La théorie de la décision est une théorie de mathématiques appliquées ayant pour objet la prise de décision en univers risqué.
En présences de choix, la théorie des probabilités propose de calculer les espérances mathématiques de gain et d'opter pour le choix qui maximise cette espérance de gain. Cependant ce procédé a plusieurs limites. La théorie de la décision vise à apporter une réponse à ces cas limites.
D'autre part, dans de nombreux cas, les gains ne sont pas quantifiables (voir l'exemple du pari de Pascal, ou de l'assurance vie), difficilement mesurables (comme les catastrophes) ou difficilement comparables. Là encore, la théorie de la décision cherche à apporter des réponses, à établir des préférences.
En théorie de la décision, on distingue le risque de l'incertitude. Le risque désigne une situation dans laquelle les distributions de probabilités sur les résultats existent et sont connues des agents : c'est par exemple le cas du loto ou d'un lancer de dés. L'attitude vis-à-vis du risque d'un décideur est cruciale pour comprendre son comportement face à des situations risquées. Considérons le choix de participer à un jeu où le joueur a une chance sur dix de gagner cent fois sa mise. L'espérance de gain est très positive et tout joueur serait prêt à miser 1 euro ; mais qui ferait le choix de jouer si la mise obligatoire était toute la fortune du joueur ? Dans le premier cas, on parlera d'aversion pour le risque et dans le second cas, de préférence pour le risque. Le comportement normal est une certaine aversion au risque.
Si les situations de risque constituent, dans la vie courante, des situations assez marginales, l'incertitude est en revanche omniprésente. Elle désigne les situations dans lesquelles les distributions de probabilités n'existent pas ou ne sont pas connues des agents. C'est par exemple le cas d'une course de chevaux : sur quel cheval parier sachant que l'on ne connaît pas la probabilité qu'a chaque cheval de gagner ? La théorie de la décision est également capable d'apporter des réponses à ce type de situation.
L'utilité espérée a été élargie dès 1954 par L.J. Savage aux situations incertaines. Son axiomatisation comporte six axiomes lorsque l'ensemble Ω est fini. Un axiome "clé" est le suivant :
Axiome (Principe de la chose sûre).
En addition aux hypothèses "standards" (préordre complet, monotonie, continuité), cet axiome permet à la relation de préférences d'être représentée par une fonction SEU(.) tel que
Bien que séduisant par sa simplicité et sa relative souplesse d'utilisation comparée à d'autres approches, le modèle de l'utilité espérée dans l'incertain a fait l'objet de plusieurs critiques expérimentales. La principale est liée au principe de la chose sûre, qui neutralise l'impact de l'ambiguïté sur les préférences, comme le suggère l'exemple suivant, qui constitue une variante du paradoxe d'Ellsberg (1961).
Exemple(Paradoxe d'Ellsberg). Un individu est face à une urne contenant 30 boules rouges, et 60 boules bleues ou vertes, sans information supplémentaire sur le nombre exact de boules vertes d'une part, de boules bleues d'autre part. La probabilité d'obtenir une boule rouge, notée P(R) ,est donc connue et égale à
Dans le choix "a contre a'", on observe généralement
et
D'autres modèles, appelées "Non-Expected Utility" modèles, ou modèles non-additifs, ont donc été axiomatisés dans l'incertain pour résoudre ce type de paradoxe.