Il a été longuement débattu du nombre de tours qui envahissaient Bologne avant les démolitions entreprises pour prévenir les effondrements.
Le premier à traiter des tours bolonaises fut le comte Giovanni Gozzadini, sénateur du royaume d'Italie, qui écrivit au XIXe siècle sur l'histoire de Bologne. Gozzadini fonda principalement ses recherches sur les archives notariales : il en résulta le nombre extraordinaire de 180 tours, énorme si l'on considère la surface et les ressources de la ville médiévale.
Des études plus récentes ont montré que Gozzadini a souvent compté plusieurs fois les mêmes tours, qui changeaient souvent d'appellation avec leurs propriétaires successifs. L'estimation actuelle varie de 80 à 100 tours qui, du reste, ne furent pas toutes contemporaines.
De toutes ces tours, moins de 20 sont parvenues jusqu'à nous : on peut citer parmi les rescapées la tour Azzoguidi, dite Altabella, de 54,80 m de hauteur, la tour Prendiparte, dite Couronnée, 60 m, les tours Scappi, 39 m, Uguzzoni, 32 m, Guidozagni, Galluzzi et surtout les deux tours jumelles Asinelli, 97 m, et Garisenda, 48 m.
Les deux tours, symbole de la ville, toutes deux penchées, sont situées au croisement entre les rues qui menaient aux cinq portes des anciennes murailles (« mur des Torresotti »).
Les noms d'Asinelli, pour la plus grande, et de Garisenda, pour la plus petite, dérivent de ceux des familles auxquelles on a traditionnellement attribué la construction des tours, entre 1109 et 1119. En réalité, le premier document citant les Asinelli, par exemple, ne remonte qu'à 1185, presque soixante-dix ans après la date présumée de la construction.
On peut supposer, au simple examen de la maçonnerie, que la tour Asinelli s'élevait initialement à une soixantaine de mètres, puis que sa hauteur fut graduellement portée aux 97,2 m actuels, avec un déport (surplomb) de 2,2 m, soit une inclinaison de 1,3°. La commune en devint propriétaire au XIVe siècle et l'utilisa comme fortin et comme prison. À cette époque fut ajoutée une passerelle de bois juchée à une trentaine de mètres, détruite par un incendie en 1398, qui unissait les deux tours. On dit que cette construction fut voulue par Giovanni Visconti, duc de Milan, qui avait alors pris le pouvoir, afin de tenir à l'œil le turbulent marché central — aujourd'hui rue Rizzoli —, et de prévenir d'éventuelles révoltes.
La foudre causa des dommages à la tour, sur laquelle fut installé un paratonnerre en 1824. On a conservé la souvenir de deux incendies graves, en 1185 et 1398, auxquels l'édifice survécut.
Les savants Giovanni Battista Riccioli, en 1640 et Giovanni Battista Guglielmini, au siècle suivant, utilisèrent la tour pour effectuer leurs expériences sur la chute des corps et la rotation de la terre.
Plus récemment, la tour Asinelli supporta un émetteur de télévision de la RAI. Pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 1943 et 1945, la tour fut utilisée pour des fonctions de repérage : quatre volontaires, en vérité très courageux, se postaient au sommet de la tour pendant les bombardements alliés, afin de diriger les secours vers les endroits frappés par les bombes.
Aujourd'hui, la tour Garisenda, très fortement penchée, est haute de 48 m et présente un déport (surplomb) de 3,2 m, soit une inclinaison de 3,8° ; mais elle était initialement haute d'environ 60 m et elle fut sectionnée au XIVe siècle à cause d'un affaissement du terrain qui la fit menacer de s'écrouler.
Elle fut acquise au XVe siècle par la confrérie des drapiers, qui la conserva jusqu'à ce qu'elle devînt propriété communale, à la fin du XIXe siècle.
La maçonnerie externe de la Tour Garisenda a été restaurée entre 1998 et 2000, en même temps que des travaux de consolidation.
La « rocchetta », fortin formant la base de la tour Asinelli, a été restaurée en 1998.