Transport en République de Moldavie - Définition

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Introduction

Cet article présente la situation des infrastructure de transport en République de Moldavie. Plus précisément, l'article décrit l'état des infrastructures actuelles, leurs faiblesses et les projets pour y remédier.

Train en Moldavie, 2006

Introduction

L’atout majeur de la Moldavie est sa situation géographique

« La Moldavie est à la croisée des chemins », comme l’indique Florent Parmentier dans son ouvrageModèle:La Moldavie à la croisée des chemins, 2003 de 2003. Le pays se situe dans le sud-est européen, aux confins des Balkans, encastré entre les Carpates, les grandes plaines ukrainiennes et la Mer Noire.

Cela signifie qu’elle se trouve au cœur d’une zone géostratégique de premier ordre. Le fait que, dans l’Histoire, elle ait été disputée par les grandes puissances autour d’elle le prouve. De plus, la présence militaire russe en Transnistrie n’est pas anodine : elle permet à Moscou de garder un œil vigilant sur l'imprévisible Ukraine. Par ailleurs, si les États-Unis décidaient d'installer des bases militaires américaines sur le littoral roumain de la mer Noire, la présence de soldats russes en Transnistrie pourrait rééquilibrer la donne stratégique.

La région est aussi le carrefour de trois civilisations : la latinité, le monde slave et la civilisation musulmane. La proximité de la Mer Noire lui offre une ouverture sur le bassin économique de l’Asie centrale et par extension sur la route de la soie. Il suffit de s’y rendre pour se rendre compte de la diversité ethnique, linguistique et culturelle du pays (65 % de Roumains, 27 % de Russes et d’Ukrainiens, 8 % de minorités : Gagaouzes, Juifs, Allemands, Bulgares). Ce brassage de cultures est un indicateur de l’intérêt porté à cette région depuis longtemps et dans une moindre mesure la trace des grandes vagues migratoires organisées sous Staline.

Cette situation géographique est un atout pour la Moldavie. Elle pourrait lui permettre, grâce à une politique d’intégration dans les grands programmes européens et de la CEI, d’être le lien entre les deux Europes et avec l’Asie, en offrant une alternative aux grandes routes maritimes (canal de Suez).

La donne internationale actuelle

Du point de vue de Guy-Pierre Chomette, la Moldavie fait partie de « l’autre Europe », celle de l’Est, repoussée derrière le « nouveau rideau de fer » que l’Union risque de créer. Le constat de ce journaliste est qu’au terme de son élargissement, en 2007, l'Union possédera une nouvelle frontière orientale :

« Une nouvelle ligne de partage du continent va donc se dessiner. Même si elle n'est en rien comparable au Rideau de Fer, fracture douloureuse qui a opposé l'Ouest et l'Est de l'Europe pendant quarante ans, cette future limite orientale de l'Union européenne crée de nouveaux enjeux et soulève déjà de nombreuses questions. Elle va notamment souligner les divisions économiques et commerciales de part et d'autre et bouleverser des relations de voisinage progressivement rétablies depuis 1989. »

La position de la Moldavie est d’autant plus délicate sur cette nouvelle carte que ses débouchés vers l’Est (Ukraine, Russie) passent obligatoirement par la Transnistrie, région sécessionniste à majorité russophone, ce qui fragilise ses échanges.

Ce serait donc un pays totalement isolé que nous risquons de trouver aux frontières de l'Union Européenne avec les dangers que cela comporte : émigration clandestine massive, frustrations voire extrémismes.

L’enclave moldave

L'actuelle Moldavie correspond à l'ancienne République socialiste soviétique de Moldavie qui a proclamé son indépendance le 27 août 1991 dans les mêmes frontières, délimitées par Staline en 1940 et confirmées en 1947 par le traité de Paris. Celle-ci ne couvre que 32 % de la principauté roumaine moldave médiévale (Bessarabie et Bucovine) et se trouve amputée au sud de son accès à la mer Noire et affublée à l’Est d’une bande de terre auparavant ukrainienne, la Transnistrie. Il s’agissait d’une volonté délibérée des autorités de Moscou pour empêcher le retour de la province dans le giron roumain. De plus, si l’on écarte la Transnistrie, on remarque que le pays est encerclé par deux fleuves : le Prout et le Dniestr, accentuant son isolement.

La Moldavie est donc une enclave, au sens d'absence d'accès au marché dans un espace donné. Cette absence peut être d'ordre matériel (obstacles aux communications) ou économique (coût de transport prohibitifs) conduisant à des effets d'isolement assez analogues à ceux provoqués par l'insularité. En Moldavie, le phénomène d’enclavement est dû à deux causes :

  • l’insuffisance d’infrastructures, de points-frontières (actuellement, les délais d’attente sont de 6 h avec la Roumanie et de 8 h avec l’Ukraine)
  • le manque de trésorerie des particuliers mais aussi des entreprises qui n’ont souvent même pas le choix du mode (situations monopolistiques).

L’enclavement est une catégorie spatiale de référence. Mais, à force d’en user sans précaution, la question de sa pertinence finit par se poser. Il est donc nécessaire d’en ressaisir rigoureusement les significations. Ce travail théorique est un préalable à l’étude des territoires dits « enclavés », identifiés généralement par leur éloignement des réseaux dynamiques. Cette investigation trouve un champ d’application fécond en République de Moldavie. Posé comme la condition des difficultés de développement qui y sont concentrées, l’enclavement n’est pas un attribut spatial qui donnerait une identité aux territoires concernés par rapport à une position continentale. C’est un processus fondé sur des discontinuités produites par des mécanismes historiques et qui aboutit à des inversions territoriales. Ce sont les stratégies des acteurs publics qui suscitent l’enclavement, mais ces stratégies sont réversibles.

Aéroport de Chisinau

En effet, les politiques pro-roumaines et pro-soviétiques se sont succédé dans l'histoire et l'inversement territorial de la Moldavie est aujourd'hui vérifiable :

  • il n’existe plus l’ouverture maritime du temps de la Bessarabie ;
  • les connexions historiques avec la Roumanie sont devenues rares ;
  • les incompatibilités techniques demeurent, en particulier dans les chemins de fer (gabarits et électrification) ;
  • seul, l’aéroport de Chişinău permet un accès au ciel européen mais il est en concurrence avec l’aéroport de Iaşi, capitale provinciale de la Moldavie roumaine.

En termes d’infrastructures, la Moldavie ne peut être facilement identifiée :

  • comme État indépendant, car son réseau n’est pas complètement structuré autour d’un point précis ;
  • comme un territoire roumain, car les réseaux des deux pays sont peu reliés entre eux ;
  • comme un « finisterre » russe ou soviétique, car ce réseau ne ressemble pas complètement à une terminaison de lignes.

C'est le « paradoxe moldave » : celui d'être au cœur de l'Europe, au sens géographique du terme, et d'avoir été mis à l'écart du processus de développement continental, faute de structures et à cause de politiques contradictoires.

L’effet structurant des transports

L’action de désenclaver est donc une volonté politique, assortie ou non d’une viabilité économique. D’un point de vue politique, l’effet structurant des transports se traduit d’abord territorialement : ils assurent la continuité territoriale et l’unité du pays. D’ailleurs, malgré son autonomie, si la Transnistrie est toujours « moldave » et non indépendante, c’est en partie grâce aux liens physiques qui relient son réseau au reste de la Moldavie mais peu à l’Ukraine. C’est le résultat du plan soviétique des transports qui conférait à la RSS de Moldavie une identité territoriale propre en cherchant par tous les moyens à les différencier des Roumains.

Pour les décideurs politiques d’aujourd’hui, il s’agit d’inverser ce phénomène en recréant les liens historiques entre la Moldavie et ses pays voisins. En effet, avant 1940, la rive droite du Dniestr était roumaine et sa rive gauche, ukrainienne. Le fait que ces deux parties se retrouvent dans une entité territoriale unique est une chance. La Transnistrie peut jouer le rôle de lien avec la CEI et la Moldavie occidentale avec l’Union élargie de 2007. Le préalable indispensable à ce type de projet est la stabilité interne de la Moldavie, en particulier en ce qui concerne le statut de la Transnistrie sécessionniste .

Le désenclavement de la Moldavie, pays de petite taille, doit donc se faire dans le cadre d’une cohérence territoriale régionale pour assurer sa pertinence économique, au-delà du pacte de stabilité de l’Europe du Sud-Est : une zone d’échanges comprenant la Moldavie, la Roumanie et l’Ukraine dans un espace économique plus large qui comprendrait l’Union européenne au 1er janvier 2007, la CEI et le bassin de la mer Noire (Turquie, pays du Caucase).

En plus de sa stabilité politique, le désenclavement de la Moldavie peut donc avoir des conséquences macro-économiques positives, à long terme. Ce désenclavement passe par une politique de transports intégrée à la stratégie européenne (corridors de transport) ainsi qu’aux programmes de la CEI (couloirs de l’OSJD).

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