Symbolisme du pont - Définition

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Le pont espace-frontière dans l’imaginaire de l’ancien Japon

Le pont japonais sur le bassin aux nymphéas à Giverny - Claude Monet - 1899.

D’une manière générale, on utilise le mot hashi (橋) pour désigner le pont en japonais. Il s’agit d’un mot très ancien qui semble se rattacher à la tradition bouddhique de « faire attendre le salut à ceux qui se sont égarés en chemin, en leur prêchant la juste doctrine ». Il y a donc une notion de commencement et de passage vers la Lumière.

Le pont est souvent associé à la religion. Ainsi souvent il existe un pont divin shinkyô que les fidèles empruntent pour pénétrer dans les temples shintô, voire même un pont purement symbolique et cultuel et réservé pour certains rites au haut-clergé. En outre traditionnellement, ce sont les moines bouddhistes qui bâtissaient les ponts.

Le pont a très rapidement été intégré aux jardins, dès l’Époque de Nara qui s’étend entre 710 et 794, et plus particulièrement à ceux des monastères bouddhiques ou des temples shintô. Il est souvent utilisé pour marquer une rupture dans l’harmonie du lieu. Il sépare les espaces symboliques ou non, les différentes espèces végétales, la végétation de la pierre ou tout simplement le jardin d’un espace sacré.

Dans la cosmogonie japonaise, du chaos initial naissent le ciel et la terre, puis deux divinités apparaissent et descendent des cieux sur le « céleste pont flottant » pour créer la première île sur laquelle elles se rendront afin d’engendre les diverses autres divinités représentant les forces de la nature. Le pont flottant représente parfaitement la séparation entre le ciel et la terre.

Le symbolisme du pont en tant qu’espace-frontière délimitant le sacré du profane, ou la mort de la vie, se retrouve dans de nombreuses légendes, venues de Chine pour certaines ou purement japonaises, et dans de nombreux éléments associés au folklore et à la religion populaire.

Le pont, épreuve initiatique du passage

Au-delà de l’épreuve du passage de la vie à la mort, le pont symbolise dans de nombreuses légendes et dans la littérature différentes épreuves ou divers passages de la vie.

La légende arthurienne

Perceval à la recluserie

Dans la légende arthurienne au Moyen Age, le pont autorise et à la fois empêche le passage et son franchissement par le héros. Ces ponts extraordinaires, ou ordinaires, sont ainsi nombreux. La traversée du Pont de l'Épée dans Lancelot ou le Chevalier de la charrette de Chrétien de Troyes constitue la deuxième épreuve à caractère sacrificiel pour Lancelot du Lac qui lui permettra d'aller dans le royaume de Baudemagus (père de Méléagant) pour sauver la reine Guenièvre. Le passage est « plus tranchant qu’une faux » au dessus d’un gouffre sans fond est défendu par des lions. Lancelot « après avoir regardé son anneau », annule l’enchantement et parvient sur l’autre rive au prix de nombreuses souffrances.

Le franchissement du Pont sous l’Eau constitue une autre épreuve où le chevalier Gauvain manque de se noyer et est sauvé par Lancelot.. On trouve également le Pont de Verre dans La Seconde Continuation de Perceval, ou le Pont de Cuivre dans Les Merveilles de Rigomer.

Dans Perlesvaus, Les trois héros Gauvain, Lancelot et Perlesvau parviennent chacun à des moments divers au château du Graal, qui est défendu par … neuf ponts. L’épreuve du franchissement du pont prendra pour chacun d’eux une forme différente. Gauvain, le premier à arriver au Château du Roi Pêcheur voit le pont en ces termes :

«  [il] voit que il i a trois ponz molt granz et molt orribles a passer, et corrent .iii. granz eues par desoz. Et il senble que li premerains ponz ait une archiee de lonc, et n’ait pas plain pié de lé. Le pont li senble estroit et l’eue grant et parfonde et rade. Il ne set que fair puisse, car il senble que nus ne la doie passer ne a pié ne a cheval ».

Pour Silvère Menegaldo, le château ne s’inscrit pas dans le domaine du merveilleux. Le nombre important de verbes de perception visuelle traduit que la difficulté apparente du franchissement du pont est entièrement déterminée par la perception subjective du héros, révélatrice d’ailleurs du degré de perfection auquel peut prétendre le héros : si en effet Lancelot n’a aucune difficulté à entrer dans le Château, c’est qu’il est indigne de voir le Graal.

Le fait qu’il y ait neuf ponts, ne relevant d’aucune réalité plausible, traduit bien d’ailleurs, selon Silvère Menegaldo, que ces ponts n’ont d’autre objet que de mettre les chevaliers à l’épreuve et d’établir, par une arithmétique très simple, une hiérarchie entre eux : de Perlesvaus qui a franchi les neuf ponts à Lancelot qui franchit des ponts « granz et larges » sans d’ailleurs savoir le nombre de ponts franchis.

Litterature contemporaine

Le pont sur la Drina, écrit par Ivo Andric et publié en 1945, est la chronique de quatre siècles d’histoire autour de ce pont de l’ex-Yougoslavie. Celui-ci est présenté comme un lieu d’échanges et de cristallisation des passions. La force symbolique du pont comporte en elle-même aussi le funeste présage de la future destruction de ces hauts lieux de l’échange.

D’autre ouvrages mettent en vedette des ponts où l’épreuve est directement liée au pont, le construite ou le détruire comme dans Le Pont de la rivière Kwaï de Pierre Boulle, paru en 1952.

Plus récemment, dans la saga de Indiana Jones, quatre films d'aventure fantastique américain réalisés par Steven Spielberg de 1981 à 2008, le pont redevient pour le héros un lieu d’épreuves. Dans Indiana Jones et le Temple maudit, la course-poursuite en wagonnets dans la mine et le combat sur le pont suspendu à flanc de falaise est probablement une des épreuves les plus mémorables.

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