Une tourbière est une zone humide caractérisée par l'accumulation progressive de la tourbe, un sol caractérisé par sa très forte teneur en matière organique, peu ou pas décomposée, d'origine végétale. C'est un écosystème particulier et fragile dont les caractéristiques en font, malgré des émissions de méthane, un puits de carbone, car il y a plus de synthèse de matière organique que de dégradation.
15 à 30 % du carbone stocké dans les sols le seraient dans les tourbières (250 à 460 pg dans les tourbières contre 2300 pg dans les autres sols) et si les tourbières émettent aussi du méthane (20 à 40 % des émissions totales, et 70 à 90 % du total des émissions naturelles), elles constituent néanmoins un des puits naturels de carbone les plus importants pour les milieux émergés de la planète (sur une petite surface, elles absorbent environ 1 % de toutes les émissions de carbone fossile, 0.07 por 8.2 Pg émis et absorbé par la biomasse). Une perte supplémentaire de 1 % du stock de carbone tourbeux équivaudrait à 30 à 60 % des émissions annuelles de carbone fossile. Les émissions ou échanges d'oxyde nitreux y sont limités.
L'apparition et le maintien des tourbières dépendent de certains facteurs, tels que :
Le bilan hydrique doit être nul ou positif, de sorte que le milieu soit presque constamment inondé ou gorgé d'eau. Les milieux aquatiques sont pauvres en dioxygène et c'est une cause de la préservation de la matière organique. Cette abondance en eau peut être due à divers facteurs :
On trouve des tourbières de milieu arctique, subarctique, tempéré et de milieu tropical.
La formation de la tourbe, au cœur de l'existence de la tourbière, peut être appelée turbigenèse, turfigenèse, turbification ou tourbification. C'est l'élément fondamental de l'existence de la tourbière. C'est l'accumulation progressive de matière organique non décomposée (essentiellement végétale) et son tassement qui contribue au fil du temps à former la tourbe.
La tourbe se développe en général dans un milieu presque constamment gorgé d'eau, sous un climat frais et humide, conditions très défavorables à la décomposition de la matière organique. De ce fait, la tourbe se caractérise par sa très forte quantité de matières organiques mortes non décomposées, dont la teneur peut aller jusqu'à 80 à 90 %.
On distingue schématiquement trois types de tourbe :
De façon schématique, une tourbière "classique" (c'est-à-dire au sens le plus courant : les lacs-tourbières) connaît plusieurs phases de développement : depuis le comblement progressif d'une dépression naturelle remplie d'eau par des plantes partant du bord, passant par la constitution d'un véritable tapis végétal s'épaississant petit à petit jusqu'à gonflement du tapis et rejet de l'eau à la périphérie. La tourbière s'assèche progressivement, et devient inactive (c’est-à-dire qu'il n'y a plus de formation de tourbe), et cela se traduit par son affaissement, et souvent par son boisement.