Un superprédateur (également appelé apex prédateur ou alpha prédateur) est un prédateur, qui une fois à l'âge adulte se trouve au sommet de la chaîne alimentaire et n'est alors la proie d'aucune autre espèce animale. L'Homme, superprédateur ultime, n'est pas pris en considération.
En général, une espèce superprédatrice se trouve à l'extrémité d'une longue chaîne alimentaire où elle joue un rôle crucial dans la régulation des équilibres de l'écosystème. Mais elle est également victime de la bioconcentration des nombreux polluants bioaccumulés par la chaine alimentaire.
Les superprédateurs existent chez les poissons, les oiseaux et les mammifères (terrestres ou marins).
Les superprédateurs jouent au sein des écosystèmes un rôle fondamental en termes de dynamique des populations.
ils contribuent à réguler les populations de leurs espèces-proies, à limiter les pullulations et à stabiliser les populations de leurs proies. Leur propre dynamique de population est directement influencée par celle des populations de leurs proies (boucle de rétroaction). Des équilibres dynamiques s'installent naturellement au delà d'un certain seuil de surface (Ex : sur une île trop petite, une population de superprédateurs ne peut survivre, ce qui explique que la fragmentation écologique et plus particulièrement l'insularisation écologique est une des causes de leur régression ou disparition). Par exemple ; quand dans un même environnement, deux espèces sont en concurrence dans une relation instable du point de vue écologique, les prédateurs ont tendance à créer la stabilité si la prédation s’exerce sur les deux espèces à la fois.
Par le biais de la sélection naturelle, en éliminant en priorité les animaux plus faibles, malades, parasités, malformés, voire dans certains cas les cadavres, etc. ils jouent un rôle sanitaire essentiel.
Les relations interprédateurs sont également touchées par le statut de superprédateur. Par exemple un poisson prédateur (l’achigan à petite bouche, Micropterus dolomieu)) introduit hors de son milieu dans un lac s’est montré capable d'y détrôner et supplanter l'omble du Canada, le prédateur qui « dominait » le réseau trophique du lac. Une étude a montré que l'omble a changé de régime alimentaire pour se rabattre vers les invertébrés. Mais quand l’espèce introduite a été supprimée, l'omble a diversifié ses proies et a réoccupé sa niche écologique, à son ancien niveau trophique.
Le superprédateur, via le contrôle des herbivores, a aussi des effets importants, indirects et étendus sur les caractéristiques de l'écosystème, y compris sur le paysagevégétal, les incendies.
L’ampleur spatiotemporelle de ces impacts est encore discutée, mais des preuves d'un impact significatif ont pu être facilement collectées dans les cas où un prédateur était réintroduit après une longue période ou dans un milieu dont il était absent : l’introduction du renardarctique dans des îles subarctiques a par exemple suffi à rapidement transformer des paysages de prairies en toundra par le biais de la prédation d'oiseaux marins qui en régressant ont apporté moins de nutriments via leurs excréments sur l'île. Inversement les ours, en Amérique du Nord, consomment une grande quantité de saumon quand ces derniers remontent vers les sources pour y pondre. Ce faisant, les ours dispersent ensuite dans le bassin versant - également via leurs excréments - le phosphore, le potassium, l'iode rapportés de la mer par ces saumons. Hélas, dans ce cas, les saumons ont aussi rapporté certains polluants peu dégradables (certains pesticides, pcb, dioxine, métaux lourds lessivés sur les sols pollués et emportés en mer où ils ont été reconcentrés par le plancton consommé par les saumons).
Ces effets écosystémiques positifs distants et indirects sur l’écologie du paysage et les processus de sélection naturelle, aux niveaux inférieurs d’un écosystème sont décrits par l’expression « cascade trophique » (on parle parfois d’ « effet-domino »).