La toponymie est la science qui étudie les noms de lieux (toponymes). Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, mais aussi leurs transformations au fil des siècles et enfin d'étudier leur impact sur les sociétés. Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), elle fait partie de l'onomastique (étude des noms propres), elle-même branche de la linguistique. Le nom des habitants découlant des toponymes est l'ethnonyme ou le gentilé.
Le domaine de la toponymie est vaste. Cette science étudie en effet les noms de lieux habités (villes, bourgs, villages, hameaux et écarts) ou non habités (lieux-dits), mais aussi les noms liés au relief, aux rivières, aux voies de communication (routes, rues). Elle peut aussi aborder des domaines plus restreints (noms de villas ou d'hôtels, par exemple).
La graphie des toponymes officiels français (ceux des entités administratives : régions, départements, arrondissements, cantons, communes) est fixée par l’édition la plus récente du Code officiel géographique publié par l’Insee. Voici les principales règles typographiques :
Exceptions : Pays de la Loire, Territoire de Belfort et l’espace après « Côte » dans Provence-Alpes-Côte d'Azur. On ne met pas non plus de traits d'union dans la partie non officielle d'un toponyme (Saint-Paul de Vence) ou d'un surnom géographique (la Côte d'Azur).
La règle est obligatoire sur tous les panneaux officiels (encadrés de rouge) de communes à l’entrée d’une agglomération, les départements et régions (sauf les exceptions ci-dessus), mais n’est pas toujours appliquée de façon cohérente sur les autres panneaux (lieux-dits, bâtiments administratifs), les noms de rivières (la Sèvre niortaise), d’îles (l’Île d’Yeu désigne l’île ayant plusieurs communes, mais on ne peut détacher le mot Île du toponyme) et de montagnes (le mont Sainte-Odile, le mont Blanc mais le massif du Mont-Blanc), la distinction étant parfois nécessaire avec les noms de communes (le mont d’Or est le nom du mont géographique, le Mont-d’Or est la commune).
Les mêmes règles que pour les noms de rues (voir Noms de voies et d’organismes) s'appliquent aux unités administratives et politiques françaises ou dont le nom a été, partiellement ou totalement, francisé. La règle s’applique également à nombre de noms du domaine de la géographie physique.
L’« unionisation » entraîne l’apparition d’une majuscule dans tous les noms et adjectifs unis dans l’expression. Trait d’union et majuscule sont donc les outils d’élaboration des noms composés des unités administratives et politiques.
Ex. : Loire-Atlantique, Scey-sur-Saône-et-Saint-Albin, Basse-Normandie, Côtes-d'Armor, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Virginie-Occidentale, Chanteloup-les-Vignes, Cap-Vert, Bohême-du-Sud, États-Unis, etc.
La partie du nom qui sera « unionisée » est ce qu’on appelle le spécifique (le nom « propre »), par opposition au générique (nom « commun »).
Ainsi, dans « département du Pas-de-Calais », « département » est générique, « Pas-de-Calais » est spécifique. Dans « pas de Calais », « pas » est un générique (synonyme de détroit), « Calais » est spécifique.
De même, on fera la différence entre :
La logique, si l’application de cette règle était et avait toujours été respectée, voudrait que l’on fasse la différence entre l’Afrique du Sud comme synonyme d’« Afrique australe » et l’Afrique-du-Sud, l’État (tout comme « Timor oriental » et « Timor-Oriental », « îles Salomon » et « Îles-Salomon »). On ne rencontre guère plus « Irlande-du-Nord ». De même, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Mecklembourg-Poméranie-Occidentale ou Frioul-Vénétie-Julienne ne sont pas toujours les formes les plus courantes. L’usage n’a pas non plus retenu cette règle qui aurait permis de différencier le pays basque, région humaine et historique, et le Pays-Basque, l’unité administrative qu’est la Communauté autonome basque.
Sur l'évolution de cette règle, voir les notes de Jean-Pierre Lacroux :
« III. La tradition française était d’une grande limpidité. C’était trop beau. Elle s’est progressivement dégradée, au point de devenir déconcertante, quasi inexplicable. Il est aujourd’hui « recommandé » de traiter différemment des entités comparables, d’appliquer à leurs noms des règles jusqu’alors réservées à d’autres catégories de dénominations propres, etc. Des spécialistes membres de commissions officielles de terminologie, ministres, etc.) nous enseignent que les formes « Cap-Vert, Pays-Bas », imposées par l’usage — sous-entendu : archaïque et un brin fantaisiste —, sont des exceptions à la « règle » qui veut que l’adjectif postposé conserve la minuscule initiale (principe il est vrai applicable à plusieurs catégories de dénominations propres) et ne soit pas lié par un trait d’union au nom qui le précède… Cette « règle » n’existe que dans le chef de ceux qui sont prêts à compliquer la « grammaire orthotypographique » dans le seul dessein d’entériner tous les dérapages du mauvais usage. « Cap-Vert » ou « Pays-Bas » ne sont pas des exceptions mais des formes qui respectent la règle française. Il faut être singulièrement audacieux pour affirmer que seul l’usage (la routine…) les a imposées, alors que c’est la « règle » qui nous donne {les Samoa occidentales}.L’ennui… c’est que les greffiers de l’usage sont d’une incohérence (interne et externe) assez
troublante (pour l’usager). »
Les antonomases (noms propres utilisés comme noms communs ou inversement) constituant des appellations d’origine s’écrivent avec une minuscule :
La majuscule est toutefois maintenue si le lieu est cité en tant que tel :
Certaines appellations appliquent simultanément ces deux règles :
Au Canada, la règle du gouvernement fédéral veut que les toponymes (dont les noms de ville) ne se traduisent pas (ni du français, ni de l’anglais), exception faite pour quelques toponymes d’intérêt pancanadien dont la liste se trouve ici : [1]. On pourrait aussi faire exception pour certains noms de grandes villes qui ont une forme française courante : Saint-Jean (Nouveau-Brunswick) et Saint-Jean (Terre-Neuve-et-Labrador) en étant les exemples principaux.
Les spécifiques des toponymes français au Canada sont toujours reliés par des traits d’union : Sainte-Anne-de-Bellevue ; chemin de la Côte-des-Neiges ; lieu historique national du Commerce-de-la-Fourrure-à-Lachine. Ainsi, on parlera de l’île du Prince-Édouard (qui est une île qui s’appelle « Prince-Édouard »), mais l’Île-du-Prince-Édouard (qui est une province qui s’appelle « Île-du-Prince-Édouard ».) Les particules nobiliaires ne prennent pas de trait d’union, mais on met une majuscule : rue Jean-De La Fontaine, ruelle Nick-Auf Der Maur, rue De La Gauchetière, rue De Castelnau ; mais avenue de l’Église (spécifique est « Église »).
Or, les spécifiques de langue anglaise ne contiennent pas de traits d’union, bien qu’ils soient incorporés dans un toponyme français : Kirkland Lake ; Ayer’s Cliff ; l’avenue McGill College ; la rue City Councillors ; la côte du Beaver Hall (ces quatre derniers se trouvent au Québec). Mais : la rue Terry-Fox, le chemin Queen-Mary, l’église Saint-James (nom personnel, même avec titre ou forme anglais).
Les toponymes canadiens sont disponibles ici : http://geonames.nrcan.gc.ca/info/tra_f.php . Pour des toponymes du Québec, on peut contrôler le site de la Commission de toponymie : http://www.toponymie.gouv.qc.ca/ .
L’usage est de ne pas lier prénom et nom par un trait d’union, par exemple Place Eugène Flagey et non Place Eugène-Flagey (cf. Joseph Hanse, Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne, page 591).
L’exception concerne les saints. En ce qui concerne les noms de lieux ou de fêtes (et uniquement dans ces cas-là) on met toujours une majuscule et un trait d’union :
L’usage est de ne pas lier prénom et nom par un trait d’union dans les noms de rues, de boulevards, etc., comme en Belgique. Le cas des saints est aussi une exception à cette règle. Les établissements publics prennent une minuscule à la désignation mais des majuscules et traits d’union au nom propre, par exemple lycée Michel-Rodange ; à l’exception de l’Université du Luxembourg, institution unique. Référence : Guide de rédaction