Le suicide est perçu assez différemment selon les cultures ; si dans les sociétés occidentales, il a longtemps été considéré comme immoral et déshonorant, il est dans d'autres sociétés justement le moyen de recouvrer un honneur perdu.
En Asie, il existe des formes de suicide ritualisé comme les jauhâr et satî indiens. Le seppuku japonais quant à lui est un suicide vu comme une issue honorable face à certaines situations perçues comme trop honteuses ou sans espoir.
Le suicide est traditionnellement un acte condamné dans le cadre des religions monothéistes. En effet, si le fait de se suicider est d'abord un acte qui va contre soi-même, l'« appartenance » de la destinée de l'homme à Dieu fait que cet acte devient une rupture de la relation spécifique entre l'homme et Dieu et un acte allant contre la souveraineté de Dieu.
Le point de vue catholique a été précisé dès le premier concile de Braga qui s'est tenu vers 561 : il déclare que le suicide est criminel dans la chrétienté, sauf chez les « fous ».
Le premier concile de Braga entendait lutter contre les modes de pensée païens à une époque encore profondément marquée par la mentalité romaine où le suicide était présenté comme une voie noble, une mort honorable, recommandable pour racheter un crime alors que le christianisme voulait marquer que pour lui seul le pardon, l'acceptation de se livrer à la justice pour un criminel, était la seule voie acceptable.
L'islam interdit le suicide et le considère comme un péché (voire un crime). D'après un hadith, Mahomet aurait refusé de prier sur un suicidé qui lui fut présenté, cependant il avait ordonné à ses compagnons de tout de même le faire.
Le XXe siècle a connu des suicides de protestation, en particulier par le feu (bonze Thich Quang Duc protestant ainsi contre la guerre du Vietnam en 1963, étudiant tchèque Jan Palach contre l'occupation de son pays). Le suicide en France d'un jeune ouvrier auquel sa direction voulait interdire de porter les cheveux longs à la fin des années 1960 a été très médiatisé. Enfin, le professeur Alfred Métraux a explicitement indiqué que son suicide avait pour but de signaler les conditions de vie pénibles des personnes âgées dans la société de son époque.
Émile Durkheim, un des fondateurs de la sociologie, publie en 1897, son fameux livre Le Suicide où il analyse ce phénomène sous un angle social. Il distingue quatre sortes de suicide : le suicide égoïste, le suicide altruiste, le suicide anomique et le suicide fataliste. Dans chaque cas, la désintégration sociale est la cause première véritable.
Il est particulièrement développé dans les sociétés où l'intégration est suffisamment forte pour nier l'individualité de ses membres. L'individu est tellement absorbé dans son groupe que sa vie ne peut exister en dehors des limites de ce groupe.
Exemples de suicides « altruistes » :
Présence ici, à l'inverse du suicide « altruiste » (voir ci-dessus), d'une intégration faible, d'une individualisation démesurée et qui s'affirme au détriment du moi social, ainsi que d'une désagrégation de la société, au cours d'un vieillissement qui n'offre aucune perspective positique. Il est parfois, mais pas toujours, le symptôme d'une société trop déstructurée pour fournir un motif valable d'existence de qualité à certains de ses individus.
C'est, par exemple, le suicide de l'adolescent solitaire. La famille et la religion protègent « en principe » contre ce type de suicide. C'est aussi le cas du vieillard isolé affectivement ou intellectuellement.
Le suicide anomique est dû à des changements sociaux trop rapides pour que les individus puissent adapter leurs repères moraux. Le mot « anomie » vient du grec ἀνομία / anomía et signifie « absence de règle, violation de la règle ». Il a été emprunté, dans un premier temps, en philosophie par Jean-Marie Guyau (1854-1888) qui, à la différence des Grecs, l'utilisait de façon positive : l'anomie représente l'affranchissement des limites virtuelles fixées par l'homme. Cependant, le sociologue français Émile Durkheim (1858-1917), en étudiant le comportement suicidaire, l'utilise mais revient sur une vision plus sombre et négative du mot, où la rupture des règles peut être très néfaste au psychisme et conduire au suicide.
Il a été montré par des études que le suicide croît de façon proportionnelle aux dérèglements d'ordre social et d'ordre économique : qu'il s'agisse de crises boursières ou d’embellie économique, le taux de suicide augmente car l'individu perd ses repères et ses régulateurs.Ce suicide est donc fréquent dans les groupes sociaux où la régulation est faible.
Le suicide fataliste se définit par la prise en compte par l'individu d'un destin muré, immuable. Il a lieu dans les groupes sociaux où la régulation est forte.
Bien que Durkheim ait tenté de fournir des explications sociologiques aux phénomènes qu'il étudiait, il a tout de même inséré des explications, sexistes, biologisantes et naturalisantes de certains comportements sociaux. Par exemple, dans le cas de son étude sur le suicide, il a déclaré que si les femmes se suicidaient moins que les hommes, après un deuil ou un divorce, cela était dû à leur état inférieur de nature, donc à plus d'autonomie de leur part :
« Mais cette conséquence de divorce est spéciale à l'homme, elle n'atteint pas l'épouse. En effet, les besoins sexuels de la femme ont un caractère moins mental, parce que d'une manière générale sa vie mentale est moins développée. Ils sont plus immédiatement en rapport avec les exigences de l'organisme, les suivent plus qu'ils ne les devancent et y trouvent par conséquent un frein efficace. Parce que la femme est un être plus instinctif que l'homme, pour trouver le calme et la paix, elle n'a qu'à suivre ses instincts. Une réglementation sociale aussi étroite que celle du mariage et, surtout, du mariage monogame ne lui est donc pas nécessaire. »
— Durkheim (1897) Le suicide, page 306.