Toxicomanie - Définition

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Contexte

Contexte historique

Jusqu'au début du XIXe siècle, certains produits toxiques restaient cantonnés à leurs usages traditionnels ou médicaux mais au cours du siècle, notamment du fait des progrès scientifiques (isolement des principes actifs de la Coca, de l'Opium, invention de l'héroïne, certains produits commencent à être consommés dans un but hédoniste de recherche du plaisir généralement dans les milieux artistiques ou scientifiques mais aussi dans les milieux populaires (dérivés de l'opium pour ouvriers anglais notamment). Cet usage avait déjà été observé au XVIIIe siècle en Chine avec l'opium ce qui provoqua les guerres de l'opium.

Dès 1810-1820 apparaissent des discours remettant en cause la pertinence de l'usage de deux psychotropes induisant une dépendance : l'opium et l'alcool.

À partir de 1840, la diversité des produits relevant de l'usage abusif prend de l'ampleur, sont signalés l'éther, le chloroforme, le haschich, la coca, la cocaïne, la morphine.

À mesure que l'usage se développe la science forme des termes pour le désigner. En 1849, le suédois Magnus Huss établit le concept d'alcoolisme, ouvrant la voie à l'étherisme, le morphinisme, le cocaïnisme.

En 1853, l'aliéniste Renaudin propose de classer les intoxications comme des entités pathologiques, la substance étant considérée comme l'unique responsable des symptômes, il lui est adjoint manie pour décrire les comportements. Apparaissent alors les termes comme morphinomanie, cocaïnomanie alors que pourtant le terme alcoolisme persiste. Dans les années 1880 apparait le terme générique : toxicomanie.

Dans les années 1950, le recul d'un siècle de recherche et les évolutions de la psychologie permettent de différencier la dépendance physique (jusqu'alors seule traitée comme seule manifestation visible du problème) et la dépendance psychique (mise en cause dans les rechutes malgré un sevrage). Cette distinction est parfois bien difficile à établir dans la clinique.

Dans les pays occidentaux, jusqu'aux années 1960, la toxicomanie - outre l'alcoolisme et le tabagisme - est surtout le fait de milieux artistiques, médicaux, paramédicaux et parfois défavorisés, par exemple l'opium chez des ouvriers anglais pour les aider à surmonter leur fatigue.

Mais dans les années 1970, (notamment après la guerre du Viet-Nam), le phénomène d'injection d'opiacés (héroïne notamment) s'amplifie aux États-Unis pour devenir un problème majeur de santé, et se répandre progressivement dans les autres pays occidentaux. Ce problème de santé publique relayé par la mise en place d'une réglementation internationale encadrant certains de ces produits amène en Occident une vision où le toxicomane est souvent figuré comme un usager injecteur d'un psychotrope illégal (héroïne).

Dans les années 1980, le problème de santé publique lié à la pratique de l'injection sera amplifié par l'apparition des virus du SIDA puis de l'Hépatite C (d'abord appelée "hépatite non A non B) et l'hépatite B maladies largement transmises par les usagers pratiquant l'injection ou dans une moindre mesure par inhalation.

À partir des années 1990, c'est le phénomène de polyconsommation qui explose, notamment dans les pays occidentaux alors que la mondialisation liée au trafic de stupéfiant répand le problème de la toxicomanie dans les pays initialement producteurs.

Contexte socio-culturel

Tolérance socio-culturelle

Il existe une notion de tolérance socio-culturelle, selon laquelle dans un pays où une substance est produite et donc généralement consommée traditionnellement, un état d'équilibre relatif s'installe entre cette substance et les usagers.
Ce produit est intégré dans un rituel social, mystique ou religieux. Ce rituel s'accompagne d'une tradition de l'usage du produit véhiculant des prescriptions d'utilisation, les quantités à utiliser, les dangers relatif à l'usage, etc.

Selon certains auteurs, c'est l'absence de référentiel socio-culturel qui engendrerait les problèmes d'abus lié à certains produits comme ce fut le cas pour les Amérindiens et l'eau-de-feu.

Cette tolérance socio-culturelle explique le fait que certains produits hautement accoutumant et générant des problèmes de santé publique (dont la toxicomanie) soient considérés comme relativement inoffensifs échappant parfois à toute réglementation dans certains parties du monde (consommation d'alcool en Occident, khat au Yémen).

Représentation collective de la toxicomanie

La vision populaire de la toxicomanie évolue aussi à mesure des avancées de la science ou des réglementations.

Jusqu'au années 1960, la toxicomanie est à peu près considérée comme un problème anecdotique.

Dans les années 1970, la consommation problématique (notamment de drogues illicites) explose dans les pays occidentaux pour devenir un problème de santé publique alors que dans le même temps se met en place une réglementation internationale. Le toxicomane de l'époque était alors souvent considéré comme un malade, victime de sa consommation, contraint à la délinquance et dont le seul salut consistait en l'abstinence.
Il dégage souvent une image négative et dangereuse et de transgression. Certains psychiatres ont cependant tenté de faire évoluer cette vision, notamment Claude Olievenstein qui dans ses écrits développe aussi les aspects de contre-culture véhiculés par ces consommation. Le toxicomane occidental de l'époque utilise souvent une gamme de produits précis (héroïne, LSD, Cocaïne, champignons hallucinogènes, Haschich, etc. à la recherche d'effets précis, stimulants, psychédéliques, calmants, etc. Le développement rapide de ce type de toxicomanies laisse souvent les professionnels démunis, le domaine de connaissance étant peu développé ; la prise en charge relève le plus souvent soit des services depsychiatrie soit des communautés thérapeutiques.
La psychothérapie d'inspiration psychanalytique, individuelle ou de groupe sont alors parmi les techniques de traitement ambulatoires les plus répandue auprès des toxicomanes avec celle des traitements résidentiels dans communautés thérapeutiques basée sur un modèle behavioriste (voire, dans un tout autre registre, sectaire, scientologues, etc.). Ces techniques et le discours qui les accompagne va peu à peu devenir une sorte de prisme à travers lequel les conduites toxicomaniaques commencent à être comprises et expliquées. On relève les tendances dépressives et suicidaires (par overdoses notamment) ou relevant de conduites ordaliques. Les explications psychopathologiques ne manquent pas mais les difficultés de traiter ces patients ne se laissent guère surmonter. Leur engagement dans des psychothérapies est souvent aléatoire, les rechutes fréquentes ce qui fait qu'une certaine résignation commence à gagner les praticiens psychiatriques qui se mettent alors à recourir au solutions de substitution avant que l'épidémie du SIDA ne vienne précipiter ce recours, surtout la méthadone, comme solution d'urgence sanitaire. C'est donc dans les années 1980, que l'apparition du SIDA puis d'hépatites obligent à un changement radical de stratégie par la mise en place des politiques de réduction des risques - notamment en Suisse et en Hollande. La priorité apparaît dès lors, plus lentement dans certains pays, la France en particulier, de limiter la diffusion du SIDA plutôt que d'éradiquer les consommations. Sont alors mis sur pied, des programmes de substitution, y compris avec de l'héroïne prescrite, dans des centres spécialisés.

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