Tobie Nathan (né en 1948) est le représentant le plus connu de l'ethnopsychiatrie en France. Il est professeur de psychologie à l’université Paris-VIII, diplomate et écrivain.
Né en Égypte, au Caire, en 1948, il fait ses études en France et obtient un doctorat en psychologie (1976) puis un doctorat d'État ès lettres et sciences humaines (1983). Il devient successivement assistant, puis maître-assistant à l'université Paris-XIII, et depuis 1986, professeur de psychologie clinique et pathologique à l'université Paris-VIII.
Tobie Nathan s'est intéressé à la psychanalyse, puis aux psychothérapies et à l'ethnopsychiatrie. Toujours concerné par les liens entre psychopathologie, pratiques cliniques et environnement social, il a également une pratique d'expertise — il est expert près la cour d'appel de Paris. Il a créé la première consultation d'ethnopsychiatrie en France, en 1979, dans le service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de l'hôpital Avicenne (Bobigny), alors dirigé par le professeur Serge Lebovici, psychanalyste et pédopsychiatre — consultation dont les principes ont été adoptés par de nombreuses consultations en France et à l'étranger (Québec, Italie, Belgique, Suisse, Brésil, Israël, Tahiti, Réunion).
Il a fondé en 1993 le Centre Georges-Devereux, centre universitaire d'aide psychologique aux familles migrantes, au sein de l'UFR Psychologie, pratiques cliniques et sociales de l'université Paris-VIII – centre qu'il a dirigé de 1993 à 1999. Ce centre est en France le premier lieu universitaire de clinique psychologique au sein d'une UFR ou d'un département de psychologie. Il regroupe dans un même espace, sur le campus de l'université à Saint-Denis, une clinique spécifique, des recherches universitaires en psychopathologie et en psychothérapie et la formation des étudiants de troisième cycle.
Sous l'égide de Georges Devereux, il a fondé, en 1978, la première revue francophone d’ethnopsychiatrie, Ethnopsychiatrica, qui a paru de 1978 à 1981. Puis il a fondé en 1983 la Nouvelle Revue d'ethnopsychiatrie qui a livré 36 numéros de 1983 à 1998 (éditions La Pensée sauvage, Grenoble). Depuis février 2000, il dirige une nouvelle revue, Ethnopsy / Les mondes contemporains de la guérison (éditions Les Empêcheurs de penser en rond).
De 1996 à 2000, il a dirigé l'UFR Psychologie, pratiques cliniques et sociales de l'université Paris-VIII, et de 2000 à 2003, l'Institut d'enseignement à distance (IED) de la même université.
De février 2003 à août 2004, il a dirigé la délégation de l'Agence universitaire de la francophonie pour l'Afrique des Grands Lacs, à Bujumbura (Burundi).
De 2004 à 2009, il a été conseiller de coopération et d'action culturelle près l'ambassade de France en Israël à Tel Aviv, et, depuis septembre 2009, il occupe la même fonction à Conakry en Guinée.
Il est aussi romancier et a publié six romans et, en collaboration, une pièce de théâtre.
« Je l’affirme haut et fort, les enfants des Soninkés, des Bambaras, des Peuls, des Diolas, des Ewoundous, des Dwalas appartiennent à leurs ancêtres. Leur laver le cerveau pour en faire des Blancs, républicains, rationalistes et athées, c’est tout simplement un acte de guerre. Le problème le plus aigu que devra traiter la France dans un tout proche avenir, c'est celui de l'intégration de ses populations migrantes, nécessairement de plus en plus nombreuses et de plus en plus culturellement éloignées. Il ne s agit pas seulement d'un problème de morale ou de solidarité collective, mais d'une question cruciale : comment parviendrons-nous à faire passer les différences culturelles du statut de graine de discorde à celui de source d'enrichissement authentique ? Il me semble — et je crois l'avoir démontré — que la recherche universitaire peut aider à cette mutation de nos mentalités, instaurant de nouvelles logiques, proposant des hypothèses audacieuses et dynamiques, fabriquant et diffusant de nouvelles représentations des étrangers », in L’Influence qui guérit, éd. Odile Jacob, 1994.