Station spatiale internationale - Définition

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Les opérations

Ravitaillement et mise en orbite des composants de la station spatiale

Un cargo russe Progress vient d'arriver chargé de fret

La construction de la station mobilise depuis 1998 et jusqu'en 2011 de nombreux vaisseaux chargés de placer en orbite les 400 tonnes de la station. La station doit être également régulièrement ravitaillée en consommables (eau, nourriture, gaz, carburant), rechanges (par exemple les batteries dont la durée de vie théorique est de 6,5 ans) et en pièces détachées pour les réparations : ce fret représente un tonnage annuel d'environ 16 tonnes pour un équipage permanent de 6 personnes selon les calculs de la NASA. Par ailleurs certains équipements, représentant un fret plus réduit, doivent être ramenés à Terre pour que la station spatiale puisse fonctionner : résultats des expériences scientifiques, scaphandres à réviser, etc. Enfin, les vaisseaux servent également à évacuer les déchets produits par la station.

Les vaisseaux utilisés

La navette spatiale, en service jusque fin 2010, est au cœur du dispositif d'assemblage et de ravitaillement de la station spatiale. Les principaux partenaires participent également à ces opérations avec leurs propres vaisseaux. Ceux-ci présentent des capacités très variables en masse, volume et type de cargaison. Les principaux paramètres sont :

  • La charge utile totale en tonnes.
  • Le volume et le tonnage en soute pressurisée pour le fret à destination de l'intérieur la station spatiale.
  • Le volume et le tonnage en soute non pressurisée pour les pièces destinées à l'assemblage à l'extérieur de la station. Le transfert d'objets de l'intérieur de la station vers l'extérieur via les sas aux faibles dimensions est limité aux toutes petites pièces : il est donc nécessaire que les pièces détachées à installer à l'extérieur de la station arrivent dans une soute accessible depuis l'extérieur
  • La taille de l'écoutille de la soute pressurisée qui conditionne le transport de pièces encombrantes : circulaire de type russe ou APAS d'une superficie de 0,5 m² utilisée sur les cargos ATV et Progress ou de format carré (CBM) propre aux ports la station de 1,61 m² (partie non russe) mise en œuvre par le cargo japonais et la navette spatiale. Seul le port CBM permet de faire passer les équipements internes de la partie non russe de la station.
  • La capacité de transport de liquides (eau), carburant (pour les moteurs-fusée) et de gaz (oxygène, azote, air, etc),
  • La capacité de remorquage qui est utilisée pour rehausser l'orbite de la station et qui dépend de la puissance des moteurs et de la quantité de carburant destinée à la propulsion.
La navette spatiale américaine
La navette spatiale amarrée au module Destiny

La navette spatiale est le plus polyvalent des vaisseaux participant au programme car elle peut transporter tout à la fois du fret pressurisé, du fret non pressurisé dans une soute particulièrement volumineuse, ramener du fret à Terre ou contribuer à la relève des équipages. Elle est de plus équipée d'un bras piloté depuis la cabine de la navette qui lui permet d'extraire les charges utiles qu'elle transporte. Sa capacité de transport bien que pratiquement divisée par deux par le choix d'une orbite favorable aux lanceurs russes, est particulièrement importante (16,4 tonnes). Enfin sa baie de grande taille (4,6 m par 18,3 m, pour un volume de 300 m3) lui permet de placer en orbite les composants de la station les plus encombrants. La navette s'arrime à la station spatiale via l'un des deux adaptateurs pressurisés (PMA) qui assurent la compatibilité entre le diamètre de l'écoutille de son sas et les ports de la station.

La navette spatiale transporte le fret à destination de l'intérieur de la station grâce à un container pressurisé placé dans sa baie cargo : le Module Logistique Multi-Usages (MPLM) italien, construit sur le modèle du Colombus européen, comporte seize emplacements de racks et dispose d'une écoutille de grande taille au format des ports de la station. Lorsque la navette est parvenue à la station, le container pressurisé est amarré à un port de la station à l'aide du bras Canadarm de la navette.

Un cargo Progress sur le point de s'amarrer à la station
Le cargo russe Progress

Le cargo russe Progress peut transporter 3,2 tonnes de ravitaillement dont 1,8 tonnes de carburant pour la station. Il dispose d'une capacité de remorquage de la station significative. Le cargo s'amarre automatiquement à la station grâce au système Kurs qui utilise des impulsions radars pour calculer les corrections de sa trajectoire et s'amarrer.

Le vaisseau russe Soyouz

Le vaisseau russe Soyouz, qui permet de transporter 3 personnes, sert uniquement à relever l'équipage. Après le retrait de la navette spatiale, c'est le seul vaisseau jouant ce rôle jusqu'à ce que le vaisseau spatial américain chargé de remplacer la navette spatiale américaine soit au point (véhicule commercial ou Orion selon le sort du programme Constellation). Deux vaisseaux Soyouz sont amarrés en permanence à la station pour permettre l'évacuation de celle-ci en cas d'urgence. Le Soyouz a une capacité très limitée (quelques dizaines de kg) d'emport de fret aller et retour.

L'ATV européen

L'ATV est un vaisseau cargo automatique développé par l'Agence spatiale européenne pour ravitailler la station spatiale. Il est lancé par une Ariane 5 ES ATV et se présente sous la forme d'un cylindre de 4,85 mètres de diamètre sur 10 mètres de longueur. Il peut transporter jusqu'à 7,7 tonnes de fret dont 4 700 kg de carburant pour le remorquage, 860 kg de carburant pompés dans les réservoirs de la station spatiale, 4 500 kg de fret dans une soute pressurisée, 100 kg d'air ou oxygène et 800 kg d'eau. L'ATV dispose de quatre gros moteurs de propulsion qui lui permettent de rehausser à la demande l'altitude de la station durant son temps d'amarrage (6 mois). Il est conçu pour s'amarrer automatiquement au module Zvezda. Son écoutille de modèle russe ne lui permet pas de transporter le fret encombrant. Il n'a pas de capacité de transport de fret non pressurisé. Il est prévu de lancer un ATV tous les quinze mois.

Youri Gidzenko décharge de son fret le module MLP Leonardo amené par la navette
L'HTV japonais

Le vaisseau cargo japonais HTV, développé par le Japon dans le cadre de sa participation à la station spatiale, peut transporter 4,5 tonnes de fret dans sa soute pressurisée et 1,5 tonnes dans un espace non pressurisé. Disposant d'une écoutille de grand diamètre qui permet une connexion directe aux ports de la partie non russe de la station spatiale, il peut, contrairement à l'ATV, transporter les pièces les plus volumineuses qui équipent l'intérieur de la station spatiale internationale (format rack). Pour opérer sa jonction avec la station spatiale le vaisseau cargo HTV, qui a été lancé par le lanceur japonais H-IIB, approche en mode automatique de la station spatiale en utilisant un GPS différentiel puis parvenu à 500 mètres un laser dont le rayon lumineux se réfléchit sur une mire installée sur la station. Arrivé à 10 mètres de la station le bras téléopéré Canadarm aggripe le vaisseau et réalise la jonction. L'HTV a été lancé pour la première fois en septembre 2009. Six autres missions sont aujourd'hui planifiées.

Le vaisseau cargo japonais HTV vient d'être « capturé » par le bras robotique Canadarm2 manipulé depuis l'intérieur de la station spatiale
Les vaisseaux COTS Cygnus et SpaceX Dragon

Pour ravitailler la station spatiale après le retrait de la navette spatiale et s'affranchir au maximum des vaisseaux russes, la NASA a lancé le programme COTS qui confie à des acteurs privés le développement et le lancement de vaisseaux-cargos. Deux vaisseaux, de capacité pratiquement identique (2 tonnes), ont été retenus en 2002 et doivent entrer en service vers 2011 :

  • le Cygnus de la société Orbital Sciences : 8 véhicules commandés chargés de transporter 20 tonnes pour un montant de 1,9 milliards $
  • le Dragon de la société SpaceX  : 12 missions commandés chargés de transporter 20 tonnes pour un montant de 1,6 milliards $. Le vaisseau Dragon est le seul vaisseau qui pourra ramener du fret après le retrait de la navette.

Les opérations de ravitaillement

Depuis le début de sa construction en 1998 jusqu'à fin 2009 la station spatiale a été ravitaillée par 35 vaisseaux cargo Progress, 1 ATV européen (2008) et 1 HTV japonais (2009). La relève des équipages par 20 vaisseaux Soyouz et 31 vols de la navette spatiale américaine qu a par ailleurs placé en orbite des composants de de la station ou amener du ravitaillement ou des pièces détachées. Deux lanceurs Proton ont lancé des modules russes. Enfin deux Soyouz sont immobilisés en permanence pour permettre à l'équipage d'évacuer la station en cas d'urgence. 2010 est une année un peu particulière car elle est à la fois la première année complète avec un équipage de 6 permanents et la dernière année où les opérations d'assemblage battent leur plein : il est prévu de lancer 5 navettes (celle-ci sera retirée du service à l'issue de ces missions), 4 Soyouz, 1 ATV, 1 HTV et 3 ou 4 Progress.

Les opérations de maintien en orbite

Maintien de l'altitude

Les changements de l'altitude moyenne de la station entre 1998 et 2009

La station spatiale est placé sur une orbite basse légèrement elliptique avec une inclinaison de 51,6 ° qu'elle parcourt en environ une heure et demie. L'altitude, comprise entre 370 km et 460 km, est un compromis entre deux contraintes :

  • À une altitude plus basse l'atmosphère plus dense freine de manière importante la station ; une quantité de carburant supplémentaire doit être dépensée pour remonter l'orbite de la station afin d'éviter que celle-ci entre dans les couches plus denses de l'atmosphère qui entraîneraient sa destruction. À l'altitude retenue, l'altitude de la station diminue de 50 à 100 mètres par jour.
  • Une altitude plus importante implique que les vaisseaux chargés du ravitaillement et de la relève des équipements dépensent du carburant supplémentaire pour rejoindre la station puis effectuer leur rentrée dans l'atmosphère.

L'altitude de la station doit être régulièrement remontée pour compenser la dégradation de l'orbite qui atteint de 50 à 100 mètres par jour et qui est due à la traînée générée par l'atmosphère ténue qui subsiste au niveau de l'orbite et qui dépend en partie de l'orientation des panneaux solaires. Le relèvement de l'altitude peut être réalisé à l'aide des moteurs du module russe Zvezda mais ce sont les différents vaisseaux qui accostent la station, qui effectuent l'essentiel de ce travail : le vaisseau Soyouz et la navette spatiale ont une capacité limitée dans ce domaine contrairement aux cargos Progress, HTV et surtout ATV qui disposent de réserves de carburant importantes dédiées à cette tâche (4,7 tonnes de carburant pour l'ATV). Jusqu'à présent les corrections d'orbite ont été essentiellement effectuées par le cargo Progress. Ces manœuvres consomment environ 7 tonnes de carburant par an. Les trois cargos comportent des réservoirs et des canalisations qui permettent également de refaire le plein des réservoirs de carburant de la station. Il est prévu que soit installé sur la poutre de la station dans les années qui viennent un prototype de moteur Vasimr qui prendra en charge une partie du travail effectué par les cargos tout en consommant beaucoup moins de carburant.

Maintien de l'orientation

L'orientation de la station spatiale est choisie en fonction de différents critères liés à la production d'énergie, les besoins de manœuvres des vaisseaux et les risques de collision avec des débris.

L'ATV dispose d'une importante capacité à relever l'altitude de la station

Elle doit être régulièrement corrigée car elle est modifiée notamment par le freinage atmosphérique, les irrégularités du champ de gravité terrestre, les déplacements à l'intérieur de la station et la poussée des vaisseaux qui s'amarrent. Les corrections, lorsqu'elles sont faibles, sont généralement prises en charge par quatre gyroscopes à deux degrés de liberté qui fournissent ensemble 4760 Nms et qui sont installés dans le segment S0 de la poutre non loin du centre de gravité de la station. Lorsque la force exercée par les gyroscopes n'est pas suffisante, par exemple lorsque ceux-ci ceux-ci sont saturés ou que l'orientation des panneaux solaires crée une traînée importante, les corrections sont réalisées à l'aide des moteurs du module de service Zarya.

Le plan de l'orbite de la station a une incidence sur le contrôle thermique de la station et la production d'énergie. Le plan de l'orbite est défini par l'angle que fait celui-ci avec la droite joignant le Soleil à la Terre, dit angle bêta (β). Si cet angle est de 90 ° la station est constamment exposée au Soleil et ses panneaux solaires peuvent fonctionner en permanence. En diminuant l'angle bêta, la station séjourne durant une fraction de plus en plus longue de son orbite à l'ombre de la Terre. La contrepartie d'une période d'ensoleillement longue est un échauffement plus important des modules pressurisés. Jusqu'à ce que tous les panneaux solaires soient installés un angle bêta important a été retenu pour permettre la production de suffisamment d'électricité a été retenu. Lorsque l'angle est supérieur à 60 ° la navette spatiale ne peut accoster car son contrôle thermique n'a pas la capacité de faire face au flux thermique généré.

L'orientation de la station peut être également modifiée pour maximiser l'énergie électrique produite. La station est conçue pour avancer selon l'axe défini par l'alignement des principaux modules pressurisés (axe X), les laboratoires constituant l'« avant » et les modules russes l'arrière. La poutre (axe Y) qui est perpendiculaire à cet axe est maintenue parallèle au sol. Mais lorsque l'angle bêta est grand cette orientation l'incidence des photons sur les panneaux solaires n'est pas optimale (les rayons solaires ne frappent pas à la verticale les panneaux). Aussi, jusqu'à récemment, l'axe x est généralement basculé de 90 ° pointant perpendiculairement au plan d'orbite dans une configuration dite XPOP (X-axis Perpendicular to the Orbital Plane). Cette orientation peut être maintenue pratiquement sans correction des moteurs d'orientation. Dans la configuration YVV l'axe Y se confond avec l'axe de progression ce qui permet de produire encore plus d'énergie mais requiert beaucoup de carburant pour maintenir l'orientation. Cette configuration n'est utilisée que quelques jours par an.

Assemblage et maintenance de la station

Sortie extra-véhiculaire pour travailler sur le module japonais Kibo

Les opérations d'assemblage

Les opérations d'assemblage de la station sont en grande partie réalisées par les équipages de la navette spatiale qui placent en orbite les nouveaux composants. Le déplacement des modules et des gros composants situés à l'extérieur de la station est réalisé à l'aide des bras Canadarm et Canadarm2 mais l'assemblage est parachevé au cours de chaque mission de la navette par 3 à 5 sorties extravéhiculaires durant lesquelles sont effectués les travaux les plus délicats : interventions sur les liaisons électrique et thermique extérieures, boulonnages des composants, retrait ou mise en place de revêtements de protection et de mains courantes, etc... . Les astronautes de la navette préparent ces sorties au sol durant près d'un an en s'entraînant sur des maquettes à l'échelle 1 immergées dans une piscine ce qui permet de reproduire en partie l'absence de gravité. Les interventions à l'extérieur, qui peuvent durer plus de 7 heures, sont réduites au maximum : elles sont en effet dangereuses, physiquement épuisantes car la combinaison spatiale portée par l'astronaute est rigidifiée par la pression et imposent un long protocole de préparation physique. Sur les 22 sorties extravéhiculaires effectuées en 2009, seules 3 ont été réalisées par l'équipage permanent dont 2 pour préparer l'amarrage d'un nouveau module russe. Les sorties sont effectuées, selon les intervenants et l'objectif, en utilisant le sas de la navette spatiale, celui du module Quest ou le sas russe. Pour des raisons de sécurité les sorties s'effectuent toujours à 2 personnes ce qui correspond à la capacité maximum des sas.

Après jonction entre les modules Unity et Quest on raccorde les différentes liaisons et canalisations

Les modules de la partie de la partie non russe de la station sont placés en orbite avec le minimum d'équipements pour limiter leur poids. La mise en place des équipements internes est réalisée par la suite au fur et à mesure de leur arrivée. Ce travail est réalisé essentiellement par l'équipage permanent.

Les opérations de maintenance et d'entretien

Les opérations de maintenance occupent une partie importante du temps de l'équipage permanent de la station spatiale. La station contient des composants qui nécessitent d'être remplacés périodiquement - filtres, lampes - ou doivent être entretenus. Des défaillances se produisent régulièrement, un phénomène normal compte tenu du nombre de composants. Certains composants jouant un rôle crtitique se sont révélés particulièrement fragiles comme le système de support de vie (ECLSS) ou les gyroscopes victimes de deux défaillances bien avant leur fin de vie théorique dont l'une a mise à l'épreuve la résistance mécanique de la poutre de la station.

Le rôle du support au sol

James F. Reilly s'extrait du sas Quest pour entamer une sortie extravéhiculaire

La station spatiale internationale ne peut fonctionner sans un support au sol important : il faut entraîner les équipages, planifier les ravitaillements, concevoir, tester et préparer les composants à mettre en orbite, lancer les vaisseaux qui assurent le ravitaillement et la relève des équipages, surveiller les paramètres de fonctionnement de la station, assister l'équipage pour certaines opérations complexes, maintenir le réseau de communications par lesquels transitent données télémétriques et scientifiques, rediriger ces dernières vers les utilisateurs finaux et enfin coordonner tous les acteurs. Ces tâches concernent tous les partenaires et impliquent donc un grand nombre d'organisations spatiales à des degrés divers.

Le centre spatial Johnson de la NASA est responsable du programme tout entier et est le centre de contrôle pour les activités dans la partie non russe de la station spatiale. La conception et le développement des composants de la station et l'entraînement de l'équipage sont également de son ressort. Le centre de vol spatial Marshall de la NASA est le centre de contrôle au sol primaire pour les expériences scientifiques et conçoit la majorité des composants développés aux États-Unis dont le système de support de vie américain ECLSS.

Pour le segment russe ces missions sont prises en charge par le centre de contrôle de l'agence spatiale Roscosmos (TSUP) située à Koroliov (contrôle de mission), la Cité des étoiles (entraînement des cosmonautes) et le constructeur GKNPZ Krounitchev (conception de la station).

Les vaisseaux chargés du transport jusqu'à la station sont lancés et suivis par les différents centres nationaux : la navette spatiale américaine et sa charge utile sont préparées et lancées depuis le centre spatial Kennedy. Les vaisseaux russes Progress et Soyouz, ainsi que les modules russes sont tirés depuis la Baïkonour. Le vaisseau cargo japonais est lancé depuis la base de lancement de Tanegashima tandis que les expériences scientifiques japonaises sont suivies par le centre spatial de Tsubuka. Le vaisseau cargo européen ATV est lancé depuis le Kourou et son contrôle est effectué depuis le centre du CNES de Toulouse. Les activités scientifiques du module européen Columbus sont coordonnées par l'agence spatiale allemande (DLR).

Les risques et leur gestion

Parties les plus exposées à un risque de collision avec un débris spatial (en rouge)

La survie de la station et de son équipage dépend du bon fonctionnement d'un grand nombre de systèmes complexes et du maintien de l'intégrité de la structure pressurisée. L'équipage est loin de tout secours et est plongé dans un environnement hostile : vide spatial, débris spatiaux, températures extrêmes. La prévention des risques est donc un objectif majeur. Celui-ci est intégré dans la conception de la station, les procédures appliquées au quotidien et l'entraînement de l'équipage. Les principaux risques sont :

  • La perforation de la partie pressurisée de la station par un débris spatial ou une micrométéorite. Cet événement constitue le risque le plus élevé.
  • La collision avec un vaisseau ravitailleur entraînant un dépressurisation (incident survenu dans la station Mir).
  • Une panne complète d'un système critique (support vie, énergie, régulation thermique, informatique,...)
  • Un incendie, incident qui s'est produit dans la station Mir.
  • Une décompression durant une sortie extra-véhiculaire (perforation de la combinaison spatiale par une micrométéorite,...)

La menace des débris spatiaux et des micrométéorites

La station spatiale est placé sur une orbite où circule également, à des vitesses relatives qui peuvent dépasser 20 km par seconde, une grande variété de débris spatiaux : étages de fusée ,satellites hors service, débris d'engins explosés, restes de moteurs à propulsion solide, écailles de peinture, liquide réfrigérant du générateur nucléaire des satellites RORSAT, petites aiguilles et autres objets. Ces débris, ainsi que les micrométéorites constituent une menace pour la station car ils peuvent percer la coque des modules pressurisés ou endommager les autres parties vitales de la station. Les experts américains évaluent le probabilité de pénétration de la partie pressurisée par un débris à 29 % sur une période de 15 ans ; la probabilité d'abandon de la station est de 8 % et celui de la perte de la station, avec éventuellement perte de l'équipage, de 5 %. Ces chiffres partent de l'hypothèse que les protections anti-débris des vaisseaux Progress et Soyouz sont améliorés : si ce n'est pas le cas la probabilité de perforation passe à 46%. Ces chiffres sont jugés pessimistes par les russes qui se reposent sur l'expérience accumulée avec la station Mir.

Deux vaisseaux Soyouz sont en permanence amarrés à la station pour pouvoir évacuer l'équipage.

La trajectoire des débris de plus de 10 cm est surveillée depuis le sol et l'équipage est averti lorsque l'un d'entre eux est susceptible de passer à proximité de la station. Cela permet à l'équipage de modifier l'orbite de la station (Debris Avoidance Manœuvre DAM) en utilisant les propulseurs des modules russes pour s'écarter de la trajectoire du débris.. Si celui-ci est identifié trop tard pour permettre la réalisation d'une manœuvre, l'équipage a pour consigne de fermer toutes les écoutilles à l'intérieur de la station et de s'installer dans les vaisseaux Soyouz qui permettent, si nécessaire, de rejoindre le sol. Cette évacuation partielle a déjà eu lieu à deux reprises le 6 avril 2003 et le 13 mars 2009. Les débris d'une taille inférieure à 10 cm, trop nombreux et trop petits, ne peuvent être surveillés depuis le sol. L'équipage s'entraîne donc régulièrement à faire face à une dépressurisation : la station est équipée de détecteurs de perte de pression qui permettent de calculer à quel moment l'atmosphère deviendra irrespirable. L'équipage peut ralentir les pertes en coupant le système de ventilation et tenter de détecter et obturer la fuite. Si la brèche dans la coque a une superficie de quelques cm², l'équipage dispose théoriquement d'un délai de plusieurs heures avant que la situation devienne intenable. Si la réparation se révèle impossible, l'équipage doit se replier vers les modules intacts en fermant les écoutilles internes ou évacuer la station à bord des vaisseaux Soyouz. Depuis le passage à 6 occupants permanents en mai 2009, deux vaisseaux Soyouz triplaces sont amarrés en permanence aux modules russes en prévision d'un événement de ce type..

Les débris constituent également une menace durant les sorties extravéhiculaires des astronautes , car ils peuvent perforer les combinaisons spatiales et entraîner une dépressurisation mortelle (l'astronaute dispose d'environ 15 secondes pour réagir avant de perdre conscience).

Mark Lee teste le système SAFER au cours de la mission STS-64

La probabilité d'une perforation de la tenue spatiale, est toutefois, selon les experts américains, très faible compte tenu de la distribution des débris et des protections incorporées dans les combinaisons spatiales : 6 % après 2 700 heures d'activités extravéhiculaires d'une équipe de deux personnes. L'astronaute peut également perforer sa combinaison en y faisant un accroc (survenu une fois mais sans conséquence) ou partir à la dérive. Pour combattre ce dernier risque, les procédures concernant l'accrochage sont très strictes et en ultime recours l'astronaute emporte un dispositif propulsif, le SAFER, fournissant un delta-v cumulé de 3 m/s.

Les autres risques

De nombreux capteurs permettent aux contrôleurs au sol, qui assurent une surveillance permanente ainsi qu'aux systèmes de contrôle automatique de la station de détecter des changements pouvant affecter de manière grave le fonctionnement de la station : modification de la composition de l'atmosphère (augmentation du taux de CO2, présence de gaz toxiques), début d'incendie,.... L'équipage est averti et des contre-mesures sont mises en œuvre éventuellement automatiquement. Les fonctions critiques de la station doivent être normalement assurées même en cas de double défaillance, contrainte prise en compte par la présence de redondances : il y ainsi deux systèmes permettant de renouveler l'oxygène auxquels s'ajoute un système de secours basé sur des bouteilles d'oxygène et des cartouches chimiques. Les systèmes les plus vulnérables sont le circuit de régulation thermique et l'alimentation électrique du fait de la présence de composants critiques uniques. La station peut néanmoins continuer à fonctionner en cas de panne de ces systèmes mais en mode dégradé. Pour pouvoir remettre en marche les systèmes défaillants l'équipage dispose à l'intérieur et à l'extérieur de la station d'un certain nombre de pièces de rechange pré-positionnées (en particulier pour les composants critiques), de kits de réparation et de boites à outils. Les vols de la navette spatiale en 2010 sont en partie utilisés pour constituer un stock de pièces de rechange important car leur transport deviendra plus difficile après le retrait de la navette à la fin de cette année.

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