Transfusion sanguine chez les Témoins de Jéhovah - Définition

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L'affaire du sang en Bulgarie

Divers sites de la toile accusent les Témoins de Jéhovah de s'être engagés par écrit devant le secrétaire de la Commission européenne des droits de l'homme à ne plus exclure les membres qui accepteraient les transfusions sanguines, ceci dans le but d'obtenir le statut de religion qui leur aurait autrement été refusé, et ensuite d'avoir envoyé une lettre pour les Témoins bulgares stipulant le contraire. De ce fait, il est reproché à l'organisation de tenir un double langage : l'un devant les autorités, l'autre envers les adeptes.

En effet, dans le rapport de la commission adopté le 9 mars 1998, l'alinéa 2.1 et 2.2 précisaient que les Témoins de Jéhovah avaient affirmé qu'en matière de transfusion sanguine, « il appart[enait] à chacun d'entre eux [les membres] d'utiliser son libre arbitre, sans aucun contrôle et sanction de la part de la requérante », qu'elle « ne fourni[rait] pas de déclaration préalable de refus de transfusion de sang aux personnes mineures » et qu'« elle reconnaiss[ait] à chaque individu la liberté de choix ».

Toutefois, une lettre du Collège Central en date du 27 août 1998 adressée aux Témoins de Jéhovah bulgares stipule à propos de l'adepte ayant accepté une transfusion sanguine : « S'il rejette cette aide et refuse de soutenir les principes bibliques, y compris les principes bibliques se rapportant au mauvais usage du sang, cela pourra parfois conduire à l'exclusion ». La lettre déclare également : « Ceci signifie-t-il que les Témoins de Jéhovah ont modifié leur position quant au traitement médical ? Non ». De même, le livre destiné aux anciens Prenez garde à vous-même et à tout le troupeau explique qu'un adepte acceptant une transfusion sanguine sans manifester de repentir doit être exclu.

Dans un premier temps, certains médias avaient cru que la déclaration des Témoins de Jéhovah au gouvernement bulgare signifiait pour le mouvement l'abandon de l'interdiction des transfusions sanguines. Mais dans une déclaration officielle du 15 juin 2000 faite aux médias anglais concernant cette question, les Témoins de Jéhovah ont réaffirmé leur position traditionnelle, à savoir que tout fidèle qui accepte du sang sans repentir continuerait d'être excommunié, précisant que « cette personne annule elle-même son appartenance à la congrégation, sans qu'il ne soit nécessaire d'entreprendre d'action. (...) Ainsi la congrégation ne prend pas de dispositions en vue d'annuler l'appartenance de l'individu à la congrégation dans une telle situation. Toutefois, au final, le résultat est le même ; l'individu n'est plus considéré comme un Témoin de Jéhovah car il rejette une doctrine centrale de la foi ».

Ainsi, la situation du fidèle ayant transgressé cet interdit est exactement la même qu'avant, la seule différence étant qu'il ne comparaît plus devant un comité de discipline religieuse et qu'il est ainsi considéré comme s'étant retiré volontairement.

Controverse autour de l’enfant

Situation actuelle

Les Témoins de Jéhovah doivent refuser toute transfusion sanguine pour obéir à un commandement divin, tel que leur en donne leur compréhension de la Bible. Chaque Témoin de Jéhovah baptisé possède une carte qu’il renouvèle chaque année pour demander aux médecins de ne pas lui administrer de transfusion sanguine en cas d’accident ou d’opération chirurgicale.

La règle est la même pour les enfants mineurs qui doivent eux aussi s’abstenir de sang. Les parents qui suivent les recommandations de la Société Watchtower doivent refuser toute transfusion sanguine, même en cas de danger mortel pour leur enfant. Il est évident qu’ils ne désirent pas la mort de celui-ci, mais comme ils sont convaincus que la Bible défend l’absorption de sang, ils doivent choisir l'option qui consiste à refuser la transfusion sanguine, qu’elles qu’en soient les conséquences. S’ils désobéissent à ce commandement, ils croient se priver de la vie éternelle ; alors que s'ils refusent ce traitement, ils sont persuadés de retrouver leur enfant dans le paradis qu’ils pensent voir instauré très prochainement. Des enfants baptisés ou non vont aussi émettre cette volonté, s’ils sont un jour confrontés à ce cas de conscience. Ils vont suivre la consigne biblique mise en avant par les Témoins de Jéhovah, même si leur vie est en jeu, car ils sont persuadés qu’ils ressusciteront très bientôt.

Les techniques ne faisant pas appel à la transfusion de sang sont de plus en plus fiables et courantes, néanmoins il reste encore de nombreuses situations où la transfusion sanguine demeure la seule solution thérapeutique, notamment en cas d'accident. Dans de nombreux pays, la justice intervient dans les cas litigieux et ordonne en urgence que l’autorité parentale soit suspendue afin que la transfusion soit administrée. C'est la procédure appliquée en France pour les enfants hospitalisés. Dans tous les cas, en France, pour les mineurs, le médecin doit prendre les décisions qu'il juge nécessaires à la santé de l'enfant, même contre l'avis des parents (cf supra ). Cependant, certains pays ont une législation qui ne protège pas aussi bien l’enfant mineur et aujourd'hui des enfants meurent encore dans le monde pour avoir refusé cette technique médicale.

Commission d'enquête parlementaire sur les sectes et les mineurs de 2006

La commission d’enquête reconnaît qu'il ne lui appartient pas de porter un jugement sur les croyances des Témoins de Jéhovah, mais elle estime qu'il lui revient de dénoncer les effets de ces dernières sur la santé et le psychisme des enfants. Le rapport explique :

« Appelés à incarner l’image du martyre exemplaire, les jeunes Témoins de Jéhovah espèrent « devoir être opéré(s) pour pouvoir, le jour de l’opération, prouver qu’on est un bon Témoin de Jéhovah en refusant la transfusion sanguine »(5). C’est dans cette logique qu’un article du 24 mai 1994, publié dans la revue jéhoviste Réveillez-vous !, présentait les photographies de vingt-quatre enfants de différents pays, morts pour avoir volontairement refusé une transfusion sanguine et qu’il indiquait comment l’attitude de ces petits malades avait eu, sur le corps médical, un impact positif pour la secte. Leur refus inébranlable de la transfusion avait impressionné les personnels hospitaliers qui, du coup, se posaient des questions et pour certains se laissaient endoctriner par la suite (1).

Cette éducation des jeunes enfants et cette préparation au martyre sont en soi extrêmement inquiétantes. Quant à l’attitude des parents qui conduit à mettre en péril la santé de leur enfant, voire à mettre en jeu son pronostic vital, en refusant toute transfusion sanguine, elle est inacceptable ; elle constitue un trouble à l’ordre public, selon l’analyse exposée devant la commission d’enquête par M. Jean-Olivier Viout, qui a notamment précisé : « Quand la vie d’un enfant est en danger, l’État ne doit pas transiger. (…) Le danger est là, et on refuse la transfusion sanguine : c’est un trouble à l’ordre public. » (2)

Les manifestations de ce trouble sont aujourd’hui limitées par le sixième alinéa de l’article L. 1111-4 du code la santé publique qui, « dans le cas où le refus d’un traitement par la personne titulaire de l’autorité parentale ou par le tuteur risque d’entraîner des conséquences graves pour la santé du mineur », autorise le médecin à délivrer « les soins indispensables ». »

UNADFI

L'UNADFI dénonce l'atteinte à l’intégrité physique que représente le refus de la transfusion sanguine chez l'enfant. Elle explique que "pour plaire à Jéhovah, l’enfant doit être prêt à faire le sacrifice de sa vie", en citant l' extrait d'une publication du mouvement:

«  Il vaut mieux entretenir de bonnes relations avec Jéhovah que d’enfreindre la loi divine sous prétexte de prolonger sa vie. La faveur de Dieu pour le présent et la vie éternelle dans l’avenir sont en jeu. »

Selon cette association, cette attitude peut conduire à un véritable culte du martyre, qu'elle illustre de cette citation de l'Annuaire 1991 des Témoins de Jéhovah.

«  Quelle a été la réaction de Seri? «Même si je dois mourir aujourd’hui

ou demain, je n’accepterai pas de sang, même pas une goutte», a-t-il dit au médecin. Non seulement il connaissait la loi divine relative au sang, mais il était prêt à la respecter dans n’importe quelle circonstance. (…) Environ six semaines après que sa maladie eut été diagnostiquée, Seri a été hospitalisé. Il a refusé avec ténacité le sang, bien que les médecins aient tout essayé pour le faire changer d’avis. Il s’est progressivement affaibli et on lui a administré de la morphine pour le soulager de ses souffrances. Mais tout au long de son épreuve, Seri a manifesté une foi remarquable. Il n’a pas cessé de parler de son espérance de vivre dans le Paradis terrestre à venir. Un jour, il a dit à sa mère : « Maman, si je meurs, dis à papa de ne pas pleurer, et toi, maman, ne pleure pas non plus, mais sois joyeuse parce que nous avons surmonté l’épreuve de Satan» Seri est mort fidèle, laissant un

bel exemple aux autres jeunes en restant intègre dans l’épreuve »
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