et cette relation peut être rapidement vérifiée dans ce cas. De plus le théorème de Cayley-Hamilton permet de calculer les puissances d'une matrice plus simplement que par un calcul direct. Reprenons la relation précédente
A2 − 5A − 2I2 = 0
A2 = 5A + 2I2
Ainsi, par exemple, pour calculer A4, nous pouvons écrire
On peut également utiliser la relation polynomiale initiale A2 − 5A − 2I2 = 0 pour prouver l'inversibilité de A et calculer son inverse. Il suffit en effet de mettre en facteur une puissance de A là où c'est possible et
A(A − 5I) = 2I2
ce qui montre que A admet pour inverse
Abstraction et généralisations
La preuve donnée ci-dessus n'utilise que les propriétés d'anneau commutatif du corps K, puisqu'elle ne comporte pas de division par des éléments de cet anneau mais s'appuie juste sur la formule de Laplace, valide pour une matrice à coefficients dans n'importe quel anneau commutatif B. On peut donc généraliser le théorème de Cayley-Hamilton à ce cas, en utilisant la formule de Laplace pour des matrices à coefficients dans l'anneau B = R [X], R étant un anneau commutatif quelconque :
Pour toute matrice carrée A de taille nxn à coefficients dans un anneau commutatif R, si l'on note
,
on a :
.
Soit alors M un module de type fini sur cet anneau R (l'analogue de la notion d'espace vectoriel de dimension finie sur un corps, mais sans l'existence de bases : M a seulement des familles génératrices finies), et soit φ un endomorphisme de M, le théorème de Cayley-Hamilton permet de construire comme suit des polynômes en φ qui s'annulent sur M : soit (e1, e2, ... , en) une famille génératrice de M. On peut trouver des éléments aij de R tels que
et on note A la matrice nxn formée de ces coefficients. Cette matrice n'est pas unique, même pour une famille génératrice fixée, puisqu'on n'a pas supposé libre cette famille. Néanmoins, de la formule pA(A) = 0 on déduit que
.
Parmi les multiples démonstrations du théorème de Cayley-Hamilton dans le contexte des anneaux commutatifs, soulignons l'élégance de la démonstration générique, dont le principe est abstrait mais courant en algèbre : elle repose sur la remarque que l'équationpA(A) = 0 est une équation polynômiale universelle en les coefficients de la matrice A (carrée de taille n fixée). C'est-à-dire que pA(A) = U(ai,j) pour toute matrice A de coefficients ai,j dans n'importe quel anneau commutatif, où U(Yi,j) désigne une certaine matrice carrée de taille n à coefficients dans l'anneau de polynômes à n2 indéterminées
(cette matrice universelle U est indépendante de A et résulte juste des formules de développement du déterminant et des puissances de matrices). Pour démontrer le théorème pour n'importe quelle matrice A dans n'importe quel anneau commutatif, il suffit donc de vérifier que cette matrice U(Yi,j) est nulle, c'est-à-dire de démontrer le théorème pour une seule matrice : la matrice Y dont les coefficients sont les Yi,j, éléments de l'anneau R.
Soit
(ainsi,
), et soit K un corps algébriquement clos contenant R (par exemple le plus petit : la clôture algébrique de son corps des fractions).
Le polynômeV(X) est à racines simples dans K car son discriminant est non nul. En effet, puisque le résultant de deux polynômes de degrés donnés s'écrit comme un polynôme universel en leurs coefficients, le discriminant de V(X) s'écrit lui aussi comme un polynôme universel
tel que pour toute matrice A, le discriminant de det(XIn − A) soit égal à W(ai,j). Or il existe des matrices A pour lesquelles
: par exemple la matrice diagonale à coefficients entiers, de diagonale 1, 2, ... , n.
La matrice Y est donc diagonalisable sur K : Y = PDP− 1 avec P inversible et D diagonale, donc pour D le théorème de Cayley-Hamilton est immédiat, ce qui permet de conclure :