Tachypsychie - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

La tachypsychie (du grec tachy = rapide et psyche = âme) est un symptôme psychopathologique caractérisé par une accélération anormale du rythme de la pensée créant un état de surexcitation.

Sémiologie, nosologie et nosographie psychiatrique

La tachypsychie est, d'un point de vue sémiologique (l'étude des symptômes), un symptôme psychiatrique manifestant une véritable "fuite des idées", une extrême rapidité du "cours de la pensée", entraînant dans la plupart des cas le sujet dans un discours très rapide et souvent incohérent, se mêlant au paralogisme, c’est-à-dire aux argumentations qui, si elles sont de bonne foi, restent souvent fausses ou inappropriées voire confuses, ou alors logiques mais participant au rationalisme morbide de la personnalité psychasthénique et obsessionnelle. La tachypsychie est d'un point de vue nosologique (discours médical sur la maladie) une manifestation très importante car elle permet de repérer la défense maniaque, c'est-à-dire l'intense activité mentale par la production de représentations substitutives permettant au sujet de se protéger contre l'angoisse de la dépression. C'est pourquoi, d'un point de vue nosographique (classement des maladies), la tachypsychie appartient à la psychopathologie de l'accès maniaque des dysthymies de la psychose maniaco-dépressive, c'est-à-dire aux troubles de l'humeur qui caractérisent l'excitation excessive et compulsive du pôle maniaque de la pathologie psychiatrique bipolaire qu'est la maniaco-dépression.

Etiopathogénie Cognitive

(Hypothèse sur les mécanismes et l'étiologie de la maladie d'après les études sur la cognition)

Pour la psychologie cognitive, qui étudie l'ensemble des élaborations et les traitement de l'information par le système nerveux et l'activité mentale, la tachypsychie appartient avant tout à un "frayage" inadéquat d'éléments cognitifs "rectilignisés", c'est-à-dire d'informations qui ont vocation à être directement transmises. Le sujet, au lieu justement de transmettre l'information, s'attache à lui fournir une dynamique propre. Or cette autonomie n'est pas sans impliquer l'ensemble de l'élaboration cognitive à la recherche de la transmission de ce qui a été autonomisé. Cette recherche introduit le sujet dans une "quête" incessante de ce qu'il aurait dû transmettre, c'est à ce moment que l'activité mentale devient trop intense et donc tachypsychique.

Etiopathogénie psychodynamique

(Hypothèse explicative des mécanismes et de l'étiologie de la pathologie d'après une étude d'orientation psychanalytique )

Le patient "tachypsychique" ne prend aucun temps pour s'interroger sur ce qu'il vient d'affirmer et parle à une rapidité assez impressionnante (selon les cas) en associant non ce qu'il pourrait relier à son conflit intrapsychique latent, mais ce que son "désir de maîtrise" et de "toute-puissance symbolique" substitue aux représentations inconciliables pour le sujet. Le moi, face aux grand nombre d'affects de type dépressif mis en branle, trouve un moyen de défense qu'est justement la production de très nombreuses représentations conciliables et plus rationnelles mais néanmoins étrangement intriquées par le fait qu'elles ne sont qu'une parade à l'extrême "bouillonnement" des affects.

La tachypsychie, interrogation clinique

Comment le clinicien peut-il réagir face à ce débordement et cette accélération des processus psychiques ? La tachypsychie entraîne le sujet dans une logorrhée (un flux incoercible de paroles inutiles) épuisante ou une tachyphémie (accélération du discours) et n'est autre qu'un mode de défense paroxystique, un dernier recours pour la psyché de se protéger d'affects peu nombreux mais puissants, protection qui amène l'individu à prendre en charge la tension ressentie par ces affects par une substitution incessante de représentations sans fondements. La véritable représentation étant refoulée.

Cette explication nous montre le cercle vicieux de la tachypsychie car l'écoute attentive du psychologue devient alors un moyen pour le patient de renforcer ses résistances par le mécanisme étiopathogénique central: "la substitution massive et directe". Le travail de" perlaboration", de traversée et dépassement des résistances psychiques, est alors inaccessible par l'écoute d'un espace subjectif singulier. Le praticien (psychologue, psychiatre, psychanalyste) ne peut dans ce cas privilégier l'écoute mais tenter des actions plus stratégiques, une rupture, une intervention plus directe dans le discours du patient, proposer d'utiliser "une symbolique forte" dans les actes du patient et du clinicien et mettre ainsi l'accent sur des éléments sans demander pour autant que le patient les développe. La thérapeutique consiste donc à attirer l'attention sur l'actuel et poser des questions très précises. Le patient doit dès l'abord renouer avec l'évidence, pour ensuite réfléchir véritablement, et tenter une percée plus profonde dans les modalités de la défense maniaque et ses relations inconscientes.

Page générée en 0.071 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise