Stress chez l'humain - Définition

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Introduction

Le stress qualifie à la fois une situation contraignante et les processus physiologiques mis en place par l'organisme pour s'y adapter. À court terme, le stress n'est pas nécessairement mauvais, sinon indispensable, mais ses effets à long terme peuvent engendrer de graves problèmes de santé. Chez l'homme adulte, le stress peut avoir des origines physiques, chimiques ou psychiques. Dans la société actuelle, les causes psychiques sont les plus fréquentes, notamment en milieu professionnel. Le stress fait partie des troubles psychosociaux.

Vers une définition

Au sens strict du terme la définition du stress ne comprend pas la réponse de l'organisme aux contraintes mais uniquement les contraintes elles-même, par contre le terme "syndrome général d'adaptation" est approprié pour parler des réponses aux contraintes.

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Biologiquement parlant le stress est une réponse de cet organisme pour maintenir l'équilibre biologique dans un état fonctionnel.

En psychologie, la notion de stress regroupe plusieurs notions :

  • le changement, la cause extérieure provoquant la réaction, l'agent stressant ; on peut désigner ceci par les termes de « contrainte » ou de « pression nerveuse » ;
  • la réaction d'adaptation à cette contrainte, que l'on peut désigner par le terme « tension nerveuse ».

L'étude du stress fait intervenir la médecine, la psychologie et la sociologie.

Ambiguïté du concept de stress, préambule à une définition

Chacun de nous à l’heure actuelle a pu utiliser le mot « stress » pour définir ce qu’il ressentait à un moment ou un autre de son existence et à l’heure actuelle, il est très à la mode d’appliquer ce terme à toutes sortes de situations de la vie autant publiques que privées.

Mais l’homme « de la rue » ne donne pas vraiment de définition précise du stress dans la mesure où il n’en a pas besoin puisqu’il le ressent déjà corporellement. Ainsi le stress, à un niveau de compréhension relativement restreint, est déjà compris intuitivement par chacun de nous. Malheureusement, cette évidence du ressenti sert d’alibi à une définition peu développée et non consensuelle.

La définition du stress est souvent liée au concept de performance. Cependant, le lien entre ces deux notions n’est pas si évident et ne trouve pas de consensus. En effet, pour certains individus, le stress est vital à leur performance, il décuple leurs chances de mener à bien ce qu’ils ont entrepris. C’est dans cette optique que l’on peut entendre certains dire que le stress — ou plutôt dans leur terme le « défi », la « motivation » — est la condition sine qua non de leur réussite socioprofessionnelle. Pour d’autres individus, le stress inhibe leurs capacités et les empêche de mener à bien ce qu’ils ont entrepris. Dans cette optique là, une quantité de thérapies antistress ont vu le jour sur le marché des services de bien-être. Ici, le stress est l’ennemi qu’il faut combattre à tout prix pour pouvoir accéder à une vie meilleure sous tous rapports.

On constate donc que la relation stress-performance, bien que toujours évoquée lorsqu’on parle de stress, n’est pas sujette à un consensus et pourrait provenir d’une définition du stress trop peu fouillée à la base ou encore d’une relation complexe mais intéressante à étudier entre le stress et la performance. D'un point de vue scientifique, le problème du consensus est aussi présent et le concept de stress reste dans le vague, le global.

Une première source d’imprécision réside dans le fait que le terme stress « est déjà tout un programme puisqu’il désigne à la fois l’agent responsable, la réaction à cet agent et l’état dans lequel se trouve celui qui réagit » (Dantzer, 2002).

Une seconde source d’imprécision réside dans le fait qu’un grand nombre de disciplines se sont intéressées au stress et qu’elles ont toutes insisté sur les aspects leur tenant à cœur et en laissant tomber les autres. Ce qu’il faut comprendre cependant, c’est que le stress, hormis le fait qu’il soit tout à la fois la situation, l’état et la réaction, doit être expliqué selon un biais bio-psycho-social et relationniste puisqu’il est constitué d’une foule de facteurs, mécanismes ou encore réponses, tous bio-psycho-sociaux dont l’interaction demeure extrêmement complexe.

Le concept de stress

Le stress a souvent une connotation négative parce que les gens l’associent à la peur ou la colère, qui sont des émotions qui nous perturbent. Cependant, une grande joie, un grand succès peuvent aussi provoquer des réactions physiologiques (tension musculaire, fatigue, etc.). Il y a deux types de stress : le stress aidant, bénéfique pour notre organisme (« eustress ») et le stress nuisible, gênant (« dystress »). Si le niveau de tension est adapté à la situation, à l’action, il est bénéfique. Si au contraire, il n’est pas adapté, disproportionné, il y aura encore plus de tensions et donc, des conséquences physiologiques et psychologiques. On peut donc affirmer que le stress, c'est l'ensemble des réactions de l'organisme (positives ou négatives) à une demande d'adaptation.

Il faut savoir que le stress existe depuis très longtemps déjà. Les humains ont toujours dû faire face à des situations déstabilisantes et qui provoquent un déséquilibre. Aujourd’hui, nous connaissons ces nombreuses situations. Ce sont par exemple, nos inquiétudes concernant notre avenir économique, la vieillesse, la santé, le décès d’une personne proche, etc. La plupart du temps, nous nous contentons d’essayer de résoudre le problème sans essayer de savoir d’où il vient.

L’homme va donc percevoir les demandes de son environnement, les traiter, et tenter de réagir à ces dernières par le biais d’une gamme de comportements innés et acquis qui constitue un « potentiel personnel » de réponse, potentiel pouvant différer grandement d’une personne à l’autre. La plupart des chercheurs s’intéressant au stress s’accordent à dire que le stress a un rôle à jouer dans ce potentiel personnel de réponse. Cependant, c’est au niveau de la nature de ce rôle que les scientifiques n’ont pas trouvé d’accords.

Le stress pouvait avoir comme cause une excitation émotionnelle. Ainsi la non-spécificité serait due à des stimuli présentant un point commun qu’est l’émotion. Nous verrons par la suite que cette non-spécificité peut en effet être remise en doute, de même que le lien unique entre le stress et l’émotion.

Clinique

Le stress est l'élément qui provoque un ensemble de réactions physiologiques (sueurs, accélération du cœur et de la respiration) et psychologiques (inquiétude, troubles du sommeil) qui se manifestent lorsqu'une personne est soumise à un changement de situation.

Plus simplement, le stress c’est une sensation que l’on éprouve lorsque l’on est confronté à une situation à laquelle on ne croit pas pouvoir faire face correctement. Il provoque un sentiment de malaise. C’est comme un réflexe de l’organisme qui agit contre les agressions extérieures. Cela va déclencher un ensemble de réactions nerveuses et hormonales.

Le stress peut permettre une mobilisation des forces physiques et mentales. Par exemple, l'élévation du rythme cardiaque et respiratoire (dû notamment à une décharge d'adrénaline) permet de mieux oxygéner les muscles ; c'est une réaction animale (préparation à la fuite ou au combat face à un danger). Mais il peut aussi faire perdre les moyens et nuire à l'action ; il s'agit probablement d'une autre réaction animale (camouflage impliquant l'immobilité).

Mais cette situation épuise l'organisme. Une situation prolongée de stress entraîne une fatigue et favorise l'apparition de maladies, notamment cardio-vasculaires ; le stress au travail est une des premières cause d'arrêt-maladie (surmenage, on parle parfois de burnout ou syndrome d'épuisement professionnel pour désigner une usure extrême au travail).

Les causes du stress

On a l'habitude d'associer le stress à des situations créées par des relations humaines (passage d'un examen, conflit interpersonnel...) mais ce syndrome se manifeste pour tout changement : voyage (choc culturel, décalage horaire), changement climatique (par exemple lorsque l'on sort dans le froid), événement professionnel (licenciement, nouveau travail, changement d'équipe, changement d'école), événement familial ou sentimental (déménagement, mariage, divorce, naissance, décès, nouvelle rencontre, dispute), changement corporel (adolescence, ménopause)...

La non spécificité du stress

En 2005, une étude reprenant plus de 2000 articles médicaux reconnaît l’importance du stress chronique dans la genèse de multiples affections.

Un concept de laboratoire

La peur engendre la réaction émotive de l’amygdale, assez sommaire, qui se limiterait aux options de fuite ou de combat. L'inhibition de l'action peut être le facteur déclenchant de désordres neuro-psycho-immulogiques prolongés conduisant à des pathologies multiples, qui pour l’instant n’ont aucune spécificité.

Mais le dogme fuite/combat comme solution à la confrontation en cas de peur est-il juste ? La trilogie anglosaxone fright/flight/fight que l’on pourrait transcrire en français par frayeur/fuite/affrontement serait l’unique réaction biologique de l’animal en situation de stress ou devant un stimulus menaçant. Comme son nom semble l’y prédestiner, Laborit fut avant tout un génie de Laboratoire. Son expérimentation se réalise avec des rats d’élevage enfermés dans des cages, ce qui est loin de la condition de l’animal sauvage dans la nature. Si pour la santé/survie d’un animal en cage (ou d’un homme) il est permis de faire l’éloge de la fuite (physique ou spirituelle), tout observateur de la vie animale sauvage libre sait que le scénario naturel est tout autre. La réaction habituelle d’un grand nombre d’espèces animales est l’immobilisation ou le mimétisme dissimulateur, souvent favorisé par la peur qui décolore les téguments. Le malaise vagal humain, encore si fréquent à notre époque, déclenché par la vue du sang ou une sensation aiguë de douleur, semble un réflexe sympathique vestigial de la protection qu’offrait cette immobilité et cette pâleur lors de l’attaque de prédateurs, compagnons fréquents de l’homme primitif !

Irréversibilité des événements stressants

Si la peur est la source principale de l’inhibition de l’action et de la mise en mots, l’éloge de la fuite comme solution, proposée par Laborit, reste du domaine de l’utopie car d'après la théorie de "la palette émotionnelle", la peur n'est qu'un signal d'avoir à s'adapter que ce soit par la fuite, le combat ou le camouflage, l'important est l'adéquation de l'action avec la survie personnelle.

Et puis, l’homme peut-il toujours modifier le cours des évènements par son action ? Il existe des situations dans lesquelles aucune action physique n’est possible, des modifications de son environnement auxquelles l’homme ne parvient pas à s’adapter, non pas parce qu’il est inhibé, mais parce qu’il existe une impossibilité réelle d’action : soit l’être humain n’a jamais vécu ni connu une telle situation à laquelle il n’a pas appris à faire face ou à répondre, soit il existe une irréversibilité de certaines situations qu’aucune action humaine ne pourra modifier ou faire revenir à un état antérieur. Par exemple dans un autre registre émotionnel (lié à la tristesse), il est évident que la mort est un évènement irréversible et que nous n’avons personnellement aucune possibilité de faire ressusciter l’un de nos proches qui vient de mourir. La mort d’un être cher ou sa séparation font partie de la liste des situations énumérées par Jacques Salomé dans sa recherche du sens de nos maux.

Bien d’autres événements de la vie ont ce caractère d’irréversibilité mais ils sont moins dramatiques : un divorce, un déménagement, un licenciement, le départ d’un enfant de la maison… possèdent souvent cette irréversibilité pour laquelle l’homme ne peut que subir. Ces événements de vie ont fait l’objet d’une évaluation scientifique reconnue par le monde médical, dans une échelle cotée, dès 1967, par une équipe américaine, effectuée sur un large échantillon de militaires, montrant un risque de maladies qui augmente à partir d’un certain score atteint par l’individu.

Échelle des facteurs du stress

(d’après Holmes et Rahe, 1967)

  • Mort du conjoint : 100
  • Divorce : 73
  • Séparation conjugale : 65
  • Emprisonnement : 65
  • Décès d’un proche parent : 63
  • Blessure ou maladie physique : 53
  • Mariage : 50
  • Perte d’emploi : 47
  • Réconciliation conjugale : 45
  • Retraite : 45
  • Maladie du conjoint : 44
  • Maladie d’un proche : 44
  • Grossesse : 40
  • Naissance : 39
  • Arrivée d’un nouveau membre dans la famille : 39
  • Modification de la situation financière : 38
  • Mort d’un ami intime : 37
  • Changement de travail : 36
  • Modification du nombre de disputes avec le conjoint : 35
  • Modification de responsabilités professionnelles : 29
  • Départ de la maison d’un enfant : 29
  • Difficultés avec la belle famille : 29
  • Début ou arrêt de travail du conjoint : 26
  • Début ou fin de scolarité : 26
  • Changement dans les conditions de vie : 25
  • Changement des habitudes personnelles : 24
  • Conflits avec employeur : 23
  • Déménagements : 20
  • Changement des loisirs : 19
  • Changement des activités sociales : 18
  • Changement dans les habitudes de sommeil ou repos : 15
  • Changement du nombre de personnes vivant dans la famille : 15
  • Petites infractions de la loi : 11

La majorité de ces événements de vie, surtout ceux situés en haut de l’échelle, les plus puissants, correspond à des situations nouvelles auxquelles l’homme doit s’adapter. Or, cette nécessité d’adaptation aux modifications de l’environnement est corrélée à la notion de stress. L’inconvénient majeur du concept de stress est sa non-spécificité, car le type de l’agent stressant n’a encore jamais pu être relié à un type particulier de maladie, ni même à son déclenchement qui reste très variable d’un individu à un autre. D’autres facteurs doivent être pris en considération avec, d’un côté les qualités psychologiques et biologiques de résistance au stress de l’individu et, de l’autre les caractéristiques de la situation stressante : intensité, dimension, durée, soudaineté, imprévisibilité, nouveauté… Il est évident que la mort anticipée d’un proche, alité depuis plusieurs mois à cause d’une grave maladie, n’engendre pas le même stress qu’une mort subite sans signes annonciateurs. Il est aussi manifeste qu’un deuil vécu dans un entourage familial affectif, avec un rituel social respecté, risque d’être moins stressant que le deuil d’un proche qui s’est suicidé sans laisser de raisons à son acte. La médecine aura beau progresser, elle sera toujours incapable de mesurer réellement l’intensité et la qualité d’un événement stressant dont le ressenti est toujours subjectif. À noter que dans l’échelle de stress de Rahe, le mariage suit de près le divorce en intensité de stress. Cela s’explique par le fait que le stress est un stimulus de désadaptation, comme pouvait l’être un mariage dans les années 1960, car les époux quittaient leur famille, leurs amis avec à la clé un déménagement lointain selon les mutations de l’Armée (à l’époque et dans ce milieu plutôt conservateur, le mariage à l’essai ou la cohabitation prénuptiale n’étaient pas à la mode !).

Un stress vital

L’être humain a été doté au cours d’une évolution portant sur quelques millions d’années de mécanismes neurobiologiques lui permettant de s’adapter à toutes les modifications de son environnement, qu’elles soient physiques, sociales et/ou psychiques. Comme l’a démontré Claude Bernard, l’organisme vivant doit maintenir son équilibre interne (homéostasie) en mobilisant l’énergie utile aux processus d’adaptation. Cette adaptation est nécessaire lors des variations de l’environnement, en particulier vis-à-vis des stimuli d’agression physiologique et psychologique. C’est cette réponse aux stimuli qu’on nomme désormais stress. L’homme vit en état permanent de stress, stimulation nécessaire aux rythmes biologiques.

Mais si un certain niveau de stress est nécessaire à la vie, le dépassement d’un certain seuil peut devenir dangereux voire fatal, s’il outrepasse les capacités d’adaptation de l’organisme, d’où l’apparition de maladies qui peuvent être rapidement mortelles. Cette relation stress/maladie apporte bien une nouvelle dimension à l’approche médicale classique. Les travaux de Hans Selye Physiologie et pathologie de l’exposition au stress ont fait de ce concept le nouveau « malaise dans la civilisation » et ont suscité maintes recherches surtout dans les pays anglo-saxons.

Actuellement le stress est le seul concept médical, admis par la communauté scientifique, qui fait un pont entre le psychisme et les maladies somatiques via les réactions neuro-hormonales. Cette réaction démontre la participation du cerveau dans la genèse des maux du corps. Le Professeur J. L. Dupond, Chef du Service de Médecine Interne du CHU de Besançon, est l’un des pionniers français qui a mis en exergue le rôle du stress. Dès 1987, il écrivait que « la médecine moderne a rassemblé en quelques années suffisamment d’arguments cliniques, biochimiques, neurophysiologiques et immunologiques pour accorder à l’immunopsychopathologie le droit de naître… » Le Professeur Dupond, s’appuyant sur de multiples travaux internationaux, attirait l’attention du monde médical, jusqu’alors sourd, sur l’action du stress. Il montrait son influence sur l’équilibre immunitaire, avec son intervention dans certains processus d’immuno-suppression, expliquant la survenue de diverses infections, dans les allergies ou dans certaines maladies auto-immunes (maladies de système), voire dans les cancers. L’adaptation de l’organisme à l’environnement extérieur est en effet sous le contrôle de trois systèmes d’intégration qui assurent l’homéostasie interne : ce sont les systèmes nerveux, endocrinien et immunitaire. Le premier permet la transmission de signaux de type électrique modulés grâce à des neuromédiateurs ; le second utilise des messagers moléculaires ou " hormones " qui circulent et transmettent une information spécifique à distance ; le troisième transmet des messages grâce à des cellules qui circulent dans l’organisme et produisent localement des molécules actives, les "cytokines " et les anticorps.

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