Tigre - Définition

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Conservation du tigre

Menaces pesant sur l'espèce

Ennemis naturels

Le tigre a peu d'ennemis naturels. Toutefois, les meutes de dholes peuvent attaquer et tuer un tigre. Il arrive aussi que des ours ou des tigres mâles tuent les jeunes tigres.

Chasse

Deux tigres rabattus sur la ligne de chasse lors d’une chasse du roi Georges V à dos d’éléphants en Inde en 1912.

La chasse aux trophées a été une cause importante de régression du tigre au cours du XIXe siècle et du début du XXe siècle. La chasse au tigre était en effet un sport apprécié des colons et des maharadjahs. Des battues étaient organisées durant lesquelles les tigres avaient bien peu de chance de survivre. Le tigre, animal craint pour sa force et sa cruauté présumée, était le prédateur à tuer pour sa gloire personnelle. Le félin était également un mangeur d'homme, et cette chasse intensive visait aussi à réduire sa population.

Le commerce des peaux a également accéléré cette chasse. Au début du XXe siècle, une peau valait 200 roupies, et un tapis avec tête montée 300. Les fourrures étaient négociées par les marchands locaux puis vendues comme souvenirs dans les grandes villes indiennes aux touristes européens. Durant les années 1950 à 1960, on estime que plus de trois mille tigres ont été tués comme trophées.

La chasse au tigre est à présent interdite dans tous les pays où vit ce félin. Le braconnage et la perte de son habitat et de ses proies sont à présent les principales causes du déclin des populations.

Destruction de son habitat

Le tigre souffre de la destruction de son habitat. Aujourd'hui, le recul des forêts et des habitats naturels, la croissance démographique, la disparition des proies, l'extension des zones cultivées ainsi que l'augmentation de la pollution aggravent sa situation. Les individus de moins en moins nombreux, et parfois de plus en plus éloignés les uns des autres sur des espaces fragmentés, ont du mal à se rencontrer et reproduire.

Les incendies de forêts, l'utilisation de poison et la perpétuation d'un trafic ou commerce de peau et sous-produits pour certaines médecines traditionnelles continuent à peser sur la survie de l'espèce.

Médecine asiatique traditionnelle

En Asie, on utilise certaines parties du corps du tigre, comme ses os, pour fabriquer des remèdes traditionnels, conformes aux mythes et croyances des populations. Leur efficacité n'est pas établie, et ces pratiques contribuent à accélérer la disparition de l’espèce. Le trafic d'os a diminué en Inde et en Russie. En Chine, il est interdit depuis 1993 d'utiliser des extraits de tigre dans la pharmacopée et l'os de sailong a remplacé l'os de tigre. À Taiwan, 59% des pharmacies fournissaient des préparations à base d'os de tigre au début des années 90 et ne sont plus que moins d'1% à le faire fin 2009. Mais au Cambodge, en Indonésie, au Laos, au Myanmar et au Viêtnam, la lutte contre le braconnage est très faible et les marchés persistent.

Des propriétaires de fermes en Chine souhaiteraient pouvoir commercialiser les os et les peaux des tigres d'élevage morts. Le WWF estime que de braconner des animaux sauvages reviendraient moins chers que d'exploiter les animaux d'élevage et qu'au contraire il faille « empêcher, par tous les moyens, l'élevage en captivité des tigres à visée mercantile ».

Protection

Historique des actions de protection

En 1969, le directeur du zoo de Delhi déclare que « Le tigre est sur le point de disparaître ! ». La chasse au tigre devient interdite en 1970, mais c'est en 1973 que le Projet Tigre est lancé par Indira Gandhi en Inde : les parcs nationaux sont transformés en réserves, dont il est interdit d'accéder au cœur, afin de réserver un centre de reproduction au tigre. Des zones tampons, où les autorités réglementent le passage, sont aménagées. Le programme fonctionne : dans les années 1980, les autorités indiennes annoncent que les populations de tigre ont plus que doublées. Toutefois, le projet s'essouffle après la mort de Gandhi en 1984 : les pressions populaires pour exploiter les forêts sur les politiciens locaux réduisent les zones tampons, pressions d'autant plus écoutées que le pouvoir se décentralise de New Delhi et que les populations s'accroissent, réclamant toujours plus d'espace. Les résultats du Projet Tigre sont aussi critiqués : le comptage des tigres se faisait par l'identification des empreintes des pattes, méthode peu précise, et les administrateurs avaient tendance à gonfler leurs résultats pour justifier l'argent versé par l'État.

À partir de 1986, on découvre avec surprise que les tigres « disparaissent » : on prend alors conscience du braconnage à des fins de pharmacopée traditionnelle chinoise. Ce n'est en effet qu'à partir de la fin des années 1980 que le braconnage fait surface : jusqu'à présent, les tigres de Chine « suffisaient » à répondre à la demande. Il est difficile de chiffrer l'impact du braconnage sur les populations de tigre indien, la Wildlife Protection Society estime que 94 tigres sont tués en 1994 et 116 en 1995. De plus, le braconnage des tigres est lié à celui du chiru, une antilope tibétaine dont la laine est très prisée : les os de tigre sont échangés contre la laine de chiru récupérée sur la carcasse. La révélation du braconnage provoqua une crise au sein de la communauté des conservateurs : tous les efforts menés semblaient vains, le trafic d'os de tigre se perpétuant aussi en Indochine et en Sibérie. Après de nombreuses querelles entre partisans de la conservation in situ et ex situ, après diverses propositions peu réalistes, des actions internationales furent menées :

  • En 1994, les représentants de nombreux pays où vivent les tigres se réunissent pour lutter ensemble contre le commerce illégal du tigre ;
  • En 1995, la campagne Save the tiger fund, financée par la société Exxon et le National Fish and Wildlife Foundation, a pour objectif de renforcer l'action des réserves, par exemple en instaurant des couloirs forestiers pour éviter l'isolement des populations de tigres, et de stopper le commerce illégal.
  • L'interdiction du commerce d'os de tigre en Chine fut le résultat de nombreuses pressions exercées par la communauté internationale.

Statut légal

L'ensemble des sous-espèces de tigre est classé en annexe I de la CITES depuis 1975, excepté le tigre de Sibérie qui appartenait à l'annexe II de la CITES jusqu'en 1987, ce qui signifie que son commerce est interdit sauf autorisation exceptionnelle.

L'espèce est également considérée comme En danger (EN) par l'UICN depuis 1986. Les sous-espèces peuvent avoir un statut différent : le tigre de Sibérie fut considéré comme En danger critique d'extinction (CE) de 1996 à 2008 avant de retrouver son statut d'En danger, le tigre de Chine et le tigre de Sumatra sont considérés comme En danger critique d'extinction depuis 1996, et les tigres de la Caspienne, de Bali et de Java sont considérés comme Éteints (EX).

Le tigre est protégé par la législation nationale de l'ensemble des pays où il est présent à l'état sauvage.

Population

Présence in situ

En 1900, on estime que la population de tigre atteignait 100 000 individus dont 40 000 en Inde. Pour que le bassin génétique d'une espèce soit viable, il ne faut pas que sa population diminue en dessous de 5 000. En 2008, leur population est estimée par l'Union internationale pour la conservation de la nature entre 1 361 et 2 056 spécimens aptes à la reproduction dont 1 411 individus en Inde.

Estimation des populations de tigres sauvages par pays selon l'UICN en 2008
Bangladesh Bhoutan Cambodge Chine Corée du Nord Inde Indonésie Laos Malaisie Myanmar Népal Russie Thaïlande Viêt Nam
200-419 67-81 11-50 37-50 Inconnu 1 165-1 657 441-679 7-23 300-493 150 350-370 331-393 250-720 100
Estimation des populations de tigres sauvages par sous-espèce selon l'UICN en 2008
Tigre de Sibérie Tigre de Chine méridionale Tigre de Bali Tigre d'Indochine Tigre de Malaisie Tigre de Java Tigre de Sumatra Tigre du Bengale Tigre de la Caspienne
331-393 Possiblement éteint Éteint 2 500 493-1 480 Éteint 441-679 1 782-2 527 Éteint

Actuellement, il y a en Inde vingt-trois réserves naturelles spécialement créées pour la préservation du tigre. Au Népal, trois réserves peuvent prétendre à héberger des tigres : il s'agit du parc national royal de Chitwan et des réserves royales de faune de Bardia et de Shukla Phanta. Le tigre est présent dans dix-neuf réserves en Thaïlande, quatorze aires protégées du Viêt Nam, cinq réserves à Sumatra, trois réserves en Russie et une en Chine.

Parmi les mesures prises pour protéger les tigres, on peut citer la création d'une plantation de bois de chauffage et de bois d'oeuvre par le WWF, l'Association des usagers de la zone tampon et le parc national du Chitwan, afin de limiter l'utilisation des ressources forestière du parc par les villages environnant. Ainsi, la pression sur l'environnement du tigre est allégée et les rencontres homme/tigre plus rares. Mais la cohabitation n'est pas aussi harmonieuse partout. En 2002, ce n'est que grâce à l'intervention du WWF que le Kelantan ne s'est pas lancé dans une campagne d'éradication du félin. En Inde, lorsque des tigres s'attaquent à du bétail, les éleveurs touchent une compensation. Mais celle-ci, de faible valeur et versée tardivement, est peu efficace. Enfin, des déplacements d'animaux peuvent être envisagés, comme à Sumatra après la mort de 6 personnes suite à des attaques de tigres, mais la méthode n'a pas encore prouvé son efficacité.

Présence ex situ

Les roulottes de cirque sont bien souvent trop exiguës pour y loger des tigres.

L'élevage conservatoire permet de maintenir une population de tigres vivante quoi qu'il arrive à la population sauvage, mais également, grâce à l'affection du public pour cette espèce de soutenir les programmes de protection in situ : par exemple, la campagne Tigre, troisième campagne de protection de la vie sauvage menée par l'association européenne des zoos et aquariums (EAZA), a permis de récolter plus de 700 000 € pour l'association 21st Century Tigers. Une autre action des zoos est de permettre des actions de recherche sur le tigre afin de mieux connaître sa biologie. Toutefois, les tentatives de réintroduction de tigres nés en captivité n'ont pas été couronnées de succès.

Afin de garder l'espèce en vie de façon pérenne, les zoos s'organisent pour maintenir la variabilité génétique des spécimens captifs. Le tigre de Sibérie et celui de Sumatra font l'objet d'un programme européen d'élevage (EEP). Ces deux sous-espèces ainsi que la sous-espèce indochinoise font également partie d'un programme américain pour les espèces menacées (SSP).

Le tigre se reproduit très bien en captivité, ce qui conduit certains zoos à utiliser des moyens de contraception pour réguler les populations, et parfois l'euthanasie. Il est probable que les tigres en captivité soient plus nombreux que les tigres sauvages, si on prend en compte les individus issus d'hybridation entre sous-espèces. En 2004, le studbook international compte 660 tigres. Le 19 mars 2009, un peu plus de 1 400 tigres sont inscrits sur la base ISIS : parmi ceux-ci, plus de 400 tigres de Sibérie, presque 300 tigres du Bengale, plus de 200 tigres de Sumatra et une cinquantaine de tigres de Malaisie et de tigres d'Indochine et pour finir, 390 tigres à l'origine non spécifiée ou issus d'hybridation.

Les tigres sont également des animaux très prisés dans les zoos privés, où les conditions de détention sont parfois contraires aux droits des animaux : ces tigres souffrent souvent de problèmes nutritionnels ou font l'objet d'un élevage intensif. Les ménageries des cirques contiennent également de nombreux tigres pour les spectacles de domptage : les conditions de détention de ces animaux sont également décriées par les associations de droit des animaux, qui dénoncent des cages trop exiguës et des méthodes de dressage violentes. Toutefois, des parcs pour animaux retraités du cirque existent, comme celui du cirque Pinder.

Enfin, il existe des centres d'élevage en captivité dont la seule préoccupation est d'accroître le nombre de ces félins à des fins commerciales : par exemple, un tigre blanc peut se vendre à 60 000 $. En Chine, ces centres d'élevage, couramment appelés « fermes d'élevage », sont apparus lors de l'interdiction du commerce de parties de tigre en 1993. Il s'agissait alors d'un investissement spéculatif dans l'espoir que cette interdiction soit levée ; ils pratiqueraient le trafic d'os et d'organes de tigres. Les quelque 5 000 tigres ainsi élevés étant devenus un gouffre financier, les propriétaires de ces fermes d'élevage ont alors fait pression pour que l'interdiction soit levée, au moins uniquement pour la Chine, mais la CITES a rejeté leur demande lors de la 14e réunion des Parties en 2007.

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