Une tour de sauvetage sur une fusée spatiale est un dispositif utilisé sur les vols spatiaux habités, qui permet, lorsque le lancement d'une fusée échoue au décollage ou dans les premières phases de vol, d'éloigner la capsule contenant les cosmonautes de la fusée pour lui permettre de retomber au sol en déployant des parachutes tout en la mettant hors de portée de l'explosion du lanceur.
Initialement, pour les premiers vols spatiaux habités (Gemini, Vostok), le sauvetage de l'équipage en cas d'explosion de la fusée, était confié à un siège éjectable. Ce dispositif était lourd (la surcharge est conservée tout au long du vol) et ne permettait pas d'écarter suffisamment les cosmonautes de la zone dangereuse lorsque la fusée utilisait des carburants hypergoliques.
Sur les vols spatiaux suivants, la tour de sauvetage, dont la conception est due à l'ingénieur de la NASA Maxime Faget, remplace le siège éjectable. Elle a été ou est installée pour de nombreux lancements de missions spatiales habitées tant russes qu'américaines : Mercury, Soyouz et ses variantes, Apollo, N1.
Pour toutes ces missions, la tour de sauvetage est constituée d'un long cylindre attaché au sommet de la capsule. Il comprend généralement deux ensembles de fusée à carburant solide répartis en couronnes : le premier ensemble est chargé d'arracher la capsule habitée à la fusée et de la propulser en altitude loin du corps de la fusée, le second ensemble permet de séparer la tour de sauvetage (et la coiffe qui lui est solidaire), une fois sa mission remplie, de la capsule qui peut alors déployer ses parachutes avant de retomber vers le sol. Des panneaux attachés à la coiffe complètent le dispositif et permettent de stabiliser la trajectoire de la capsule durant la phase propulsée. Si le lancement se passe sans incident, les fusées de la tour de sauvetage sont déclenchées pour la détacher de la capsule au bout d'un certain laps de temps (sur Apollo, cette opération est réalisée après l'allumage du second étage).
Le déclenchement de la tour de sauvetage peut être manuel ou automatique.
Le système a été construit pour les missions Apollo par la Lockheed Propulsion Company suite à un contrat passé par la NASA le 13 févier 1963.
La tour de sauvetage utilisée sur les Saturn V avait les caractéristiques suivantes :
Le lancement avorté de Soyouz T-10-1, le 26 septembre 1983, est le seul cas connu de mise en œuvre de la tour de sauvetage. Juste avant le lancement, à la suite d'une défaillance d'une valve, le carburant se répandit autour de la fusée et s'enflamma. Le centre de contrôle déclencha la mise à feu de la tour de sauvetage alors que les boosters de la fusée étaient en flammes et que celle-ci penchait de 20°. La tour de sauvetage imprima au vaisseau spatial une accélération de 14 à 17 g durant 5 secondes. La capsule atteignit l'altitude de 2 000 mètres et atterrit à 4 kilomètres du site de lancement avec un équipage sain et sauf. Le site de lancement fut complètement détruit par l'explosion de la fusée Soyouz.