Tornade de Maskinongé le 27 août 1991 - Définition

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Introduction

Tornade de Maskinongé le 27 août 1991
Tornade de Maskinongé le 27 août 1991

Type Tornade
Formée 27 août 1991
Dissipée 27 août 1991
Durée 27 secondes
Largeur du corridor 300 mètres
Longueur du corridor 1,5 km
Échelle de Fujita F3
Vents maximaux Équivalent 250 à 330 km/h
Dommages matériels 17 millions de dollars canadiens (1991)
Mortalité Aucun mort mais 15 blessés
Régions affectées Mauricie et Bois-Francs au Québec, Canada

La tornade de Maskinongé du 27 août 1991 est l’une des plus puissantes tornades à avoir frappé la province de Québec, Canada. De force F3, des vents équivalents de 250 à 330 km/h, elle est passée dans la région du lac Saint-Pierre, de Maskinongé (46° 13′ 36″ N 73° 01′ 00″ W / 46.226784, -73.016533 (Maskinongé (F3))) à Notre-Dame-de-Pierreville (46°4′0.02″N 72°49′0.02″O / 46.0666722, -72.8166722 (Notre-Dame-de-Pierreville (F3))). Elle causa jusqu'à 17 millions de dollars canadiens de dommages (de 1991) aux véhicules et aux propriétés, la plupart dans la municipalité de Maskinongé, mais aucune perte de vie humaine ne fut à déplorer. Cette tornade est l’un de plusieurs événements violents qui se soient produits un peu partout au Québec ce jour-là.

Situation météorologique

Prémices

Le 26 août 1991 en soirée, un complexe orageux s'est développé sur le nord-est de l'Ontario. Ces orages se sont déplacés vers le sud-est pour atteindre la région de l'Abitibi-Témiscamingue en soirée et au cours de la nuit. De la grosse grêle a été signalé à Granada (48° 11′ 52″ N 79° 02′ 31″ W / 48.197745, -79.041882 (Granada (Grêle)))ainsi qu'à Saint-Vital-de-Clermont (48° 55′ 02″ N 79° 15′ 01″ W / 48.917319, -79.250185 (Saint-Vital-de-Clermont (Grêle))). Des dommages par le vent à Louvicourt (48° 03′ 18″ N 77° 22′ 08″ W / 48.054866, -77.368913 (Louvicourt (F1))), à 125 km au sud-est de Val-d'Or, ont été causés par une tornade de force F1 (120 à 180 km/h).

Durant la nuit, ce complexe orageux s'est développé pour devenir un complexe convectif de méso-échelle (CCM) qui recouvrait à l'aube, tout l'ouest et le nord-ouest du Québec. Aux petites heures du matin, les orages associés à ce dernier ont atteint la région de Trois-Rivières et ont poursuivi leur chemin vers l'Estrie. Le développement de ce CCM démontre l’état instable de la masse d’air se trouvait en ce matin du 27 août 1991. Ces orages n'étaient que des prémices à des phénomènes météorologiques beaucoup plus violents encore.

Analyse

Sur la carte de surface de 12 heures TU l’air était saturé et comportait des points de rosée de l'ordre de 20 °C. Un front de forte intensité allait de Matagami à Rivière-du-Loup, séparant cette masse d'air d'une autre plus au nord avec des points de rosée à seulement 15 °C. Une faible zone de convergence était également associée à la zone barocline.

À 500 hPa, une circulation zonale de 40 à 50 nœuds de l'ouest comportait de faibles ondulations. Un fort noyau de tourbillon se trouvait juste au sud-est de la baie James. Cependant, l'observation du radiosondage de la station de Maniwaki au Québec (WMW) était absente et la présence d'un creux barométrique plus prononcé sur l'ouest du Québec était plausible. À 250 hPa, la circulation était de 60 à 70 nœuds de l'ouest avec un faible creux de la baie James vers l’Abitibi. Les données de WMW étaient là aussi rejetés par l’analyse préliminaire ce qui pouvait signifier un creux plus important sur l'ouest du Québec. On y retrouvait un courant-jet à courbure cyclonique avec un maximum de 135 nœuds au nord-est du front chaud, mais son influence serait faible sur le développement de la convection, étant trop loin à l’est.

Diagramme montrant les éléments déclencheurs à 21 h TUC

Le radiosondage de Maniwaki (WMW) était représentatif de la masse d'air au sud-ouest de la zone barocline. La courbe de température n'avait pas beaucoup évolué entre le 27 août à h TUC (20 h locale le 26 août) et celle de 12 h TUC (h locale le 27). Il était très instable dans les niveaux moyens et la température pour déclencher des orages était de 28°C. Cependant, il montrait une inversion de température à 1,75 km d'altitude servant de couvercle à la convection.

L’hodographe montrait un très fort cisaillement vertical du vent dans les premiers 3 kilomètre de l'atmosphère, soit 10,6×10-3 s-1 ainsi qu’une forte circulation de l'ouest dans les bas et moyens niveaux de l'atmosphère (entre 1,5 et 2,5 km d'altitude). Cette circulation a été grandement conservée durant ta journée. Le vent était est généralement de même direction dans les niveaux moyens mais tournait vers le nord-ouest en plus haute dans l’atmosphère suggérant un apport de températures plus froides à ces hauteurs et donc une déstabilisation accrue.

À 21 h TUC, ces éléments devaient peu changer mais le front devait revenir en arrière dans sa portion sud pour devenir un front chaud entre le lac Saint-Pierre et la ville de Québec. Selon l’approche de Miller pour la détermination de la zone menacée par le temps violent, l'ouest du Québec était sous une zone de faible d’advection de tourbillon à 500 hPa. Celle-ci est descendue vers le nord du Maine au cours de la journée en passant le long du front chaud. Dans le secteur chaud, un courant-jet de bas niveau rencontrait le front à angle droit, amenant l’humidité nécessaire au déclenchement des orages prévus par le téphigramme de WMW. Ces différents éléments se rencontraient au-dessus du Centre-du-Québec en après-midi du 27 août.

Déroulement de la journée

Analyse de surface à 21 h TUC. Le front chaud traverse le Québec de la baie James au Maine. Les orages violents sont indiquées par la zone hachurée avec les symboles Symbol code ww 17.svg

Tôt le matin, le ciel qui était couvert après le passage du CCM s’est lentement dégagé dans le secteur chaud, permettant aux températures d'atteindre 30°C en certains endroits. L'énergie potentielle de convection disponible (EPCD) avec 30 °C comme température et 20 °C comme point de rosée était de 2 990 Joule/kg. En combinant cela avec le cisaillement des vents avec l’altitude la masse d'air, le potentiel de donner des orages violents devenait important. L’indice de soulèvement de -7 était exceptionnellement important et l’indice Énergie versus Hélicité de 5,4 donnait un risque de tornade de forte intensité. Il ne manquait donc qu'un élément déclencheur pour amorcer la convection.

Il y eut en fait une combinaison de déclencheurs. Le premier fut l’intensification de la zone barocline que l'on peut voir dans l'image de droite. Le second fut un réchauffement différentiel marqué, de 5 à 6°C, entre les régions nuageuses de la ville de Québec et de La Tuque versus les régions dégagées comme les Laurentides et Trois-Rivières. Cette différence était concentrée sur un très petit secteur ce qui a engendré une circulation directe entre les régions dégagées et celles nuageuses, créant une forte convergence long de la frontière nuage/non-nuage, similaire à celle d’une brise de mer. Finalement, une ligne d'orages qui s'est formée en après-midi aura également contribué à l'intensification de la zone de convergence. En effet, l'orage tornadique s'est développé sur le flanc sud-ouest de cette ligne, soit sur son front de rafales.

Images radar à 20 h 20 TUC. Dans le cercle, une coupe horizontale à 7 km d'altitude (CAPPI) montre les orages approchant du lac Saint-Pierre. En bas, la coupe verticale à travers la plus forte cellule montre que les intensités de précipitation de 50 mm/h s'étendaient jusqu'à 18 km d'altitude, une hauteur exceptionnelle

A 15 h 25 TUC (11 h 25 locale), une veille météorologique pour les régions centrales du Québec étaient émise. Elle comprenait la région de Trois-Rivières. A 17 h 5 TUC (13 05 locale), la veille météorologique était étendue pour les régions de l'est et du nord-est des Laurentides/Lanaudière. Les premières alertes pour des orages violents ont commencé à 19 h 25 TUC (15 h 25 locale) pour les régions du nord-est des Laurentides/Lanaudière et pour la région de La Tuque.

A 20 h 15 TUC (16 h 15 locale, une mise à jour l'alerte inclut la région de Trois-Rivières. Cette alerte mentionnait une ligne d'orages forts du nord-est de la réserve faunique du Saint-Maurice vers le nord de Shawinigan en passant par le parc national de la Mauricie. On peut voir sur l'image de gauche une sortie des échos du radar météorologique qui montre les fortes intensités des cellules orageuses de cette ligne qui se déplaçait vers le sud-est. Il est à remarquer dans la coupe verticales des données que les forts taux de précipitations s'étendaient jusqu'à 18 km d'altitude et qu'au cœur de l'orage supercellulaire les intensités atteignaient 600 mm/h (noir). Une telle intensité est le plus souvent associé avec la présence de grêlons. Ces fortes intensités forment même un surplomb dans la partie droite de la coupe, un des indices d'un orage violent dans la technique de Lemon.

Une heure plus tard, l'alerte était mise à jour et mentionnait une ligne d'orages allant de Saint-Michel-des-Saints vers le vers Trois-Rivières. Dans cette alerte, il était fait mention que d'autres orages violents pourraient se développer ailleurs près de cette ligne car il y avait déjà des orages sur son flanc sud à ce moment-Là. Entre 21 h 30 et 21 h 35 TUC (17 h 30 et 17 h 35 locale), la tornade a frappé Maskinongé.

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