité consultatif national d'éthique, dit "comité des sages", s'était prononcé contre cette mesure pour des raisons de "politiquement correct". Une telle mesure, expliquait-il, conduisait à "stigmatiser des enfants de couleur (sic) et de niveau socio-économique bas". En conséquence, ce comité préconisait de continuer à vacciner indistinctement tous les enfants, même s'ils n'en avaient pas réellement besoin, en dépit d'un certain nombre d'effets secondaires éventuels.
En 2005, le CSHPF préconisait "la suspension de l'obligation vaccinale par le BCG" et "la vaccination par le BCG chez les enfants à risque élevé de tuberculose".
L’obligation de vaccination par le BCG chez l’enfant et l’adolescent a été suspendue officiellement au cours de l'été 2007, au profit d’une recommandation forte de vaccination d'une population plus ciblée.

Saisi le 22 janvier 2008 par le directeur général de la santé sur l'opportunité du maintien de l'obligation vaccinale chez les professionnels de santé,le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande le 05 mars 2010 la levée de l’obligation de vaccination par le BCG pour les professionnels et étudiants des carrières sanitaires et sociales mentionnés aux articles L.3112-1, R.3112-1 C et 2 du Code de la santé publique, accompagnée d’un maintien du test tuberculinique comme test de référence lors de prise de poste.Le HCSP recommande une vaccination par le BCG au cas par cas, après évaluation des risques par le médecin du travail uniquement pour les professionnels de santé très exposés tuberculino-négatifs.

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