Depuis 1945, date de la première mention de l'interdiction des transfusions sanguines, jusqu’à nos jours, de nombreux Témoins de Jéhovah se sont retrouvés confrontés à une situation médicale où les transfusions sanguines sont la seule solution thérapeutique possible.
Rien qu'en France, en 1999, un médecin rapportait dans le journal Le Monde que les dirigeants Témoins de Jéhovah reconnaissaient auprès de la communauté médicale 15 cas par an de Témoins de Jéhovah n'ayant pas d'alternative aux transfusions sanguines.
Les Dr Jerry Bergman et David Reed sont arrivés à la conclusion personnelle, qu’il meurt entre 450 et 1 150 Témoins de Jéhovah par an.
Une étude clinique réalisée aux États-Unis de janvier 1988 à décembre 1999 lors de laquelle a été examiné le risque de décès au cours de l'accouchement des femmes Témoins de Jéhovah a révélé que le taux de mortalité de ces mères était presque 44 fois supérieur à celui de la population américaine en général et ceci malgré le recours à des « cell-saver » (dispositifs qui collectent et réutilisent le sang du patient). Une autre étude portant elle aussi sur les risques de décès au cours de l'accouchement mais cette fois-ci réalisée en Hollande sur des données s'étalant de 1983 à 2006 montre un risque de mortalité de 14 pour 1000 chez les patientes Témoins de Jéhovah contre 4,5 pour 1000 pour la population en général
Enfin, dans leur congrès de novembre 2001, des gynécologues américains ont constaté une surmortalité néo-natale de 20% chez les enfants issus de familles Témoins de Jéhovah, faute de soins adaptés.
Un certain nombre de recherches sur les substituts sanguins stricto sensu (ayant les caractéristiques fonctionnelles du sang) sont menées sans avoir abouti pour l'instant.
En France, une note commune de la Direction générale de la santé et de la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère de la Santé a été adressée en mai 2005 aux Directions départementales et régionales des affaires sanitaires et sociales à propos du DVD intitulé " Stratégies alternatives à la transfusion - Simples, sûres, efficaces " et diffusé par les Témoins de Jéhovah. Elle annonçait une expertise approfondie de ce document vidéo, mais celle-ci n'était toujours pas rendue publique fin 2006. C'est pourquoi, l’Académie nationale de médecine et la Haute autorité de santé ont été saisies par le rapporteur de la commission parlementaire sur les sectes de 2006 d’une demande d’analyse scientifique des méthodes alternatives à la transfusion sanguine, telles qu’elles sont présentées dans un DVD diffusé par les Témoins de Jéhovah auprès des médecins hospitaliers. Le rapport parlementaire dévoile les résultats de cette analyse :
« Saisies par votre rapporteur d’une demande d’analyse scientifique de ces méthodes alternatives, telles qu’elles sont présentées dans un DVD diffusé par les Témoins de Jéhovah auprès des médecins hospitaliers, l’Académie nationale de médecine et la Haute autorité de santé dénoncent l’une « des banalités, des approximations, et surtout des oublis tout à fait nuisibles à la sécurité transfusionnelle » et l’autre le fait « qu’il n’y a pas de présentation critique ni de l’ensemble des études disponibles ni des séries de cas auxquelles se réfèrent les experts interrogés dans le DVD, comme l’exigeraient les principes de la médecine fondée sur les preuves » (3). »
« Dans une lettre adressée à M. Jean-Pierre Brard, qui l’avait saisi de ce sujet, l’Ordre national des médecins qualifie ces méthodes de « pseudo-scientifiques car uniquement orientées vers leur finalité, sans validation ni développement de raisonnement critique ». »
« Par ailleurs, outre le fait que lesdites méthodes alternatives – dont la mise en œuvre suppose qu’elles ont été planifiées longtemps à l’avance – sont inutilisables en cas d’urgence et que « la sécurité sanitaire des produits sanguins a atteint un niveau de sécurité très élevé » (1), il ne peut plus être nié que « l’usage de la transfusion sanguine telle qu’elle se pratique aujourd’hui est la seule méthode qui ait fait la preuve de son efficacité et de son innocuité » et que « dans différentes circonstances de la pathologie [...] elle est un acte thérapeutique vital pour de nombreuses personnes » (2). »
« Dans cette dernière hypothèse, le refus de la transfusion sanguine devient non plus un choix thérapeutique mais un choix assumé face à la mort. »
« C’est pourquoi, la commission d’enquête constatant le retard de près de deux ans mis pour clarifier une situation qui perturbe certains membres du personnel hospitalier, a saisi l’Académie nationale de médecine et la Haute autorité de santé d’une demande d’analyse dudit DVD. Dans sa réponse en date du 8 décembre 2006, le professeur Jacques-Louis Binet, secrétaire perpétuel de l’Académie nationale de médecine (3), dénonce l’absence de caractère scientifique du DVD et notamment l’oubli par ce dernier de l’indication thérapeutique de l’érythropoïétine (4). Il ajoute qu’à l’heure actuelle les méthodes alternatives à la transfusion sanguine reconnues sont « des stratégies d’épargne des hématies ou des plaquettes » et qu’il n’existe pas pour le moment d’autres méthodes car « la production ex-vivo de cellules sanguines en est à l’état de recherche et la découverte de substituts reste décevante ». De même, par lettre du 11 décembre 2006, M. François Romaneix, directeur de la Haute autorité de santé (5) précise que « seules les conséquences en termes d’épargne transfusionnelle sont présentées sans décrire et discuter les limites, voire les risques, les indications et les contradictions de chacune d’elles » et il critique quelques points médicaux saillants présentés dans le DVD : seuil d’hémoglobinémie, seuil transfusionnel, utilisation précoce de l’érythropoïétine... »
En réponse aux critiques émises par le Rapport 2005 de la MIVILUDES à l'encontre de ce documentaire, les Témoins de Jéhovah ont envoyé un courrier au Premier ministre qui apporte quelques explications. Se défendant de mener une « contre-campagne de santé publique », ils rappellent que la transfusion sanguine n'est pas sans risque, comme le montrent chaque année les décès liés à des accidents transfusionnels. Ils signalent que des sommités mondiales dans les domaines de la chirurgie, de l'anesthésie et des soins transfusionnels utilisent couramment les alternatives à la transfusion et que la littérature à ce sujet est abondante et n'est pas propre aux Témoins de Jéhovah. Selon eux, le DVD s'adresse à un large public et a pour but d'établir un état des lieux en matière d'épargne sanguine et d'alternatives à la transfusion.