Simone Veil - Définition

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Introduction

Simone Veil
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Mandat(s)
Ministre de la Santé
28 mai 1974 - 4 juillet 1979
Président(s) Valéry Giscard d'Estaing
Gouvernement(s) Jacques Chirac I
Raymond Barre I
Raymond Barre II
Raymond Barre III
Prédécesseur(s) Michel Poniatowski
Successeur(s) Jacques Barrot
31 mars 1993 - 16 mai 1995
Président(s) François Mitterrand
Gouvernement(s) Édouard Balladur
Prédécesseur(s) Bernard Kouchner
Successeur(s) Philippe Douste-Blazy
Présidente du Parlement européen
juillet 1979 - janvier 1982
Prédécesseur(s) Emilio Colombo
Successeur(s) Piet Dankert
Membre du Conseil constitutionnel
mars 1998 - mars 2007
Titulaire du fauteuil 13 de l'Académie française
Actuellement en fonction
Depuis le 18 mars 2010
Élection 20 novembre 2008
Prédécesseur(s) Pierre Messmer
Biographie
Nom de naissance Simone Jacob
Date de naissance 13 juillet 1927 (1927-07-13) (83 ans)
Lieu de naissance Nice (Alpes-Maritimes)
Nationalité Drapeau de la France Française
Parti(s) politique(s) UDF, proche de l'UMP
Conjoint(s) Antoine Veil
Diplômé(e) de Institut d'études politiques de Paris
Profession Juriste

Simone Veil, née Simone Jacob le 13 juillet 1927 à Nice (Alpes-Maritimes), est une femme politique française.

Rescapée de la Shoah, elle fait carrière dans la magistrature jusqu'à sa nomination comme ministre de la Santé, en mai 1974. À ce poste, elle fait notamment adopter la « loi Veil », promulguée le 17 janvier 1975, qui autorise l'avortement en France.

De 1979 à 1982, elle est la première femme à présider le Parlement européen élu au suffrage universel. Ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement Édouard Balladur, elle siège au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007.

Simone Veil est la femme préférée des Français en 2010, selon un sondage réalisé par l'Ifop. Élue à l'Académie française, elle entre sous la Coupole le 18 mars 2010.

Biographie

Enfance

Le 22 mai 1922, son père André Jacob épouse Yvonne Steinmetz, dans le 9e arrondissement de Paris. Il quitte la capitale pour Nice deux ans plus tard.

Simone Jacob est la cadette d'une famille de quatre enfants (Madeleine, Jean, Denise et Simone), dont seulement trois survivront à la Seconde Guerre mondiale (Madeleine, Denise et elle-même). Son père est un architecte qui a obtenu en 1919 le Second grand prix de Rome, tandis que sa mère s'occupe de ses enfants, ainsi que d'autres enfants dont les parents connaissent de grandes difficultés financières en raison de la crise économique des années 1930.

En 1939, l'année qui précède la déclaration de guerre, elle est en classe de 4e à Nice. L'année suivante, les enfants Jacob sont envoyés près de Carcassonne, où ils séjournent en compagnie d'un oncle et d'une tante. De retour à Nice, la famille, qui habite un appartement, subit la ségrégation progressive des lois anti-juives. Les enfants participent activement aux activités des scouts et des éclaireuses. Le danger devient manifeste à partir de septembre 1943, date de la prise de contrôle de cette zone par l’occupant allemand en remplacement des Italiens. En mars 1944, elle passe son baccalauréat.

La déportation

Lors d'un contrôle effectué dans la rue par deux SS, Simone Jacob, alors âgée de 16 ans et qui se fait appeler Simone Jacquier, est arrêtée le 30 mars 1944, à Nice, où elle réside chez son professeur de lettres classiques. Elle est emmenée à l'hôtel Excelsior, quartier général allemand, qui sert à cette époque de lieu de regroupement local des juifs arrêtés avant leur déportation vers l'Allemagne. Dans les heures qui suivent, le reste de sa famille, hébergée malgré les risques encourus par plusieurs couples de relations et d'amis niçois, est arrêté par la Gestapo. Sa sœur Denise, entrée à 19 ans dans un réseau de Résistance à Lyon, est arrêtée en 1944, et déportée à Ravensbrück d'où elle est revenue.

Simone transite par le camp de Drancy. Son père et son frère Jean sont déportés en Lituanie par le convoi 73. Simone Veil ne les a jamais revus. Le 13 avril 1944, soit deux semaines après leur arrestation, Simone, sa mère et sa sœur Madeleine sont envoyées de Drancy (convoi n°71), vers le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau où elles arrivent le 15 avril au soir. Un prisonnier parlant français lui conseille de se dire âgée de plus de 18 ans pour passer la sélection et éviter l'extermination. Elle reçoit le matricule 78651 qui lui est tatoué sur le bras. Le travail forcé consiste alors à « décharger des camions avec d'énormes pierres » et « à creuser des tranchées et aplanir le sol ».

En juillet 1944, avec sa mère et sa sœur, elle est transférée à Bobrek, à cinq kilomètres de Birkenau. Peu avant la libération du camp d'Auschwitz le 27 janvier 1945, les Allemands emmènent leurs prisonniers dans la marche de la mort jusqu'au camp de Bergen-Belsen où elle travaille à la cuisine. Sa mère meurt du typhus le 15 mars 1945. Sa sœur Madeleine, atteinte également, est sauvée de justesse grâce à l'arrivée des Alliés.

Bergen-Belsen est libéré par les troupes britanniques le 15 avril 1945. Elle est de retour en France le 23 mai suivant. Simone, Madeleine et son autre sœur Denise (engagée dans la Résistance) sont les trois survivantes de leur famille, puisque son père et son frère ne sont pas revenus des camps.

La magistrature

Seule de toute l'Académie à avoir passé et obtenu son baccalauréat en mars 1944, la veille de son arrestation, elle s'inscrit en 1945 à la faculté de droit et à l'Institut d'études politiques de Paris où elle rencontre Antoine Veil, futur inspecteur des finances, qu'elle épouse le 26 octobre 1946. Ils ont trois fils : Jean Veil avocat d'affaires né en 1947, Claude-Nicolas né en 1948, et Pierre-François en 1954.

Munie de sa licence et de son diplôme de l'IEP, elle renonce à la carrière d'avocate qu'elle avait envisagée pour entrer dans la magistrature, où elle mène sa carrière jusqu'en mai 1974.

Ministre de la Santé (1974 - 1979)

Simone Veil, en 1988.

Après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République, elle est nommée ministre de la Santé dans le gouvernement Jacques Chirac, poste qu'elle conserve sous les gouvernements Raymond Barre, jusqu'en juillet 1979.

À ce titre, elle est maître-d'œuvre de l'adoption par le Parlement du projet de loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), qui dépénalise l'avortement, texte qui entre en vigueur le 17 janvier 1975. Ce combat lui vaut des attaques de la part de l'extrême-droite et même d'une partie de la droite traditionnelle, comme l'a rappelé Jean d'Ormesson en l'accueillant à l'Académie française.

Elle devient cependant, et reste longtemps, la personnalité politique la plus populaire de France.

Présidente du Parlement européen (1979 - 1982)

À la demande du président Valéry Giscard d'Estaing, elle conduit la liste Union pour la démocratie française (UDF) aux élections européennes de 1979, les premières au suffrage universel. Suite à la victoire du parti centriste (27,61 % des suffrages et 25 élus), elle quitte le gouvernement.

Le 17 juillet 1979, après avoir manqué de peu l'élection au premier tour, elle est élue au second première présidente du Parlement européen, avec 192 voix, contre 133 au socialiste Mario Zagari et 47 au communiste Giorgio Amendola. Elle occupe cette fonction jusqu'au début de l'année 1982 (accord tacite entre les groupes de présidence « tournante » à mi-mandat).

Avec Jacques Chirac, elle impose à l'opposition une liste unique aux élections européennes de 1984. Sa liste obtient 43,02 % des voix et 41 sièges de députés européens le 17 juin.

Opposition aux gouvernements de gauche

Début 1990, elle qualifie d’« inadmissible » la création de fichiers informatisés de la police, décidée par le gouvernement Michel Rocard. Le projet est retiré en mars 1990.

Ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville (1993 - 1995)

En mars 1993, Simone Veil est nommée ministre d'État, ministre des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement dirigé par Édouard Balladur. À ce poste, elle met en place le Praticien adjoint contractuel (PAC). Soutien d'Édouard Balladur à l'élection présidentielle de 1995, elle quitte le gouvernement suite à la victoire de Jacques Chirac.

Membre du Conseil constitutionnel (1998 - 2007)

Membre du Conseil constitutionnel (France) de mars 1998 à mars 2007, elle sort de son devoir de réserve pour appeler à voter « oui » au référendum de 2005 sur la Constitution européenne.

Depuis 2007

Le 8 mars 2007, à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme et tout juste libérée de son devoir de réserve lié à son mandat de membre du Conseil constitutionnel, elle annonce sa décision de soutenir Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007. Toutefois, cela ne l’empêche pas de garder sa liberté de jugement et, à l’annonce de la création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale par le candidat de l’UMP au cas où il serait élu, elle répond qu’elle aurait préféré un ministère « de l’Immigration et de l'Intégration ».

Son soutien à Nicolas Sarkozy n’est toutefois pas remis en cause : « Nicolas est gentil. Il peut être brutal dans son expression mais les gens ont tort de douter de son humanité. C’est un ami fidèle. Pour moi, c’est important. Quand on choisit un président, on a envie de quelqu’un qui ait ces qualités-là. Ce n’est pas toujours le cas. » Elle adresse par ailleurs de nombreuses critiques au candidat UDF, François Bayrou, l’accusant de ne représenter « que lui-même ».

Le 11 janvier 2008 le président de la République, Nicolas Sarkozy, annonce qu’il l’a chargée de « mener un grand débat national pour définir les nouveaux principes fondamentaux nécessaires à notre temps, les inscrire dans le préambule de la Constitution », nommant la « diversité » qui « ne peut pas se faire sur une base ethnique ». Le décret du 9 avril 2008 portant création d’un comité de réflexion sur le préambule de la Constitution, qui prévoit la remise d’un rapport avant le 30 juin, suscite l’opposition d’Anne-Marie Le Pourhiet, qui y voit un risque de « saper le principe d’égalité de tous devant la loi ».

Forte de sa qualité de présidente d’honneur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, Simone Veil s’oppose, le 15 février 2008, à l’idée de confier la mémoire d’un enfant juif de France mort dans la shoah à chaque élève de CM2 : « C’est inimaginable, insoutenable, dramatique et, surtout, injuste ».

Le 1er janvier 2009, elle a été promue directement à la distinction de Grand officier de la Légion d’honneur. Selon Le Figaro, c'est à la demande expresse de Roselyne Bachelot et avec l'accord de Nicolas Sarkozy, que le Code de la Légion d'honneur et de la Médaille militaire a été modifié, quelques semaines avant la promotion de Simone Veil, afin de lui permettre d'accéder directement à cette distinction, sans passer par passer par les grades inférieurs.

Elle reçoit le Prix Heinrich Heine 2010.

Son autobiographie : Une vie

Simone Veil le 27 février 2008.

Le 31 octobre 2007 est éditée son autobiographie, intitulée Une vie. L’ouvrage a été traduit en une quinzaine de langues et vendu, en France, à plus de 550 000 exemplaires et a obtenu le Prix des Lauriers Verts en 2009.

Elle y donne entre autres son opinion sur Paul Touvier, dont elle dit que Georges Pompidou ne connaissait pas assez bien le dossier, et sur Maurice Papon, pour lequel Simone Veil insiste notamment sur le fait qu’il n’ait jamais manifesté le moindre remords, y compris pour la mort d’enfants juifs.

Membre de l'Académie française

Une autre reconnaissance de son action publique est son élection parmi les « Immortels ». Le 9 octobre 2008, invitée par Maurice Druon et François Jacob, Simone Veil présente sa candidature à l'Académie française au fauteuil de Pierre Messmer, qui fut également celui de Jean Racine et de Paul Claudel. Le 20 novembre 2008, elle est élue au premier tour de scrutin par 22 voix sur 29 (5 blancs, 2 marqués d'une croix).

Simone Veil est reçue sous la Coupole le 18 mars 2010, en présence du président de la République Nicolas Sarkozy, protecteur de l'Académie, et de ses prédécesseurs Valéry Giscard d'Estaing (membre de l'Académie française depuis 2003) et Jacques Chirac. Sur son épée d'Immortelle est gravé le numéro matricule qui avait été inscrit sur son bras à Auschwitz [numéro 78651], ainsi que les devises de la République française et de l'Union européenne : « liberté, égalité, fraternité » et « unis dans la diversité ».

Jean d'Ormesson prononce le discours de réception, et Simone Veil l'éloge de son prédécesseur, l'ancien Premier ministre Pierre Messmer.

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