Qualités des soins
La qualité des soins infirmiers peut être définie par la démarche de Hannu Vuori qui, dans sa publication à l’OMS concernant la santé publique en Europe, pose quatre questions pour élaborer sa définition.
Questionnement
- « La qualité pour qui ? » : Pour tous les acteurs des soins et de leur qualité, mais aussi bien sûr pour toutes les personnes à qui ils s’adressent. [...] les soignants et le patient n’ont pas la même façon de considérer les soins qui lui sont donnés. Il convient donc d’essayer de concilier les deux points de vue.
- « La qualité définie par qui ? » : Par un professionnel de santé qui cherche l’efficience maximale de sa démarche.
- « Destinée à quoi ? » : À développer un débat (public et professionnel) et un enrichissement de la réflexion sur les exigences relatives à la pratique soignante.
- « De quelle qualité s’agit-il ? » : C’est celle qui, dans le cadre d’une pratique pluri-professionnelle, adapte les soins portés à la personne dans une perspective de santé et non dans un but de « non-maladie ». Dans l’optique du déploiement de la santé, l’infirmier dispose d’actes techniques et de connaissances qu’il utilise pour prendre soin de la personne dans sa globalité, tant au point de vue somatique que psychologique.
Facteurs de la qualité des soins
Partant de ces constats, Walter Hesbeen a déterminé les facteurs qui, par leur association et leurs interactions, constituent la qualité des soins :
- « Les aspects politiques et économiques » regroupent le cadre légal et réglementaire des activités de soins et les limites des ressources économiques qu’un état souhaite investir dans la santé : c’est ainsi, entre autres, que le gouvernement français vote dans le cadre du projet de finances annuel l'Objectif national des dépenses de l'assurance maladie.
- « L’organisation concrète des structures » : c’est-à-dire les projets que se donnent les structures sanitaires et sociales, ainsi que les outils et moyens qu’elles développent pour les mener à bien. Dans le cadre de l’urgence pré-hospitalière.
- « Les réflexions philosophiques et connaissances techniques et scientifiques » sont la conséquence de la curiosité intellectuelle et des ressources dont dispose chaque soignant, et doivent être mises en pratique dans le Projet de Soins.
- « La formation des professionnels » permet à ces derniers de compléter leur formation initiale en acquérant les connaissances spécifiques à leur secteur d’activité. Elle s’oppose au mythe de « l’opérationnalité immédiate » au sortir du Diplôme d’État.
- « Les comportements et les compétences des acteurs » qui sont les aptitudes que l’infirmier exprime dans son activité. Chaque soignant, par sa personnalité et par l’application qu’il met dans son activité professionnelle, peut apporter une richesse.
- « La personne soignée et ses proches ». Le soignant qui va à la rencontre de la personne doit déterminer, entre autres, la perception qu’elle a de sa pathologie, ses ressources personnelles et son désir de guérir. Au même titre que son environnement, l’inquiétude et la souffrance de ses proches sont des éléments qui doivent orienter les soins.
- « La méthode de recueil d’information sur les pratiques » permet, quant à elle, de mettre en évidence de façon quantitative et/ou qualitative les actions entreprises.
La prise en compte de ses facteurs permet de faire évoluer la qualité des soins et selon Walter Hesbeen : « une pratique soignante de qualité est celle qui prend du sens dans la situation de vie de la personne soignée et qui a pour perspective le déploiement de la santé pour elle et pour son entourage. Elle relève d’une attention particulière aux personnes et est animée par le souci du respect de celle-ci. Elle procède de la mise en œuvre cohérente et complémentaire des ressources diverses dont dispose une équipe de professionnels et témoigne des talents de ceux-ci. Elle s’inscrit dans un contexte politique, économique et organisationnel aux orientations, moyens et limites pertinentes et clairement identifiés ».
La qualité des soins, dans le sens d'amélioration continue des prestations par la gestion des processus, tel qu'il est défini par le système d'autorégulation propre à William Edwards Deming fait partie intégrante de la culture infirmière. Florence Nightingale, en 1872 déclarait : « Pour nous qui soignons, nos soins sont ainsi faits que, à moins que nous ne fassions des progrès chaque année, chaque mois, chaque semaine, croyez-moi nous reculons ».