Stéroïde anabolisant - Définition

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Introduction

Structure de la sex hormone-binding globulin, transportant la 5α-dihydrotestosterone.

Les stéroïdes anabolisants, également connus sous le nom de stéroïdes androgéniques anabolisants ou SAA, sont une classe d'hormone stéroïdiennes liée à une hormone naturelle humaine : la testostérone. Ils augmentent la synthèse des protéines dans les cellules, entraînant une augmentation de tissus cellulaires (anabolisme), en particulier dans les muscles. Les stéroïdes anabolisants ont également des propriétés virilisantes notamment le développement et l'entretien des caractéristiques masculines telles que la croissance des cordes vocales et la pilosité. Le mot anabolisant vient du grec anabole — « mettre en place » — et le mot androgène vient du grec andros — « l'homme » — et de genein — « produire ».

Les stéroïdes anabolisants ont été isolés, identifiés et synthétisés pour la première fois dans les années 1930 et sont maintenant utilisés en thérapeutique médicale pour stimuler la croissance des os et l'appétit, provoquer la puberté masculine et traiter les situations cachectiques chroniques, comme dans les cancers et le sida. Les stéroïdes anabolisants produisent également une augmentation de la masse musculaire et la force physique et sont par conséquent utilisés dans le sport, notamment en musculation pour renforcer la force physique ou la masse musculaire. Leur utilisation à long terme peut avoir des conséquences graves pour la santé. Leurs effets néfastes sont des changements dans les taux de cholestérol (augmentation des lipoprotéines de faible densité — LDL cholestérol — et une diminution des lipoprotéines de haute densité — HDL cholestérol), de l'acné, de l'hypertension artérielle, des lésions hépatiques, et des changements dangereux dans la structure du ventricule gauche du cœur. Certains de ces effets peuvent être atténués par l'exercice ou en prenant des médicaments supplémentaires.

L'utilisation des stéroïdes anabolisants à des fins non médicales est sujette à controverse en raison de ses effets néfastes. L'utilisation de stéroïdes anabolisants est interdite par toutes les grandes instances sportives comme la Fédération internationale de tennis, le Comité international olympique, la Fédération internationale de football association (FIFA), l'Union des associations européennes de football (UEFA), l'Association européenne d'athlétisme. Les stéroïdes anabolisants sont des substances réglementées dans de nombreux pays dont les États-Unis, le Canada, la France, le Royaume-Uni, l'Australie, l'Argentine et le Brésil, tandis que dans d'autres pays, comme le Mexique et la Thaïlande, ils sont librement disponibles. Dans les pays où l'utilisation de ces médicaments est contrôlée, il y a souvent un marché noir de contrebande ou de faux médicaments. La qualité de ces drogues illicites peut être médiocre et les contaminants peuvent causer d'autres risques pour la santé. Dans les pays où les stéroïdes anabolisants sont strictement réglementés, certains ont demandé un allègement de la réglementation.

Histoire

Les substances censées améliorer les performances ont été utilisées pendant des milliers d'années dans la médecine traditionnelle dans le monde entier. En particulier, l'utilisation d'hormones stéroïdes date d'avant leur identification et leur isolement : l'usage médical d'extraits de testicule a commencé à la fin du XIXe siècle alors que ses effets étaient encore à l'étude. En 1889, le neurologue britannique Charles-Édouard Brown-Séquard, soixante-douze ans, s'est injecté des extraits de testicule de chien et de cochon d'Inde et a décrit lors d'une réunion scientifique la variété d'effets bénéfiques qu'il en avait tirée.

Le développement des stéroïdes anabolisants remonte à 1931 lorsqu'Adolf Butenandt, un chimiste de Marburg, extrait 15 mg d'androsténone à partir de dizaines de milliers de litres d'urine. Cette hormone est synthétisée en 1934 par Leopold Ruzicka, chimiste à Zurich. On savait déjà que les testicules contenaient un androgène plus puissant que l'androsténone et trois groupes de scientifiques aux Pays-Bas, en Allemagne et en Suisse, financés par des sociétés pharmaceutiques entrent en compétition pour tenter de l'isoler.

Cette hormone mâle est identifiée pour la première fois par David Karoly Gyula, E. Dingemanse, J. Freud et Ernst Laqueur en mai 1935 dans un document intitulé « On Crystalline Male Hormone from Testicles (Testosterone) ». Ils l'appellent testostérone, composition des radicaux testis (testicule) et stérol et de la désinence cétonique. La synthèse chimique de la testostérone est réussie en août de cette année-là, quand Butenandt et G. Hanisch publient un document décrivant « une méthode pour la préparation de testostérone à partir du cholestérol ». Seulement une semaine plus tard, le troisième groupe, formé de Ruzicka et A. Wettstein, annonce le dépôt d'un brevet dans un article intitulé « On the Artificial Preparation of the Testicular Hormone Testosterone (Androsten-3-one-17-ol) ». Ruzicka et Butenandt obtiennent le prix Nobel de chimie en 1939 pour leur travail, mais le gouvernement nazi oblige Butenandt à refuser le prix.

Les essais cliniques sur l'homme, impliquant soit des doses orales de méthyl-testostérone soit des injections de propionate de testostérone, commencent dès 1937. Le propionate de testostérone est mentionné dans une lettre au rédacteur en chef du magazine Strength and Health en 1938, ce qui est la plus ancienne référence connue de l'utilisation de stéroïdes anabolisants aux États-Unis dans un magazine de bodybuilding.

Structure chimique de l'hormone de synthèse : le méthandrosténolone (Dianabol, DBOL).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les scientifiques allemands synthétisent d'autres stéroïdes anabolisants et les expérimentent sur des détenus des camps de concentration et des prisonniers de guerre dans une tentative de traiter leur cachexie chronique. Ils l'expérimentent également sur des soldats allemands, dans l'espoir d'accroître leur agressivité. Adolf Hitler lui-même, selon son médecin, reçoit des injections de dérivés de la testostérone pour traiter diverses affections. Les études sur le développement musculaire par utilisation de la testostérone se sont poursuivies dans les années 1940, en Union soviétique et dans les pays de l'Est tels que l'Allemagne de l'Est les stéroïdes ont été utilisés pour améliorer les performances des haltérophiles lors des Jeux olympiques et autres compétitions amateurs. En réponse au succès des haltérophiles russes, le médecin de l'équipe olympique américaine, le Dr. John Ziegler, cherche à trouver des stéroïdes anabolisants pour les haltérophiles américains et réussit à produire la methandrostenolone, le (Dianabol). Le Dianabol, développé par la société Ciba Pharmaceuticals, est autorisée aux États-Unis par la Food and Drug Administration en 1958. Le Dianabol a des propriétés analogues à la testostérone, mais avec moins d'effets secondaires.

À partir des années 1950 et jusque dans les années 1980, il y a des doutes que les stéroïdes anabolisants produisent rien de plus qu'un effet placebo. Dans une étude en 1972, les participants sont informés qu'ils vont recevoir des injections quotidiennes de stéroïdes anabolisants mais ne reçoivent effectivement qu'un placebo. Ils ne s'apercevront pas de la supercherie, et leur amélioration de rendement sera semblable à celle des sujets prenant de véritables composés anabolisants. Selon Geraline Lin, un chercheur de l'Institut national sur l'abus des drogues, ces résultats n'ont pas été recontrôlés pendant dix-huit ans, bien que l'étude n'ait pas donné lieu à des contrôles sérieux et que les doses d'hormones utilisées aient été insignifiantes. En 2001 est menée une étude sur les effets de fortes doses de stéroïdes anabolisants, par l'injection intramusculaire de doses variables — jusqu'à 600 mg par semaine — d'énanthate de testostérone pendant vingt semaines. Les résultats ont montré une nette augmentation de la masse musculaire et une diminution de la masse grasse associée à la dose de testostérone.

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