La taille des arbres fruitiers est une technique d'arboriculture fruitière consistant à tailler les branches et rameaux des arbres fruitiers pour leur donner une forme particulière permettant d'améliorer leur fructification en optimisant leur exposition à la lumière.
En effet, l'évolution naturelle d'un arbre fruitier conduit bien souvent au développement d'un houppier très ramifié au détriment de la fructification : les fruits sont de moins en moins nombreux et de plus en plus petits.
Après une taille de formation, l'arbre dispose d'une ramification plus aérée limitant la vulnérabilité aux maladies cryptogamiques (moniliose, fumagine) et facilitant la photosynthèse qui aboutira à de beaux et gros fruits.
Chaque espèce, voire chaque variété, obéit à des principes propres mais on distingue deux catégories principales d'arbres fruitiers :
Traditionnellement, la conduite de l’arbre consiste à « construire » ce dernier, c’est-à-dire à lui donner une forme architecturale précise afin de mieux contrôler sa croissance et sa mise à fruit. Il s’agit d’établir une structure forte de l’arbre par la taille de formation (sans tenir compte de la spécificité de la variété taillée) et de contrôler la mise à fruit par la taille de fructification.
Cette pratique de la taille date du XVIIe siècle et a été développée sous l'impulsion de Jean-Baptiste de La Quintinie par les jardiniers des châteaux et des monastères pour des raisons avant tout esthétiques. Ces formes très contraignantes sont restées populaires en Europe jusqu'au milieu du XXe siècle, avant d'être remplacées par des formes plus libres nécessitant moins de taille.
La taille trigemme (trigemme veut dire "à trois bourgeons) qui consiste à tailler les rameaux en ne laissant que trois yeux, était souvent utilisée en France pour ce genre de taille traditionnelle. Mais aucun arbre, aucune variété n'est semblable à l'autre, il est donc difficile d'utiliser une méthode unique. La taille trigemme peut être utilisée principalement pour les variétés peu vigoureuses.
Parmi les formes anciennes, on peut citer :
L'inconvénient des anciens types de formations (palmette) et techniques de taille (trigemme) était de ne pas tenir compte de la spécificité de chaque variété.
En effet, difficile de tailler en petite forme une variété à très forte vigueur, sauf si on est prêt à passer beaucoup de temps chaque année à rabattre de façon très importante.
Depuis les années 70, l'INRA a pris en compte les différentes formes de port du pommier et les a classé selon quatre types (Classication Lespinasse) qu'il est important de connaître avant de tenter de structurer l'arbre ou lorsqu'on crée un verger afin de choisir les variétés adaptées à l'espace disponible.
Les techniques de taille ont aujourd'hui évolué vers des formes beaucoup moins artificielles. Désormais, « tailler un arbre, c'est anticiper les processus naturels d'auto-élagage ».
Les arboriculteurs ont testé successivement les techniques suivantes:
En son temps, l'axe vertical a constitué une véritable révolution, car avec son axe (tronc) non rabattu et ses branches non palissées, il allait à l’encontre des pratiques courantes de taille sévère et palissage important pour donner à l’arbre la forme désirée.
A partir de 1995, le « MAFCOT » (collectif informel qui réunit des ingénieurs Inra pour la Maîtrise de la Fructification - Concepts et Techniques) décide de gérer simultanément le problème de la taille et de l'alternance. Le groupe propose une conduite dite « centrifuge ». A la différence d’un simple éclaircissage de jeunes fruits, cette manipulation supprime définitivement la coursonne en laissant un nombre de fruits proportionnel au diamètre de la branche : lorsque les extinctions ont été effectuées (lors de la première année de forte production : troisième ou quatrième année) elles ne sont plus à refaire (exception faite des nouvelles ramifications sur les croissances nouvelles de l’arbre).
L’extinction est bien un type de taille, mais pratiquée à un stade ultérieur du développement de l’arbre, sur les organes directement engagés dans la fructification. Ainsi, elle se différencie des tailles classiques qui agissent sur la structure de l’arbre, le tronc (taille de formation) ou les branches (taille de renouvellement), qui n’ont pas d’équivalent dans le fonctionnement physiologique normal de l’arbre, qui par conséquent réagit en réitérant le tronc ou la branche taillé. L’extinction permet de maîtriser l’alternance et d’éclairer de manière plus optimale et homogène l’ensemble de l’arbre. Pour ce faire, un puits de lumière ou cheminée est créé après extinction systématique au centre de l’arbre. Les fruits sont répartis davantage en périphérie d’où le terme de conduite centrifuge.
« L’arbre est davantage vu comme un ensemble de branches imbriquées en tuile, qui sont autant de capteurs hémisphériques de la lumière. Seule la partie périphérique est fructifère. L’extinction se produit naturellement à partir du centre de l’arbre et progresse de façon centrifuge quand l’arbre vieillit. Dans ce cas, on veille à dégager régulièrement les coursonnes et rameaux situés à l’intérieur de l’arbre. ».