Les Trente-six vues du Mont Fuji ont connu un très grand succès notamment grâce à la qualité plastique des estampes, à leur originalité ; deux aspects de cette série ont surtout fait sa renommée : l'utilisation du Bleu de Prusse ainsi que l'influence de modes de représentation occidentaux.
Le bleu de Prusse, appelé également bleu de Berlin, était un pigment seulement importé de Hollande depuis 1820, que l'on retrouve dans les Trente-six vues du Mont Fuji notamment dans La Grande Vague, La plage de Shichirigahama dans la province de Sagami ou encore dans Le lac de Suwa dans la province de Shinano. Il transforma l'aspect des estampes : il fut utilisé pour la première fois par le peintre Ooka Shunboku en 1829 et connut un succès immédiat.
Les artistes appréciaient l'utilisation de cette couleur d'origine synthétique qui risquait moins de perdre son éclat avec le temps ; ils l'utilisèrent d'autant plus qu'ils étaient contraints par la censure à n'utiliser qu'un nombre restreint de couleurs et qu'ils avaient réalisé les immenses ressources qu'ils pouvaient tirer de ce seul bleu.
Le bleu de Prusse était très vite devenu tellement prisé que l'éditeur d'Hokusai lança une édition, en aizuri-e (estampes bleues), des Trente-six vues du Mont Fuji avant d'éditer la série avec les couleurs complémentaires. Toutes les estampes de la série ne sont pas fondées sur ce pigment mais une certaine tonalité bleue se dégage de l'ensemble, « le bleu, peut-être, de l'espace et de l'éternité (avec l'avantage matériel que ce bleu de Prusse gardait effectivement longtemps son intensité, alors que d'autres bleus pâlissaient vite). » (Kenneth White).
Les Trente-six vues du Mont Fuji ne sont pas célèbres pour la grande diversité des thèmes représentés mais plutôt parce que certaines de ces estampes expriment une vision du paysage purement japonaise alors que d'autres, de manière équilibrée et naturelle, utilisent les principes de la perspective occidentale. Ainsi dans son ouvrage L'estampe japonaise, Nelly Delay souligne cet aspect que l'on retrouve dans les estampes de la série :
La forme, la composition ont toujours été très importantes pour Hokusai. Dans la série des Trente-six vues du Mont Fuji, les formes géométriques comme le carré ou le rectangle, le cercle et le triangle jouent un rôle essentiel dans la construction des scènes représentées. Hokusai utilise par exemple dans l'image du pêcheur de Kajikazawa une construction triangulaire : le triangle du Mont Fuji se retrouve dans le triangle formé par le rocher, le pêcheur et ses lignes. Quand il représente la scierie de Honjo, il construit son estampe avec des formes géométriques simples comme des carrés et des lignes droites. Hokusai incorpore ces formes géométriques simples dans un climat poétique. L'influence de modes de représentation occidentaux se retrouve plus particulièrement dans La rue Seruga à Edo dans laquelle Hokusai adopte une perspective presque purement occidentale en plaçant le sommet du Mont Fuji entre les deux bâtiments du magasin Mitsui dont les ouvriers couvrent le toit.