Tupolev Tu-16 - Définition

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Le Tu-16 comme plateforme lance-missile

Outre son rôle de bombardier conventionnel avec des armes à chute libre, le Tu-16 servit aussi rapidement à embarquer les premières armes guidées soviétiques. Quelques Tu-16 furent tout d'abord modifiés pour utiliser les bombes planantes radio-guidées UB-2F Tchaika de 2 240 kilogrammes (1 sous chaque aile) et UB-5 Kondor de 5100 kilogrammes (1 sous le fuselage). Ces armes, s'appuyant sur un guidage visuel de l'opérateur aidé par un dispositif pyrotechnique à l'arrière de la bombe, présentaient l'inconviénient d'obliger l'avion à garder une trajectoire stable et donc vulnérable après le largage. Apparut rapidement aussi, le Tu-16KS, capable d'embarquer le tout nouveau missile anti-navire conçu par l'équipe de Mikhaïl Gourevitch, le KS-1 Kometa, connu en occident sous la désignation de AS-1 Kennel. Le Tu-16KS, répertorié comme Badger B par l'OTAN, entra en service au sein de l'aviation navale soviétique, l'AVMF, en 1955. Pour repérer la cible et guider le missile, on utilisait le radar de bombardement Argon dont la portée était suffisante pour celle du KS-1, soit 80 kilomètres. L'antenne de guidage de missile était montée en arrière de la soute à bombes et l'opérateur l'utilisait pour donner des instructions au missile jusqu'à la mi-course, où l'autodirecteur radar du missile prenait alors le relais. Ce mode opératoire était encore extrêmement dangereux pour l'avion qui devait larguer son arme à une distance de 80 kilomètres et la suivre à sa vitesse subsonique sur la moitié de la course. Face à un groupe aéronaval occidental, objectif pour lequel le système avait été conçu, l'opération était extrêmement risquée. Même lorsqu'à la fin des années 1950, la portée du Kometa fut accrue à 150 kilomètres, il était clair pour les Soviétiques qu'ils avaient besoin d'armes plus performantes.

Un Tu-16K-10-26

Un premier progrès fut la mise en service du missile KSR-2, une version améliorée du Kometa, propulsé par un moteur-fusée et capable d'une portée de 170 kilomètres et d'une vitesse légèrement supersonique. Les Tu-16KS furent alors modifiés pour emporter la nouvelle arme, embarquant un radar plus performant le Rubin-1k (code OTAN "Short Horn") et un autopilote amélioré, donnant naissance au Tu-16KSR-2 ou Tu-16K-16. 205 avions vont être convertis, à partir de 1962. Ceux modifiés à partir de Tu-16KS prendront la désignation du Tu-16KSR-2, tandis que ceux issus de bombardiers conventionnels deviendront des Tu-16KSR-2A. Au cours des années 1970, ils seront pour beaucoup modernisés recevant les équipements de guerre électronique SPS-5 et SPS-100, ce dernier remplaçant la tourelle de queue. Le développement d'une version anti-radar du KSR-2, le KS-11, donnera naissance à une autre variante pouvant l'utiliser, le Tu-16KSR-2-11,où le canon fixe avant est remplacé par le système d'acquisition d'objectif Ritsa. Finalement apparut un missile encore plus évolué le KSR-5 (Code OTAN AS-6 Kingfish), capable de voler à trois fois la vitesse du son et doté d'un système de guidage plus perfectionné. Les Tu-16 furent donc à nouveau modifiés pour pouvoir l'employer, ce qui donna naissance aux Tu-16KSR-2-5-11 et Tu-16KSR-2-5, capables respectivement de tirer ou non le KSR-11 grâce à un système Ritsa, mais tous équipés pour lancer ou bien des KSR-2 ou des KSR-15. Dans la pratique, le radar Rubin-1k, insuffisant pour la portée du KSR-15, sera remplacé sur de nombreux avions par le Rubin-1m amélioré.

Parallèlement, le développement d'un autre missile avait donné naissance à une autre variante du Tu-16, le Tu-16K-10, armé du missile K-10S, connu en occident comme le "AS-2 Kipper". Il nécessita de profondes modifications sur l'avion, en particulier l'adjonction d'un septième membre d'équipage, l'opérateur-missile qui prenait place dans un compartiment pressurisé à la place de la soute à bombes. Autre modification, encore plus visible, le montage du radar YeN (Code OTAN "Puff Ball") dans un radôme, remplaçant le nez vitré de l'avion. Celui sous le poste de pilotage contenant originellement le radar de bombardement sur les autres versions est conservé, mais embarque le système de guidage du missile. Du fait de l'importance des modifications, les Tu-16K-10, ne seront donc pas créés par modification de bombardiers, mais seront des construction neuves. 216 seront construits et l'OTAN, leur attribuera la désignation de "Badger C". D'autres modèles de missiles K-10S seront conçus et employés. On trouve ainsi : le K-10SN volant à basse altitude, les K-10SD et K-10SND à portée accrue et le K-10SP doté de brouilleurs qui doit aider les autres missiles de la salve à pénétrer les défense adverses. Par la suite, au milieu des années 1960, les Tu-16K-10 seront modifiés pour emporter à côté de leur unique K-10S, deux autres missiles de type KSR-2 ou KSR-5 sur les pylônes d'aile. Cette modernisation sera désignée Tu-16K-10-26 par les Soviétiques et "Badger C mod" par l'OTAN. 85 seront réalisées. Au cours des années 1970, certains seront encore modifiés pour utiliser les missiles antiradar K-11 et K-5P en embarquant l'avionique améliorée Taifun, donnant naissance à des Tu-16K-10-26P. Une autre conversion plus étrange, de la même époque, est le Tu-16K-10-26B doté de douze points d'emport de bombes externes et d'un viseur optique OPB-1RU. Les intentions des autorités soviétiques sur cette modification restèrent assez floues.

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