Tariq Ramadan - Définition

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Œuvre

Sa pensée

Tariq Ramadan se fait connaître en France en 1994, après la publication d'un ouvrage intitulé Les musulmans dans la laïcité. Il plaide pour que les musulmans vivant en Occident ne se considèrent plus comme des étrangers, ou comme des résidents temporaires mais comme des citoyens à part entière. Selon lui, ce changement de mentalité doit éviter toute aliénation : il réclame le droit d'« être musulman européen » (titre d'un autre de ses livres), demandant aux parents immigrés de ne pas confondre culture et religion. Dans son livre « Peut-on vivre avec l'islam » il dit que le musulman ne se définit pas par ses croyances mais par ses pratiques, et que la pratique régulière, et en toute légalité, des rites islamiques en Europe, est à l'origine de tensions sociales parce qu'elle est ressentie comme un refus d'intégration plutôt que le contraire - contraire qui est l'auto-détermination en tant que musulman européen. Il considère que les musulmans devraient être des citoyens actifs, et agir contre l'injustice dans le cadre des différentes associations (syndicats, parents d'élève etc). Il ressent une sympathie avec certaines des analyses de Karl Marx (« Je n'arrête pas de dire qu'on a trop vite fait d'enterrer Marx »).

Ramadan déclare ne voir aucun conflit entre « être musulman » et « être un citoyen à part entière » dans les pays occidentaux. Il préconise aussi que les intellectuels musulmans occidentaux soient versés dans les manières occidentales, et non uniquement dans des études religieuses provenant de pays musulmans.

Tariq Ramadan enseigne un respect du Coran, lui-même entendu selon une lecture qui d'abord respecte la tradition et son sens fondamental, pour la distinguer d'une autre lecture, rationaliste, et qui pourrait s'accorder avec la tradition du rationalisme occidental et chercherait à s'accorder avec celle-ci. Pour lui le plus important, c'est l'effort d'interprétation - ijtihad - que doivent accomplir les musulmans, ne pas avoir une lecture du Coran littérale, mais au contraire, prendre compte du contexte historique et actuel des lois et traditions islamiques. En effet, il déclare par exemple, en novembre 2003 sur la radio Beur FM : « Il y a la tendance réformiste rationaliste et la tendance salafie au sens où le salafisme essaie de rester fidèle aux fondements. Je suis de cette tendance-là, c'est-à-dire qu'il y a un certain nombre de principes qui sont pour moi fondamentaux, que je ne veux pas trahir en tant que musulman. »

Dans son livre Les Musulmans dans la laïcité (éd. Tawhid), il écrit : « Un musulman, résident ou citoyen, doit se considérer sous l'effet d'un contrat à la fois moral et social avec le pays où il séjourne. En d'autres termes, il se doit d'en respecter les lois. » Il est notamment critiqué par la journaliste et essayiste Caroline Fourest qui, dans son ouvrage Frère Tariq, rapporte que Tariq Ramadan, dans une cassette intitulée Vivre en Occident, estime qu'un musulman doit observer les lois du pays où il habite seulement dans la mesure où celles-ci ne s'opposent pas à un principe de l'islam. Tariq Ramadan soutient à ce sujet qu'il précise ultérieurement, dans la même cassette, que c'est le cas des démocraties occidentales.

Tariq Ramadan considère que le Hamas ne devrait pas être qualifié d'organisation terroriste par l'Union Européenne. Au printemps 2009, il a signé la pétition de la Belge Nadine Rosa-Rosso intitulé : Appel pour le retrait du Hamas de la liste européenne des organisations terroristes. Pour résoudre le conflit israélo-palestinien, Tariq Ramadan s'est déclaré personnellement en faveur non de la solution dite de « deux États pour deux peuples », mais en faveur « d'un seul État, dans lequel tout le monde vit ».

La société plurielle est un fait

Dans son ouvrage Mon intime conviction publié en 2009, et pour lequel l'auteur recevra une étoile de distinction dans le Publishers Weekly, Ramadan explique qu'il refuse de jouer à ces jeux réducteurs, où il s'agit de dire clairement et sans nuance, si l'on est d'abord musulman, ou d'abord Européen. D'après lui, la question n'a pas de sens. « Dans l'ordre religieux et philosophique, celui qui donne sens à la vie, l'être humain est d'abord athée, bouddhiste, juif, chrétien et musulman : son passeport, sa nationalité ne répondent pas à la question existentielle. Quand il faut voter pour un candidat, l'individu a une identité citoyenne, et il est d'abord un Américain, un Italien, un Français ou un Britannique s'engageant dans les affaires de son pays. Selon l'ordre ou le champ d'activité, l'individu a donc d'abord telle ou telle identité, sans que cela soit contradictoire. » À titre d'illustration, il explique qu'un poète végétarien interviendra, dans un cercle de poésie, en sa qualité de poète, mais s'identifiera ensuite comme un végétarien, quand il passera à table.

Ramadan va encore plus loin dans la définition de son identité personnelle. « Depuis longtemps, je répète aux musulmans et à mes concitoyens que je suis suisse de nationalité, égyptien de mémoire, musulman de religion, européen de culture, universaliste de principe, marocain et mauricien d'adoption. »

Pour Ramadan la société plurielle et pluraliste est un fait. Il ne s'agit plus d'être pour ou contre, mais de faire avec. « Le défi de la diversité exige des solutions pratiques et impose aux citoyens, aux intellectuels comme aux représentants religieux, de développer un esprit critique et nuancé, toujours ouvert à l'évolution, à l'analyse et, bien sûr, à l'autocritique. Faire entendre ses propres exigences tout en sachant écouter l'autre, concevoir le compromis tout en refusant la compromission, affronter les certitudes ancrées et les esprits rigides ou dogmatiques dans tous les camps, et surtout parmi sa famille culturelle et religieuse : tout cela n'est pas facile et exige temps, patience, empathie et détermination. »

Un médiateur entre les univers occidental et islamique

Ramadan explique qu'il s'intéresse à ces questions depuis plus de deux décennies, essayant de « construire des ponts, d'expliquer et de faire mieux comprendre l'islam au monde musulman autant qu'à l'Occident ».

Il se voit dans le rôle de médiateur entre les univers occidental et islamique, entre leurs cultures et leurs croyances religieuses respectives. Il assume pleinement sa religion musulmane et sa culture occidentale, et affirme que « les valeurs et les espoirs communs sont plus essentiels et plus nombreux que les différences. » Son objectif est « de montrer, théoriquement autant que pratiquement, que l'on peut être tout à la fois pleinement musulman et occidental et que, au-delà de nos différences apparentes, nous partageons beaucoup de valeurs à partir desquelles le « vivre ensemble » est possible dans nos sociétés pluralistes, multiculturelles, et où coexistent plusieurs religions. »

Un message, il le sait bien, « difficile à faire entendre en ces temps de débats passionnés, où les voix se confondent et la surdité se généralise. »

« Un médiateur », explique-t-il, « est un pont, et un pont n'appartient jamais à une seule rive. Il est toujours un peu trop de « l'autre côté », toujours soupçonné de « double » loyauté. Ainsi, j'étais toujours « un peu trop occidentalisé » pour certains musulmans, et « un peu trop musulman » pour quelques Occidentaux. Des deux côtés de la rivière, le médiateur doit donc prouver sa pleine appartenance. Lorsque la passion et l'émotivité l'emportent et colonisent les débats, l'intervention nuancée, critique et autocritique, devient suspecte, et la nuance est vite perçue comme de l'ambiguïté. Le médiateur se voit l'objet de projections qui sont parfois dues à une longue histoire, à des contentieux et des traumas profonds. Rien n'est simple : vous vous faites des « ennemis » des deux côtés, et l'on vous traite parfois de traître ou de « vendu », voire de manipulateur adepte du « double discours ».

Mais, Ramadan ne se décourage pas pour autant. Il est bien décidé, plus que jamais, à continuer son action, dans le but d'ébranler les certitudes qu'il faut remettre en question, de replacer dans leur propre perspective certaines croyances, de confronter les préjugés, et de remettre en cause les conclusions simplistes, d'où qu'elles viennent. Il est encouragé dans son action, du fait qu'il voit poindre de nouvelles dynamiques, de plus en plus de femmes et d'hommes « refusant la polarisation, les simplifications, les manipulations et les exclusions » et bien décidés à construire l'avenir, « sans naïveté, mais avec confiance et détermination ».

Position sur l'identité nationale

Quid, alors, de la question de l'identité nationale, qui fait l'objet d'un débat vif et récurrent, tant au sein des communautés musulmanes dans les pays occidentaux, qu'au sein des cercles politiques et sociaux de ces mêmes pays ? Pour Ramadan, il s'agit d'un faux débat. Il s'explique : « Nous avons des identités multiples et en mouvement, et rien ne s'oppose (religieusement, légalement ou culturellement) à ce qu'une femme ou un homme soit à la fois européen(ne) ou américain(e) et musulman(e). L'islam est bien sûr un et unique sur le plan des principes religieux fondateurs, mais il intègre diversité d'interprétations et pluralité des cultures. Son universalité provient d'ailleurs de cette capacité à intégrer la diversité dans son unicité fondatrice. »

Le problème résulte du fait qu'il existe « une confusion de taille entre le donné culturel et la référence religieuse : pour beaucoup, être et rester musulmans signifie être musulmans comme ils l'avaient été au Maroc, en Algérie, en Egypte, au Liban, au Pakistan ou en Turquie. […] Pour beaucoup, … il ne pouvait être question de prendre la nationalité du pays d'accueil puisqu'un jour ils retourneraient « chez eux ».

Mais, une ou deux générations après l'arrivée des premiers immigrés musulmans dans les pays occidentaux, en Europe et en Amérique, les choses ont, déjà, radicalement changé. La deuxième génération, puis la troisième, se sont imprégnées de la langue et de la culture du pays natal occidental, se considérant, sur le plan culturel, comme des Français, des Britanniques, des Américains ou des Canadiens. Ils se sentent chez eux dans cet environnement occidental, y font leur vie en fonction de leurs capacités et de leurs ambitions, et essaient d'y préparer un avenir encore meilleur pour leurs enfants.

« Les nouvelles générations sont, dans leur grande majorité, pleinement musulmanes quant à la religion, et pleinement occidentales quant à la culture. Cela ne leur pose aucun problème, » observe Ramadan.. « L'islam occidental est aujourd'hui une réalité. »

Sur le plan religieux, la sécularisation et la laïcité qui prévalent dans les pays occidentaux assurent le pluralisme religieux. Les droits fondamentaux des individus en matière de liberté de conscience et de liberté de culte sont reconnus et protégés par les lois nationales. Les citoyens musulmans peuvent, de ce fait, librement exercer leur culte, à l'instar de toutes les autres religions pratiquées dans le pays. Ils doivent, en cas de besoin, s'assurer qu'à l'application, un traitement juste et égalitaire est effectivement respecté entre les différentes religions. En contrepartie, ils doivent, de leur côté, respecter ces lois, évidemment. Pour Ramadan, « il appartient aux individus musulmans d'être – et de devenir – des citoyens engagés qui connaissent leurs responsabilités et leurs droits. Dépassant le réflexe minoritaire ou la tentation victimaire, ils ont les moyens d'accéder à une nouvelle ère de leur histoire. En effet, pour ceux qui sont nés en Occident – ou qui y sont des citoyens -, il n'est plus question d'« immigration », « d' « installation » ou d'« intégration », mais bien de « participation » et de « contribution ».

« J'affirme », souligne-t-il emphatiquement, « que nous sommes passés, et que nous devons passer, à l'ère du discours de la « post-intégration » : il faut désormais établir un sens profond et assumé de l'appartenance. C'est le nouveau " nous " que j'appelle de mes voeux, et qui déjà est une réalité dans certaines expériences locales. »

Les défis que les Occidentaux musulmans doivent relever

Dans Mon intime conviction, Ramadan passe en revue, entre autre, les défis auxquels les musulmans sont confrontés dans les pays occidentaux. Les vrais défis se situent, pour lui, dans de tous autres domaines que ceux des mosquées, des imams ou des écoles privées musulmanes.

En tout premier lieu se pose la question de la charia.

D'après lui, cette dernière n'est ni un « système », ni un « corps de lois islamiques fermées », mais bien plutôt la « Voie de la fidélité aux objectifs de l'Islam » (qui sont de protéger la vie, la dignité, la justice, l'égalité, la paix, la nature, etc.). Toutes les lois qui protègent la vie et la dignité humaines, promeuvent la justice et l'égalité, imposent le respect de la nature, etc. sont, d'après Ramadan, « ma shari'a appliquée dans ma société même si celle-ci n'est pas majoritairement musulmane ou que ces lois n'ont pas été pensées et produites par des savants musulmans. Je suis dans la Voie puisque ces lois me permettent d'être fidèle à ses objectifs fondamentaux et donc d'être fidèle au message et aux principes de l'islam. »

En deuxième lieu, les musulmans qui sont déjà des citoyens d'un pays européen ne doivent plus se laisser traiter de « minorités » car, souligne Ramadan, il n'existe pas, en droit européen, de « citoyenneté minoritaire » ! Ils sont des citoyens à part entière, quelle que soit leur religion et leur culture. Ils doivent donc lutter contre cette mentalité de « minoritaires » et s'inscrire pleinement dans la participation citoyenne sur un pied d'égalité avec la « majorité » de la population. Ils doivent établir clairement qu'ils sont chez eux en Occident, et qu'il s'agit de suivre la Voie de la fidélité aux principes supérieurs de l'islam ici comme ailleurs. Ils doivent, de cette manière, se prendre en charge et se libérer de la mentalité de victime.

Au lieu de blâmer constamment « la-société-qui-ne-nous-aime-pas », « l'islamophobie », ou encore le « racisme », justifiant ainsi leur passivité face aux défis auxquels ils sont confrontés, ils doivent « s'engager en tant que citoyens et lutter contre les injustices, le racisme, la discrimination, les discours populistes de stigmatisation et les hypocrisies. »

Ils ne doivent pas, à cet égard, se limiter aux questions qui concernent spécifiquement la religion ou la communauté musulmanes, mais s'intéresser plus généralement à toutes les questions de société qui concernent l'ensemble de la population (telles que les questions sociales, l'enseignement, le chômage et l'emploi, la délinquance, la violence urbaine, les activités des partis politiques, les relations internationales, etc...)

Ils doivent également repenser l'éducation islamique donnée à leurs enfants, tant dans son contenu que dans sa forme, afin de la replacer dans le contexte de leur environnement occidental, en tenant spécifiquement compte des nombreux défis qui se posent aux musulmans d'Occident. Ils doivent, dans ce contexte, se préoccuper de comprendre les facteurs qui poussent les jeunes à adopter des interprétations extrémistes de la religion, voire à s'engager parfois dans des actes de violence.

Les droits légitimes de la femme musulmane

Ramadan précise, d'emblée, que « l'islam n'a pas de problème avec les femmes » mais les musulmans ont effectivement de sérieux problèmes avec elles. A son avis, les théologiens ont procédé, au cours des siècles, à une lecture littéraliste du Coran et des traditions du Prophète. Ils ont figé le Texte hors de son contexte, ne tenant guère compte, ce faisant, des finalités du message global de la Révélation.

Les coutumes et traditions ont été confondues avec les prescriptions religieuses, et on en est arrivé à justifier des pratiques culturelles qui n'étaient pas « islamiques » telles que l'excision des femmes, les mariages forcés ou les crimes d'honneur.

Ramadan estime que les femmes doivent s'engager elles-mêmes dans un travail critique approfondi de leur situation dans la communauté musulmane, « en acquérant les connaissances religieuses nécessaires pour développer des lectures féminines nouvelles. Il faut qu'elles soient présentes dans les espaces de décision de la communauté religieuse, dans les organisations, les conseils de gestion des mosquées, etc. On doit bousculer les choses pour que les femmes trouvent leur juste place, mais elles doivent aussi se mobiliser : elles n'obtiendront rien si, de leur côté, elles cultivent une attitude de victimes. On le voit aujourd'hui, partout où les femmes ont accès à l'instruction, à l'éducation islamique, et même à l'engagement communautaire et social, elles font mieux que les hommes : meilleurs résultats, plus d'engagement, plus de rigueur et de sérieux. La réalité et les chiffres parlent d'eux-mêmes. »

Les femmes doivent avoir accès au travail et obtenir un salaire égal à celui des hommes, à compétence égale. Les discriminations à l'emploi des femmes, pour les raisons les plus diverses, doivent être refusées et combattues. Ce combat pour la reconnaissance des droits des femmes musulmanes doit être mené de l'intérieur du système islamique pour avoir quelque chance de succès, et doit mobiliser les efforts de l'ensemble des membres de la communauté. Les hommes doivent accepter, cet égard, le fait que « garantir la liberté de la femme signifie accepter que celle-ci puisse faire un choix que l'on comprend ou un autre que l'on ne comprend pas ».

Le message central de Mon intime conviction

Ramadan explique, à l'intention des nouvelles générations de musulmans nés et élevés dans les pays occidentaux, qu'ils sont, sur le plan du droit, et doivent se considérer, sur le plan affectif, comme des citoyens à part entière de ces pays. Ils doivent donc aimer le pays où ils sont nés, respecter ses lois et ses institutions, et y participer à la vie politique et sociale à l'instar de tous les autres citoyens. Grâce aux lois sur la laïcité qui existent dans ces pays, ils ont une pleine liberté d'exercice de leur culte, à l'instar de toutes les autres communautés. Pour tout le reste, ils sont des citoyens comme les autres. Ils doivent, en particulier, prendre leur destin en main, et essayer activement de résoudre les problèmes auxquels ils peuvent se trouver confrontés dans leur vie quotidienne, au lieu d'attendre des autorités institutionnelles qu'elles trouvent les solutions idoines.

Ramadan invite, par ailleurs, les citoyens des sociétés occidentales à revoir en profondeur le regard et les jugements qu'ils portent sur les musulmans qui vivent dans les pays occidentaux. Les autorités politiques doivent, à cet égard, cesser de confondre les problèmes sociaux, qui réclament des solutions politiques, avec les questions associées à des considérations religieuses, telles que celles relatives au foulard, aux lieux de culte, aux imams, etc... Elles doivent étudier sans parti pris, sans préjugés, sans a priori, les problèmes fondamentaux dont les musulmans se plaignent, dans leur vie quotidienne, tels que ceux du travail et du chômage, du logement, de la santé, de l'éducation, de la marginalisation, de la pauvreté, de l'insécurité, etc... et essayer de leur trouver des solutions adéquates, dans un esprit de solidarité nationale et de compréhension. « L'Occident, en même temps qu'un dialogue avec « l'autre », doit engager un dialogue avec lui-même – sérieux, profond et constructif. »

Sur l'antisémitisme

Dans la tribune du Monde du 24 décembre 2001, Tariq Ramadan écrit :

« Des propos malveillants, des " À bas les juifs ! " fusant dans certaines manifestations, voire des exactions contre les synagogues, ont pu être enregistrés dans différentes villes de France. Plus généralement, on a pu entendre ici et là des propos ambigus sur les juifs, leur pouvoir occulte, leur rôle insidieux dans les médias, leur sombre stratégie... Après le 11 septembre 2001, les fausses rumeurs sur les 4 000 juifs qui ne se seraient pas présentés à leur poste le matin des attaques contre les World Trade Center ont été relayées jusque dans les banlieues (...). Les musulmans, au nom de leur conscience et de leur foi, se doivent de prendre une position claire en refusant qu'une atmosphère délétère s'installe en France. Rien dans l'islam ne peut légitimer la xénophobie et le rejet d'un être humain par le seul fait de sa religion ou de son appartenance. Ce qu'il faut dire avec force et détermination, c'est que l'antisémitisme est inacceptable et indéfendable. Le message de l'islam impose le respect de la religion et de la spiritualité juives, considérées comme la noble expression des "gens du Livre" ».

Sur la loi sur les signes religieux

Sur la laïcité, Tariq Ramadan déclare : « Ma pensée a évolué. Je considère que la loi de 1905 convient parfaitement à l'intégration de l'islam. Il suffit de l'appliquer de manière simple et égalitaire. »

Peu après, Tariq Ramadan intervient dans les débats concernant la loi française sur les signes religieux : avant le vote de ladite loi, il engage ceux qui le suivent à s'opposer à cette loi, au nom de l'islamophobie supposée de celle-ci. Dans un texte paru sur oumma.com, il déclare : « La lutte que nous sommes en train d’entamer sera longue et elle exige une vision claire des enjeux globaux présents et futurs. (…) il faut se lever aujourd’hui et s’opposer à ce projet de loi discriminatoire et insensé ».

Au moment où ce débat a lieu dans le pays est organisée une rencontre télévisée entre lui et le ministre de l'Intérieur - à l'époque, Nicolas Sarkozy - lors de l'émission 100 Minutes pour convaincre. Sur le thème du voile islamique à l'école, lorsque Nicolas Sarkozy lui demande s'il peut demander que les élèves musulmanes portent seulement un signe discret d'appartenance, Tariq Ramadan répond « elles peuvent enlever le voile » ; alors que Sarkozy le coupe en demandant « on peut, ou on doit ? », T. Ramadan de répondre que le point de vue de Nicolas Sarkozy « ne correspond pas à la loi de 1905 » ni à l'arrêt du Conseil d'État de 1989.

Sur les châtiments corporels

Sur le thème de la lapidation, il affirme : « Je demande un moratoire pour qu'on cesse l'application de ces peines-là dans le monde musulman. Ce qui compte, c'est de faire évoluer les mentalités. Il faut un discours pédagogique. » Il le rappelle en 2007, dans un débat avec Philippe de Villiers, dans l'émission française Ripostes. Tariq Ramadan condamne les lapidations dans cette même émission et déclare : « La position qui est la mienne aujourd'hui, c'est de faire en sorte que dans le monde musulman, on puisse cesser cela tout de suite. » À l'occasion de la même émission et pour être plus précis encore, c'est contre tous les châtiments corporels que Tariq Ramadan s'est opposé à savoir donc la lapidation contre les femmes, mais aussi contre les hommes ; contre la peine de mort et contre la torture.

Il défend sa position de moratoire en arguant ainsi : « Les pays musulmans prennent ces textes très au sérieux [...] il ne suffit pas de condamner pour faire avancer les choses [...] il faut ouvrir le débat et trouver une pédagogie [...] Ma position est l'arrêt total des châtiments corporels. »

Sur l’homosexualité

Sur l’homosexualité, Tariq Ramadan rappelle que l’islam condamne l’homosexualité au même titre que les autres religions ou que la pensée freudienne (qui parle de « perversion », de « contre nature » et d’« expression d’un déséquilibre »). Cependant pour Ramadan « on peut être en désaccord avec le comportement d’une personne (sur le plan public ou privé) mais respecter la personne en tant qu’être. » « Une personne qui prononce l’attestation de foi islamique devient musulmane et si, par ailleurs, elle pratique l’homosexualité, il n’appartient à personne de la sortir de l’islam. Un comportement considéré comme répréhensible par les règles morales ne suffit pas à excommunier un individu. »

Sur le mariage mixte

Sur le mariage mixte, Tariq Ramadan rappelle qu’il existe deux dimensions : le mariage entre deux personnes de religions différentes et l’union de deux cultures différentes. Tariq Ramadan rappelle l’unanimité des savants musulmans sur la première dimension, le musulman peut se marier avec une juive ou une chrétienne et la musulmane ne peut se marier qu'avec un musulman. Néanmoins, il ajoute que les musulmans ne doivent en aucun cas frapper d’ostracisme une femme musulmane qui se marie avec un non-musulman « elles sont et demeurent musulmanes et il n’y a lieu ni de les condamner ni de les juger ». Quant à l’union de deux cultures différentes Tariq Ramadan rappelle la difficulté de construire un couple à travers des cultures différentes et appelle à la prudence et au discernement mais il ajoute que « chacun est en droit de faire librement ces choix et ceux-ci doivent être respectés. »

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