La subjectivation, le processus de subjectivation, est souvent présentée comme un travail psychique, particulièrement marqué à l'adolescence, distinct des remaniements identificatoires du Moi.
Son approche renvoie à des théorisations très contrastées, dont la plupart sont récentes.
Si Freud use peu de l'expression de sujet, c'est qu'elle semble de prime abord inutile à décrire l'économie libidinale, avant tout manque de l'objet pulsionnel. Il est cependant faux d'affirmer que Freud ne parle pas de Subjekt ; d'une part il emploie le terme à des moments précis de sa pensée. D'autre part Freud théorise un clivage du moi le rendant à même de penser le sujet, même s'il n'emploie pas ce mot.
Dans les Trois essais sur la théorie sexuelle, Freud décrit le masochisme comme renversement du sadisme : d'une part le but sexuel est retourné en son contraire, et d'autre l'objet devient auto-érotique. Le sujet se comprend déjà comme bien différent de l'instance du Moi, qui n'est toujours que la moitié du sujet (Lacan).
Dans Pulsions et destin des pulsions, on peut noter l'apparition du terme sujet comme relative à la théorisation du narcissisme. Là encore le moi pris comme objet pulsionnel, moi aimé par lui-même, introduit donc un sujet narcissique.
Le clivage du moi ne sera pas décrit en termes de subjectivité. Une telle renonciation devant l'unité de la personne renvoie pourtant un énoncé convainquant, tant concernant la nécessité que à la difficulté de penser le sujet.
Le chapitre sur l'identification de Psychologie des foules et analyse du moi utilise la notion de sujet.
Pour Gilbert Diatkine, la subjection se marque comme passage d'un moi idéal, omnipotence narcissique à un idéal du moi et un surmoi symboliques, pouvant être rapprochés de processus universels, culturels.
La conception du développement de l'infans le pose comme d'abord collé à sa mère : il y aurait relation symbiotique originelle, indistinction primordiale. C'est que l'enfant ne peut d'abord pas se saisir comme manquant de l'objet (théorisation que refuse Lacan). Peu à peu, l'enfant se distingue de sa mère, il fait la différence, reconnait l'objet comme extérieur à lui-même.
Melanie Klein décrit cependant une relation d'objet présente d'emblée et postule des positions psychiques. Si l'enfant nage dans un premier temps en une position schizo-paranoïde, il peut, par l'intermédiaire d'un deuil, d'une position dépressive, élaborer un espace , un extérieur. Mais cette subjectivation là est celle du Moi.
Dans le même sens, Donald Winnicott dépeint la transitionnalité, travail psychique à partir d'un objet transitionnel, lequel ne peut s'entendre que ni-moi-ni-non-moi. Ce travail amène l'enfant à repérer des phénomènes comme réunissant les individus : la culture relie, ou plutôt assemble. L'objet transitionnel permettra d'atteindre une utilisation de l'objet reconnaissant ce dernier comme radicalement extérieur, détenteur d'une vie propre.