La suette est une maladie infectieuse épidémique caractérisée par une fièvre importante, une transpiration profuse et une mortalité élevée.
On en distingue deux variétés :
Il s'agit d'une maladie mystérieuse et hautement virulente qui a frappé l'Angleterre, puis l'Europe sous forme d'épidémies récurrentes. La première épidémie eut lieu en 1485 et la dernière en 1551 après quoi la maladie semble avoir complètement disparu. Les épidémies ont eu lieu surtout durant l'été et au début de l'automne et ont concerné une population de sujets adultes masculins. Le début des symptômes était soudain et spectaculaire et la mort survenait en quelques heures. L'étiologie en reste inconnue.
Cette maladie infectieuse ne doit pas être confondue avec l'hyperhidrose, un symptôme consistant en une sudation excessive et parfois improprement appelé « suette » (sweating disease) par les Anglo-saxons.
La suette attira l'attention des médecins au tout début du règne d'Henri VII d'Angleterre. Elle était connue, en effet, quelques jours après le débarquement d'Henri à Milford Haven le 7 août 1485, car on possède des preuves formelles qu'on en parlait avant la bataille de Bosworth Field le 22 août. L'épidémie éclata sur Londres peu après l'entrée d'Henri VII dans la capitale le 28 août, et y fit plus de 40 000 morts, jusqu'à son extinction vers la fin du mois d'octobre de la même année. Parmi les victimes figurèrent deux maires de Londres, six aldermen et trois shérifs. Cette maladie inquiétante fut bientôt connue sous le nom de suette. Elle était bien identifiée comme distincte de la peste, de la fièvre pestilentielle ou d'autres maladies épidémiques déjà connues, non seulement par son symptôme caractéristique, l'hypersudation, mais aussi par sa progression foudroyante vers l'issue fatale.
La suette atteignit probablement l'Irlande en 1492, date à laquelle les annales d'Ulster enregistrent le décès de James Fleming, baron de Slane, de la pláigh allais « récemment venue en Irlande ». Les Annales de Connacht ont également enregistré ce décès, et les Annales des Quatre Maîtres signalent « une peste inhabituelle » à Meath, « d'une durée de 24 heures » ; et que quiconque y survivait au delà de ce délai guérissait. Elle n'attaquait pas les nourrissons ni les jeunes enfants. Il faut noter cependant que Freeman, dans une annotation de bas de page des Annales de Connacht, récuse la possibilité que cette peste ait été la suette, malgré la ressemblance des noms, mais évoque plutôt une « fièvre de la faim à rechutes », peut-être le typhus.
La suette ne fit plus parler d'elle de 1492 à 1507, année durant laquelle une seconde épidémie survint, de bien moindre gravité que la première. Dix ans plus tard, en 1517, éclata la troisième épidémie qui fut beaucoup plus sévère. Elle eut un taux de mortalité important à Oxford, Cambridge et dans d'autres villes, allant jusqu'à tuer la moitié de la population de certaines d'entre elles. La maladie ne s'étendit pas ailleurs qu'en Angleterre, à l'exception des villes de Calais et Anvers où l'on observa quelques cas.
Cette année-là, la maladie refit son apparition pour la quatrième fois et frappa avec une grande sévérité. Elle se manifesta d'abord à Londres à la fin du mois de mai et s'étendit rapidement sur toute l'Angleterre, en épargnant l'extrême Nord du pays, l'Écosse et l'Irlande. À Londres, la mortalité fut très élevée ; la cour fut décimée et Henri VIII se vit contraint de fuir la ville et de changer souvent de résidence. On pense qu'Anne Boleyn pourrait avoir contracté la maladie et y avoir survécu. Le fait le plus remarquable concernant cette épidémie est qu'elle se répandit sur l'Europe, ayant fait soudainement son apparition à Hambourg et s'étant propagée si rapidement qu'elle tua un millier de personnes en l'espace de quelques semaines. La terrible suette poursuivit ainsi sa marche destructrice vers l'Est de l'Europe se répandant à la manière du choléra avec une mortalité effroyable. Elle atteignit la Suisse en décembre, puis plus au nord le Danemark, la Suède et la Norvège, et à l'est la Lituanie, la Pologne et la Russie. Elle émergea aussi dans les contrées appartenant aujourd'hui à la Belgique et aux Pays-Bas, probablement en provenance directe d'Angleterre car elle apparut simultanément dans les ports d'Anvers et d'Amsterdam au matin du 27 septembre. Elle ne se manifesta en revanche jamais en France ou en Italie, mais elle est notée dans le duché de Lorraine où le dernier cas est signalé en 1557.
Dans tous les endroits qu'elle infecta, la maladie n'eut qu'une durée très brève, généralement pas plus de deux jours. À la fin de l'année, la suette avait entièrement disparu, sauf en Suisse orientale où elle dura jusqu'à l'année suivante. Après quoi elle ne réapparut plus sur le continent européen.
La dernière grande vague de la maladie survint en Angleterre en 1551. Un médecin éminent, John Caius, en fut à l'époque un témoin direct et rédigea un compte rendu intitulé : A Boke or Counseill Against the Disease Commonly Called the Sweate, or Sweatyng Sicknesse.
La maladie ne fut plus jamais observée en Angleterre après l'an 1578.
Les symptômes décrits par Caius et par d'autres médecins sont les suivants. La maladie commençait très soudainement par un sentiment d'appréhension, suivi par des frissons (parfois très violents), des vertiges, des maux de tête et de fortes douleurs de la nuque des épaules et des membres accompagnées d'une grande fatigue. Après cette phase froide, qui pouvait durer d'une demi-heure à trois heures, survenait la phase chaude avec les sueurs. La transpiration caractéristique se déclenchait brusquement sans cause apparente. En même temps que celle-ci, ou après qu'elle eut abondamment coulé, il y avait une sensation de chaleur, des maux de tête, un délire, une accélération du pouls et une soif intense. Les palpitations et la douleur dans la région du cœur étaient fréquents. Aucune éruption cutanée ne fut jamais notée par les observateurs y compris par Caius. Aux stades terminaux, on pouvait constater un épuisement général avec collapsus, où une tendance irrésistible au sommeil, que l'on pensait fatale si l'on permettait aux patients d'y céder. Un premier accès ne garantissait pas l'immunité et certains souffrirent de plusieurs attaques avant de succomber.