Shennong bencao jing - Définition

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Introduction

Le Shennong bencao jing (ou WG Shen nung pen ts´ao king, Pinyin: Shénnóng běncǎo jīng, chin. 神农本草经), le Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste, est le plus ancien ouvrage chinois traitant des plantes médicinales. Sa paternité a été attribuée à un empereur mythique Shennong, dont les Chinois aiment à dire qu'il vivait aux environs de 2800 avant J-C. En réalité, cette œuvre pourrait être plus jeune de plusieurs millénaires : la plupart des chercheurs supposent que c'est une compilation écrite aux alentours des débuts de notre ère durant la dynastie Han, soit environ trois siècles après les grands textes sur les plantes du botaniste grec Théophraste (372-288 av JC). L'original n'existe plus et devait être constitué de trois volumes qui donnaient dans un texte concis, presque aphoristique, les propriétés médicinales d'herbes, de minéraux et de parties d'animaux.

L'ouvrage est aussi connu sous le nom de Shennong bencao 《神农本草》 ou par abréviation Bencao jing 《本草经》 ou Benjing 《本经》.

Histoire du texte

L'original du texte est perdu et l'histoire de sa reconstitution est un peu alambiquée.

Les premières consignations par écrit des savoirs oraux anciens semblent avoir été faites aux alentours des débuts de notre ère. Elles furent ensuite corrigées, commentées et complétées au V-VI ième siècle (par Tao Hongjing), avant d'être égarées et reconstituées entre le Xe siècle et le XVIIe siècle à partir de divers fragments. Finalement, l'œuvre séminale de la pharmacopée chinoise telle qu'on la connait actuellement est un construit assez tardif.

  • Le Shennong bencao jing n'est pas mentionné dans les Annales des Han (Hanshu 汉书).
  • La première mention du livre se trouve dans les écrits du médecin taoiste Tao Hongjing 陶弘景(456-536)(dynastie des Liang). Pour lui, les toponymes cités dans les quatre volumes du Shennong bencao jing sont "caractéristiques des noms donnés par la dynastie des Han aux divisions administratives". De cette observation, il conclut que l'ouvrage devrait être l'œuvre de médecins des Han postérieurs (25-220). Les connaissances pharmacologiques transmises jusque là oralement depuis les temps anciens furent pour la première fois rassemblées et consignées par écrit. Cette hypothèse est renforcée par le fait que le texte, truffé de recettes pour garder une bonne santé et trouver l'immortalité est en accord avec les préoccupations des alchimistes taoïstes de l'époque.
Tao Hongjing mentionne plusieurs ouvrages sur les drogues et différentes éditions du Shennong bencao jing sur lesquels il a travaillé. Il cite plusieurs auteurs qui avant lui auraient contribué à la révision des anciennes versions de l'ouvrage. Pour Paul Unschuld « On ne peut pas actuellement prouver s'il y avait en fait une œuvre originale et spécifique intitulée le Shennong bencao jing ou s'il y avait sous les Han plusieurs collections pharmaceutiques qui portaient ce titre ou un titre semblable ».
Tao Hongjing donna lui-même une version commentée en sept volumes du Benjing, nommée Bencao jing jizhu 本草经集注, Commentaires du Traité de matières médicales. Cette nouvelle division était basée sur des croyances liées au nombre 7 dans la cosmologie taoïste. Il rajouta 365 nouvelles matières médicales aux 365 anciennes. Ces 730 drogues étaient classées en 1) minéraux 2) herbes 3) arbres 4) bestioles et animaux 5) légumes et fruits 6) grains.
Ces ouvrages sont maintenant perdus.
La réalité de ces informations est cependant confirmée par les Annales des Sui, Suishu 《隋书•经籍志》 publiées quelques décennies plus tard, qui au chapitre bibliographique Jingjizhi, mentionnent "La matière médicale de Shennong", Shennong bencao 神农本草,四卷 en quatre rouleaux, sans indication d'époque et d'auteur et Tao Hongjing Shennong bencao jing, en sept rouleaux. Dans la bibliographie des Annales des Tang 《唐书.艺文志》, on trouve Shennong bencao, en trois rouleaux “神农本草,三卷”.
  • Mais ce n'est finalement que sous la dynastie des Song 960-1280, que de nouveaux efforts furent déployés pour recomposer le Shennong bencao jing.
Les auteurs Chinois ont l'habitude de reprendre les œuvres de leurs prédécesseurs sans d'ailleurs toujours mentionner leurs sources mais parfois en utilisant une encre de couleur différente pour marquer l'origine ancienne. Les compilations de compilations s'accumulent ainsi au fil des siècles.
La reconstruction de l'œuvre originelle de la pharmacopée chinoise a pu se faire en mettant à contribution des œuvres différentes allant des Tang en passant par les Song jusqu'au Ming :
-C'est ainsi qu'on peut retrouver dans l'œuvre principale du médecin de l'époque Tang, Sun Simiao (581 - 682), des sections entières du Benjing.
-De même, l'œuvre de Tang Shenwei, "Materia medica des urgences", Jing shi zheng lei bei ji bencao (1108) fut une source précieuse pour la reconstitution-recompilation.
-Enfin, l'ouvrage du très célébré médecin botaniste Li Shizhen, le Bencao gangmu (1578), fut mis a contribution pour faire revivre l'œuvre originelle.
  • La compilation la plus ancienne dont on dispose actuellement est celle de Lufu 卢复 de 1616 puis viennent celles de Sun Xingyan 孙星衍 de 1799 et de Gu Guanguang 顾观光 de 1844 qui sont largement diffusées et celle de Mori Risshi au Japon vers 1850.

La tradition confucéenne de respect de l'autorité des anciens a poussé les auteurs chinois à s'inscrire dans des lignées les plus longues possibles, fussent-elles mythiques comme l'est celle du Divin Laboureur Shennong qu'ils n'hésitent pas à situer 2700 ou 2800 ans avant notre ère. « Sans fouler de traces, on ne saurait parvenir jusque dans la pièce » dit le Maître (Entretiens de Confucius XI, 19). Les penseurs chinois revendiquent ouvertement une tutelle et fuient tout ce qui pourrait ressembler à l’autonomie de pensée chère aux philosophes européens.

En Chine, les médias ou même les ouvrages de pharmacognosie modernes rappellent avec grande constance que la connaissance pharmacologique chinoise remonte à 4000 voire 5000 ans alors qu'en Occident où les travaux considérables sur la botanique et la pharmacopée de Théophraste sont antérieurs de trois bons siècles sur ceux du Shennong bencao jing, aucun spécialiste ne prétend être héritier d'une tradition multimillénaire. Par contre « cette ancienneté mythique de la médecine chinoise, complète dès l'origine, joue encore aujourd'hui un rôle important dans l'appréciation que bon nombre d'acupuncteurs occidentaux ont de leur art, malgré le démenti apporté par les travaux philologiques et archéologiques ».

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