Taille des arbres fruitiers - Définition

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Introduction

Poirier formé en palmette Verrier. Ce type de forme n'est plus utilisée que par les jardiniers amateurs.

La taille des arbres fruitiers est une technique d'arboriculture fruitière consistant à tailler les branches et rameaux des arbres fruitiers pour leur donner une forme particulière permettant d'améliorer leur fructification en optimisant leur exposition à la lumière.

En effet, l'évolution naturelle d'un arbre fruitier conduit bien souvent au développement d'un houppier très ramifié au détriment de la fructification : les fruits sont de moins en moins nombreux et de plus en plus petits.

Après une taille de formation, l'arbre dispose d'une ramification plus aérée limitant la vulnérabilité aux maladies cryptogamiques (moniliose, fumagine) et facilitant la photosynthèse qui aboutira à de beaux et gros fruits.

Types de tailles

Chaque espèce, voire chaque variété, obéit à des principes propres mais on distingue deux catégories principales d'arbres fruitiers :

  • les arbres à pépins (pommiers, poiriers), qui portent des fruits sur des branches anciennes et pour lesquels la taille d'un rameau donné est une opération qui ne donne de résultats tangibles que plusieurs années après. Le principe de base de cette taille est de couper en hiver (hors gelées) tous les rameaux poussant à la verticale. En effet, ces rameaux sont généralement ce qu'on appelle des "rameaux à bois" et ne produisent donc pas de fruits. On les taille donc pour ne laisser que les rameaux poussant à l'horizontale ou vers le bas qui seront, eux, porteurs de nombreux fruits. La taille de fructification peut être complétée de déformation de rameaux (arcure), destinée à accélérer l'évolution des bourgeons en yeux à fruits. L’été, on pratique pincement et taille en vert.
  • les arbres à noyaux (pruniers, pêchers) qui portent des fruits sur des rameaux de l'année précédente et pour lesquels on n'agit que pour la production de l'année à venir, mais en respectant le potentiel de développement des arbres, car les bourgeons latents de ceux-ci perdent en quelques années la faculté de se développer (annulation des yeux).

Evolution des types de taille des arbres à pépins

Les formes anciennes

Exemples de palmettes
A: en U
B: en double u
C: candélabre
D: Verrier
E: en Y
F: en V

Traditionnellement, la conduite de l’arbre consiste à « construire » ce dernier, c’est-à-dire à lui donner une forme architecturale précise afin de mieux contrôler sa croissance et sa mise à fruit. Il s’agit d’établir une structure forte de l’arbre par la taille de formation (sans tenir compte de la spécificité de la variété taillée) et de contrôler la mise à fruit par la taille de fructification.

Cette pratique de la taille date du XVIIe siècle et a été développée sous l'impulsion de Jean-Baptiste de La Quintinie par les jardiniers des châteaux et des monastères pour des raisons avant tout esthétiques. Ces formes très contraignantes sont restées populaires en Europe jusqu'au milieu du XXe siècle, avant d'être remplacées par des formes plus libres nécessitant moins de taille.

La taille trigemme (trigemme veut dire "à trois bourgeons) qui consiste à tailler les rameaux en ne laissant que trois yeux, était souvent utilisée en France pour ce genre de taille traditionnelle. Mais aucun arbre, aucune variété n'est semblable à l'autre, il est donc difficile d'utiliser une méthode unique. La taille trigemme peut être utilisée principalement pour les variétés peu vigoureuses.

Parmi les formes anciennes, on peut citer :

  • Formes basse tige ou coniques :
    • gobelet qui permet de créer un "puits de lumière" au centre de l'arbre (selon l'angle des branches, le gobelet s'appelle vase, entonnoir ou cylindre),
    • pyramide (selon la position des naissances des charpentières, la pyramide s'appelle fuseau, cône, quenouille, toupie ou colonne),
  • Formes en espalier (ou plates, palissées, dirigées ou en palmettes) : haie, palmette (conduite contre un mur en horizontal, vertical ou oblique), contre-espalier (palmette conduite sans mur mais avec treillis), palissage en V (tatura), candélabre, drapeau, cordon. Ce sont des formes anciennes de moins en moins utilisées car elles ne sont pas naturelles et réclament beaucoup d'entretien et d'expertise.

La prise en compte de la variété

L'inconvénient des anciens types de formations (palmette) et techniques de taille (trigemme) était de ne pas tenir compte de la spécificité de chaque variété.

En effet, difficile de tailler en petite forme une variété à très forte vigueur, sauf si on est prêt à passer beaucoup de temps chaque année à rabattre de façon très importante.

Tailler en fonction du port

Classification Lespinasse (1970)
Pommiers formés selon la méthode Solen.
A : Taille centrifuge
B : Mauvaise taille.

Depuis les années 70, l'INRA a pris en compte les différentes formes de port du pommier et les a classé selon quatre types (Classication Lespinasse) qu'il est important de connaître avant de tenter de structurer l'arbre ou lorsqu'on crée un verger afin de choisir les variétés adaptées à l'espace disponible.

  • Type I : Spur vigoureux, la tige centrale n'est pas dominante (tendance acrotonique). Variétés Red Delicious, Early gold.
  • Type II : Spur faible (tendance acrotonique et alternante). Variétés McIntosh, Spartan, Idared, Macoun, reine des reinettes.
  • Type III : Intermédiaire entre basitonique et acrotonique (Jonathan, Golden Delicious, Gala, Jonagold)
  • Type IV : Port pleureur (tendance basitonique peu alternante). Variétés Granny Smith, Reinette du Mans, Belle fleur jaune, Cortland, Rome Beauty.

Les solutions successives

Les techniques de taille ont aujourd'hui évolué vers des formes beaucoup moins artificielles. Désormais, « tailler un arbre, c'est anticiper les processus naturels d'auto-élagage ».

Les arboriculteurs ont testé successivement les techniques suivantes:

  • L’axe vertical : Jean-Marie Lespinasse, spécialiste du pommier à l'INRA, a proposé d'abord en 1975 « l’axe vertical » : un axe (tronc) autour duquel se développent librement les branches fruitières selon le type de fructification de la variété. Alors que dans les anciens vergers, les organes fructifères étaient maintenus par une taille courte sur des rameaux vieillissants, J-M. Lespinasse a préconisé la taille de renouvellement.

En son temps, l'axe vertical a constitué une véritable révolution, car avec son axe (tronc) non rabattu et ses branches non palissées, il allait à l’encontre des pratiques courantes de taille sévère et palissage important pour donner à l’arbre la forme désirée.

  • Le Solen : à partir des années 1980, la technique du « Solen » permet de limiter la hauteur des arbres. Le scion (première pousse verticale d’un jeune arbre de pépinière) est rabattu à hauteur d’homme afin d’obtenir deux pousses qui sont croisées et arquées à l'horizontale. Mais cette technique est mal acceptée par les arboriculteurs car beaucoup trop contraignante en main-d'œuvre (temps et technicité).
  • Le Solaxe : Lespinasse propose alors, en 1990, le « Solaxe » (Solen + Axe), un mélange des deux premières techniques. On laisse pousser l'axe sans jamais le tailler mais en le maintenant toujours à l'horizontale par arcure.
  • La taille centrifuge :

A partir de 1995, le « MAFCOT » (collectif informel qui réunit des ingénieurs Inra pour la Maîtrise de la Fructification - Concepts et Techniques) décide de gérer simultanément le problème de la taille et de l'alternance. Le groupe propose une conduite dite « centrifuge ». A la différence d’un simple éclaircissage de jeunes fruits, cette manipulation supprime définitivement la coursonne en laissant un nombre de fruits proportionnel au diamètre de la branche : lorsque les extinctions ont été effectuées (lors de la première année de forte production : troisième ou quatrième année) elles ne sont plus à refaire (exception faite des nouvelles ramifications sur les croissances nouvelles de l’arbre).

L’extinction est bien un type de taille, mais pratiquée à un stade ultérieur du développement de l’arbre, sur les organes directement engagés dans la fructification. Ainsi, elle se différencie des tailles classiques qui agissent sur la structure de l’arbre, le tronc (taille de formation) ou les branches (taille de renouvellement), qui n’ont pas d’équivalent dans le fonctionnement physiologique normal de l’arbre, qui par conséquent réagit en réitérant le tronc ou la branche taillé. L’extinction permet de maîtriser l’alternance et d’éclairer de manière plus optimale et homogène l’ensemble de l’arbre. Pour ce faire, un puits de lumière ou cheminée est créé après extinction systématique au centre de l’arbre. Les fruits sont répartis davantage en périphérie d’où le terme de conduite centrifuge.

« L’arbre est davantage vu comme un ensemble de branches imbriquées en tuile, qui sont autant de capteurs hémisphériques de la lumière. Seule la partie périphérique est fructifère. L’extinction se produit naturellement à partir du centre de l’arbre et progresse de façon centrifuge quand l’arbre vieillit. Dans ce cas, on veille à dégager régulièrement les coursonnes et rameaux situés à l’intérieur de l’arbre. ».

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