Signalisation routière bilingue en France - Définition

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Introduction

La signalisation bilingue consiste en la représentation sur un même panneau de signalisation d'inscriptions en deux langues. Si la signalisation bilingue en France n’est pas formellement autorisée dans les textes réglementaires, elle se développe toutefois à l’initiative de certains conseils généraux ou communes pour les signalisations entrant dans leurs domaines de compétence respectifs.

Le texte de la seconde langue est habituellement écrit avec un lettrage de même taille et typographie, mais en italique, afin d'accentuer la différence entre les deux langues et de rendre la signalisation plus lisible.

Signalisation bilingue français/breton à Quimper (Bretagne)
Exemples de panneaux d'entrée bilingues en Limousin.

Histoire

Les premiers panneaux rédigés en deux langues apparus en France sont ceux posés pendant la deuxième Guerre mondiale, sous l’Occupation allemande, où ils étaient rédigés à la fois en allemand et en français.

Mais les premiers panneaux de signalisation bilingue utilisant la langue nationale et sa transcription régionale vont apparaître après les lois de décentralisation de 1982. Celles-ci accroissent les champs de compétence des collectivités territoriales. Ainsi les conseils généraux deviennent compétents pour l’aménagement des routes départementales et vont pouvoir prendre des initiatives en matière de signalisation routière.

D’ailleurs dès le 13 décembre 1982, M. André Lajoinie attire l’attention du Ministre des Transports sur le problème de la signalisation routière et touristique bilingue. II lui signale que de nombreuses associations culturelles expriment le souhait d'une telle signalisation, particulièrement dans les régions ou existent une culture et une langue particulièrement bien implantées. II lui demande les orientations qu'il entend mettre en œuvre en ce domaine permettant d'assurer la juste place de ces langues et cultures

Les départements du Finistère et des Côtes-d’Armor seront les premiers à prendre des délibérations ayant pour effet d’implanter des panneaux.

De nouvelles interventions se succèderont à l’assemblée nationale, comme la demande du député Didier Chouat en 1986 d'installation de panneaux de signalisation bilingue breton-français sur les routes du réseau national. II lui rappelle que le département des Côtes-du-Nord, dont il est l'élu, a engagé une action dans ce sens, sur les routes de son ressort.

Les initiatives des collectivités territoriales vont se multiplier, mais la réglementation n'évoluera pas pour autant.

Situation par région

Alsace

Noms de rue à Erstein, en français et alsacien.
Bayonne : panneau trilingue sur le pont Marengo enjambant la Nive.

En Alsace, où une partie de la population parle alsacien, les toponymes des petites municipalités sont habituellement d'origine allemande (avec quelques adaptations orthographiques francisées). Le français est toutefois la seule langue officielle, utilisée pour tous les panneaux de signalisation routière. Dans le centre historique de Strasbourg, chaque nom de rue est indiqué dans la double forme française/allemande ou dialectale. Cependant, seul le français est reconnu officiellement. Dans toute la région, de nombreuses villes et villages ont également adopté cette signalétique dont notamment Mulhouse où plus de 71 rues sont bilingues. D'autre part, quelques communes comme Marlenheim ont adopté à l'entrée du village une signalisation routière bilingue.

Aquitaine

Dans le département des Pyrénées-Atlantiques (dans la région Aquitaine), il est possible de trouver des panneaux de signalisation français/basque sur les routes locales (départementales et communales), ainsi que des doubles panneaux indiquant les frontières des localités (par exemple : Ascain/Azkaine). Le gascon est parlé dans l'agglomération Bayonne-Anglet-Biarritz (dans laquelle le basque est tout de même beaucoup plus présent). La signalisation routière est donc trilingue à Bayonne (français, basque, gascon).

Bretagne

Signalisation bilingue française et bretonne à Lorient.
Panneau-type d'entrée d'agglomération bilingue français/breton en Bretagne

En Bretagne, la signalisation de localisation et de direction est souvent bilingue, avec l'emploi du français et du breton à la fois. Elle est particulièrement dense dans les départements de la Bretagne occidentale. Cette signalisation bilingue français-breton est en croissance constante. Les Conseils généraux des départements du Finistère, du Morbihan et des Côtes-d'Armor en ont généralisé l'emploi sur les routes départementales, au moins dans sa partie-ouest pour ce dernier département.

À l'entrée de centaines de bourgs et de villes, on retrouve la double forme du nom de la commune sur deux panneaux superposés (par exemple Rennes/Roazhon, Quimper/Kemper, Gwened/Vannes). Pour plusieurs communes, le plus souvent de petite taille, l'orthographe officielle du nom est identique en français et en breton (Ex. : Brest, Redon, Edern). En localisation, il existe également des panneaux bilingues pour les limites des départements (Département du Finistère/Departamant Penn-ar-Bed, Département des Côtes-d'Armor/Departamant Aodoù-an-Arvor) et pour les autres indications géographiques : rivières, cols, etc.

De même, qu'elles soient rurales ou urbaines, grandes ou petites, les communes sont de plus en plus nombreuses à installer une signalisation bilingue directionnelle ou sur des plaques de rue. Citons par exemple : Lorient, Brest, Carhaix-Plouguer, Rostrenen, Mellac, Pluguffan, Quimper, Lannion, Pontivy, Vannes, Landerneau, Scaër, Brec'h, Pouldergat... Redon.

Comme pour les autres régions françaises, le texte breton utilise le lettrage en italique sur les routes départementales, malgré la recommandation de l'Office de la langue bretonne d'employer le même type de caractère typographique pour les deux langues. Cette recommandation est de plus en plus suivie par les communes toutefois.

Bien que votée à l'unanimité par le Conseil général du Morbihan en novembre 2004, la mise en place de panneaux bilingues sur les routes départementales du Morbihan, a été un peu contestée en 2005 dans une petite zone en pays Gallo, non pas par les Communes concernées, mais par deux associations : l'association Groupe information Bretagne, dont fait partie Françoise Morvan et l'« Association d'opposition à la signalisation bilingue en pays gallo » (AOSB), qui conteste surtout le coût d'une telle opération. La contestation portée par un habitant de Vannes à ce sujet a été de surcroît totalement rejetée selon le jugement rendu par le Tribunal Administratif de Rennes en 2008. Les habitants de Haute-Bretagne (à 74 %) comme ceux de Basse-Bretagne (à 77 % ) sont d'ailleurs très largement favorable à la signalisation routière français-breton, d'après un sondage dont les résultats ont été publiés au printemps 2009. On rencontre régulièrement des panneaux où les indications exclusivement en français ont été tagués ou masqués, quand le bilinguisme est totalement absent, comme par exemple sur les routes nationales.

La Haute-Bretagne possède un autre patrimoine linguistique qu'est le gallo. Mais, la signalisation routière bilingue français-Gallo est pratiquement inexistante, si l'on excepte les panneaux d'entrée de quelques communes, comme Loudéac/Loudia dans les Côtes-d'Armor et Parcé/Parczae en Ille-et-Vilaine. L'AOSB évoqué plus haut, tout en rejetant l'indication de "noms inventés par l'Office de la langue bretonne (qui) ne correspondent à rien", ne plaide aucunement pour la mise en place d'une signalisation bilingue gallo/français.

Corse

Panneaux bilingues corse et italien ou français, près de Bastia, sur lesquels les versions italiennes (Patrimonio et Barbaggio) ou française (Saint Florent) ont été rayées par des autonomistes.

En Corse, cas unique pour la France, la signalisation de lieu et de direction sur la totalité du territoire est entièrement bilingue français/corse (même si la quasi totalité des toponymes officiels français est en fait en italien, calquée sur la version locale: Porto-vecchio, Porti-Vechju en Corse n'est pas traduit par "Port-vieux"!), incluant les routes nationales (qui sont administrées par la Collectivité territoriale de Corse), et les routes départementales (administrées par le conseil général des deux départements), avec un niveau remarquable d'uniformité : Ajaccio/Aiacciu, Corte/Corti, Porto-Vecchio/Porti-Vechju, Sartene/Sartè, Bonifacio/Bunifaziu. Visuellement, quelques communautés, en particulier dans les zones intérieures de l’île, n'utilisent que des panneaux de direction en langue corse, alors que les anciens panneaux n'affichant que la version française ont été « corrigés » par graffiti. Les noms des rues et les panneaux de services sont par contre exclusivement en français.

Catalogne du Nord

Dans le département des Pyrénées-Orientales, dans la région Languedoc-Roussillon, et sous l'impulsion du Conseil Général, une majorité de municipalités a déjà opté pour l'inscription de leurs noms en version originale catalane, sous la traduction française ou de l'autre côté de la chaussée, par des panneaux de types officiels (Baillestavy / Vallestàvia). À Perpignan (Perpinyà), les noms des rues sont en double langue. Dans la majorité des communes, le nom est uniquement en français mais dans un certain nombre ils sont bilingues et dans un certain nombre d'autres, uniquement en catalan. Depuis peu, il est également possible de trouver quelques premiers panneaux français/catalan à caractère informatif (lieux géographiques, historiques, touristiques).

Occitanie

Plaques de rue bilingues en occitan et en français à Gap (Hautes-Alpes).
Plaques de rues bilingues à Toulouse.

Dans certaines communes de l'Occitanie, on retrouve un affichage bilingue, en français ainsi que dans la variante locale de la langue occitane. Ces panneaux sont présents dans les centres historiques de certaines villes pour indiquer les noms de rue. Quelques fois aussi, ils font référence à l'ancien nom de la rue, très différent du nom français actuel. les principales ville occitanes où l'on trouve une signalétique bilingue en centre-ville sont Toulouse, Aix-en-Provence et Nice,

La signalisation routière en Occitanie est quasiment uniquement en version française.

De plus en plus de communes occitanes optent pour une signalisation bilingue aux entrées/sorties des communes, comme cela est déjà très répandu en Catalogne nord et en Bretagne, par exemple. Mais cela n'est pas systématisé comme dans certaines autres régions et la signalisation bilingue occitane revêt de nombreuses formes, ce qui floute un peu la démarche auprès du grand public. Des associations, notamment l'Institut d'études occitanes, travaillent auprès des élus locaux pour généraliser et homogénéiser cet affichage bilingue.

Départements d'Outre Mer

Les panneaux de signalisation sont en français et en créole local.

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