Systémique - Définition

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Outils et domaines d’application

Les deux systémiques

On distingue couramment deux systémiques (en fait deux apports successifs à l’approche systémique) :

  • La première systémique (née du structuralisme, de la cybernétique, de la théorie de l’information et de l’analyse des systèmes de Bertalanffy) apparaît dans les années 1950 ; elle est centrée sur les concepts de structure, d’information, de régulation, de totalité et d’organisation. Le concept essentiel est sans doute ici celui de régulation, tel qu’il est défini à travers la notion de boucle de rétroaction.
  • La deuxième systémique naît dans les années 1970 et 1980, elle intègre deux autres concepts essentiels : la communication et l’auto-organisation (ou autonomie). À la base du concept d’auto-organisation, on trouve celui de système ouvert développé par Bertalanffy : un système ouvert est un système qui, à travers ses échanges de matière, d’énergie et d’information, manifeste la capacité de s’auto-organiser. La propriété d’auto-organisation existe déjà dans le monde physique, comme l’a montré Ilya Prigogine avec les structures dissipatives (d’énergie). Si l’auto-organisation respecte bien le second principe de la thermodynamique (dans la mesure où elle ne concerne que les systèmes ouverts, capables de créer des boucles de néguentropie, donc essentiellement les êtres vivants, mais aussi les systèmes organisationnels et sociaux), en revanche elle contredit les lois déterministes, qui ne s’appliquent complètement qu’aux systèmes physiques ou chimiques.

Les outils systémiques

  • Le raisonnement analogique : si l’on dépasse la simple idée mathématique d’égalité de rapports, de proportion, l’analogie est le type de raisonnement qui permet de rapprocher des domaines différents. Tenue en suspicion dans la connaissance, elle jouit d’un regain de faveur en partie grâce à la systémique. Les principales formes d’analogie sont :
    • La métaphore.
    • L’isomorphisme : analogie entre deux objets présentant des similitudes structurelles.
    • Le modèle : élaboration d’un cadre théorique, qu’on peut en général schématiser, permettant de décrire et de représenter théoriquement un ensemble de faits. Un modèle peut être constitué à partir d’une métaphore. Ex : Lavoisier, comparant le cœur à un moteur, offre un modèle mécanique de la circulation sanguine.

L’analogie paraît peu fiable au niveau disciplinaire et analytique. En revanche, au niveau interdisciplinaire, elle peut se révéler féconde. Ainsi, elle permet de transposer des notions pertinentes pour un domaine dans d’autres domaines où elles ne le sont pas moins :

  • Les techniques d’aide à la décision (en matière stratégique). Elle viennent de la discipline appelée recherche opérationnelle, consistant dans l’application des méthodes scientifiques d’analyse et des techniques de calcul à l’organisation des opérations humaines. Elle fournit des outils dans trois domaines : la combinatoire, l’aléatoire et la concurrence.
    • La combinatoire : elle intervient quand il faut combiner, dans le processus de décision, un nombre trop importants de paramètres. Ce domaine utilise deux méthodes : l’algorithme, prescription détaillée des opérations à réaliser pour obtenir avec certitude la solution du problème posé ; et la programmation linéaire, cherchant à déterminer les valeurs de variables ou d’activités, en fonction des ressources disponibles, et en vue d’un résultat optimum.
    • L’aléatoire : lorsqu'on a affaire à des situations au dénouement incertain, où la détermination de valeurs précises n’est pas possible, on a recours aux probabilités et aux moyennes.
    • La concurrence : bien souvent, les contraintes tiennent autant à la complexité des paramètres du domaine considéré qu’à la nécessaire prise en compte des décisions de partenaires ou d’adversaires. Cet aspect du processus de décision a été analysé par la théorie mathématique des jeux et du comportement économique, née en 1944 d’un ouvrage de John von Neumann et Oskar Morgenstern : Théorie des jeux et des comportements économiques. La théorie des jeux s’applique aux situations de concurrence, que ce soit en matière politique, militaire ou économique. Dans de telles situations, deux stratégies sont possibles : la coopération et la lutte, et il existe trois classes de jeux, relevant de stratégies différentes :
      • Les jeux de coopération pure, où l’on additionne les préférences individuelles pour obtenir l’utilité collective.
      • Les jeux de lutte pure, dont le paradigme est le duel, où seules comptent des préférences individuelles antagonistes : il n’y a pas d’utilité collective possible, une préférence individuelle doit l’emporter sur les autres. Dans ce cadre, on cherche à anticiper le comportement des adversaires :
        • premièrement en délaissant leurs intentions, subjectives et par définition inaccessibles ;
        • deuxièmement en supposant leur comportement rationnel (recherche du maximum de gains pour le minimum de pertes).
      • Les jeux mixtes, où il faut prendre en compte la rationalité des divers joueurs, mais aussi l’utilité collective : des procédures de marchandage, de négociation ou d’arbitrage sont alors utilisées.
  • Les représentations graphiques : les travaux en systémique ont recours fréquemment à des graphiques pour communiquer des ensembles de données qu'il serait fastidieux et contre-intuitif de présenter de manière linéaire, discursive. Trois sortes de représentations graphiques :
    • Le diagramme : représentation graphique des relations entre plusieurs ensembles. Ex : soit l'histogramme représentant le pourcentage d'enfants en échec scolaire selon les différentes catégories socioprofessionnelles. En abscisses, on a les différentes catégories socioprofessionnelles, en ordonnées, le pourcentage des enfants en échec scolaire, chaque rectangle représentant le rapport entre deux paramètres (une catégorie et un pourcentage) des deux ensembles considérés ;
    • La carte : c'est la représentation en deux dimensions d'un objet en trois dimensions (un lieu, la formation géologique d'un sous-sol, une machine, un édifice, etc.). L'exemple le plus connu est évidemment la carte géographique, dont les deux dimensions représentent la surface plane d'un site, en fonction d'une échelle donnée, la hauteur étant restituée grâce à des courbes de niveau ;
    • Le réseau : c'est le graphique des relations entre les éléments d'un même ensemble (arbre généalogique, organigramme d'une société, programme d'ordinateur, réseau routier, etc.).
  • La modélisation systémique : au sens scientifique le plus général, le modèle désigne la transcription abstraite d'une réalité concrète. Les modèles sont nés des maquettes et des schémas. Aujourd'hui, les modèles cybernétiques (servant à étudier les conditions de régulation d'un système dans les sciences de l'ingénieur ou dans les sciences du vivant) et les modèles informatiques sont les plus répandus en sciences. Le langage graphique est le langage par excellence de la modélisation systémique (par exemple "Diagrammes d'influence" en Dynamique des Systèmes, "Modèles de processus et procédures" dans la méthode OSSAD)

Les domaines d’application

Les principaux domaines sont les suivants :

  • les sciences de la nature : la sciences de la vie et de la Terre, l’écologie
  • la géographie au travers de la création de modèles, et principalement la chorématique
  • les échanges économiques et l’entreprise : l’économie, le management, la bureautique,
  • la méthode sociologique : la typologie des organisations, les sciences sociales, les sciences politiques,
  • les recherches sur le comportement humain : les sciences cognitives, la psychologie, les thérapies de groupe, la pédagogie, la linguistique,
  • les recherches en ingénierie : l’informatique, l’automation (robotique), l’intelligence artificielle et les réseaux de communications.

La systémique est ainsi un nouveau paradigme qui :

  • regroupe des démarches :
    • théoriques,
    • pratiques,
    • méthodologiques,
  • pose des problèmes concernant les modes :
    • de l’observation,
    • de représentation,
    • de modélisation,
    • de simulation,
  • se donne pour objectifs de préciser la notion de système :
    • ses frontières,
    • ses relations internes et externes,
    • ses structures,
    • ses lois ou propriétés émergentes.
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