Serpentes - Définition

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Symbolique

Généralités

Buste de Méduse par le Bernin, 1630, musées du Capitole

La symbolique du serpent est l'une des plus profondes et complexes. Il n'est guère de cultures et de mythologies qui n'aient leur Grand Serpent, presque toujours marin et ambigu, sinon ambivalent.

Serpents et dragons, amphisbènes, basilics, guivres, hydres, chimères, les monstres ophidiens sont présents sous de nombreuses formes dans presque tous les folklores. Ils y jouent deux rôles principaux : celui de gardien (légendes de la Toison d'Or, de saint Georges) ou d'initiateur (Fáfnir et Sigurd).

Le "Grand Serpent", le Trimégiste, cosmogonique ou cosmique, n'a cessé de hanter l'imaginaire des hommes, de Ras Shamra au Loch Ness ; il cristallise les peurs, les angoisses, les désirs, les espoirs. On remarquera d'ailleurs que la figure serpentine est souvent présente dans les "hallucinations", chamaniques ou non, provoquées par des plantes psychotropes.

Le serpent ne peut être regardé en face, comme le Soleil dont il semble l'antagoniste parce que le serpent qui a les paupières soudées ne cille pas ni ne semble jamais dormir. Opposé au « Feu Primal », il est cependant fortement associé à la Terre à cause de son mode de déplacement. Puisque chthonien et rival de la lumière primale, il est associé au monde des morts et de la nuit ; certainement aussi parce que son corps étrangement froid semble se passer de la chaleur de la vie. Puisqu'il connaît les secrets de l'après-vie et qu'il est une figure de patience, il devient symbole de toute sagesse et de gnose ; il est souvent le hiérophante du héros perdu (comme Sigurd encore ainsi que Marduk). Il possède un savoir inquiétant et mystérieux, essentiel et vital, capable de révéler l'avenir et le passé. Il est aussi associé à l'Eau parce que ses écailles le rapprochent du poisson (sinon que comme tous les reptiles elles sont soudées contrairement aux poissons) et par sa reptation qui le fait se mouvoir comme une vague mouvante. Il est l'être qui se joue des catégories topiques, semblable de corps et de régime qu'il habite dans l'eau ou sur terre ; rien d'étonnant alors que plusieurs mythes l'aient doté d'ailes. Le Grand Serpent porteur de connaissance, évoque un autre porteur de lumière, Lucifer.

Le serpent est aussi l'animal qui se régénère puisque la saison venue il mue, il change de peau : il fait peau neuve. Il représente l'une des plus vieille aspirations chimériques à la jeunesse éternelle, rajeuni ou plutôt jamais mort. Les Alchimistes pensent que la pierre philosophale est logée dans sa tête oblongue.

Il semble souvent s'opposer à un dieu, au Dieu, à l'aigle, symbole de Zeus olympien qui affronte Typhon, le Satan qui s'oppose au Dieu biblique, Marduk et Tiamat, Thor pêchant Midgardsorm (terrifié et momentanément paralysé par son regard), Thraetona et Azi Dahaka en Iran, Apollon et Python, Héraclès et l'Hydre de Lerne, Saint Georges et le Dragon.

Toutes les traditions ont des reptiles titanesques et volants qui mêlent la puissance physique à l'intelligence, tandis que d'autres opposent au travers du serpent et du héros salvateur, la domination de l'esprit sur le corps, ou la domination de l'homme sur la nature, ou sa nature sauvage.

L'art martial du serpent symbolise du serpent : Fluidité, rapidité. Les mains (telles la tête du serpent) sont « dressées et prêtes à mordre ». Les bouts des doigts y frappent directement les points vitaux.

Exemples

  • Antiquité
Le Léviathan est présent dans les poèmes mythologiques phéniciens de Ras-Shamra (1300 avant notre ère). le Lucifer préchrétien lui aussi était représenté par un serpent ailé. Dans l'ancienne Égypte, on le retrouve peint sur les sarcophages, gravé sur des monolithes et dans les pierres des pyramides et des temples.
Quand il se mord la queue, comme dans certaines de ses représentations, par exemple l'« Ouroboros », il est le symbole du cycle infini de la vie et de la mort. Il se retrouve non seulement en Grèce antique mais aussi dans de nombreuses civilisations sous un autre nom ; ainsi, le serpent qui enserre, en quelque sorte, l'entière création entre ses anneaux, entoure et comprend tout ce qui est, emblème de toute perfection.
Chez les Grecs anciens, le serpent Python est l'hôte du temple de Delphes d'où Socrate tirera sa devise, « connais-toi toi-même », celle-ci étant écrite au fronton de ce temple. Il représente ici le symbole même de la sagesse philosophique, le pouvoir de la connaissance et du savoir. Le serpent est aussi un des attributs du dieu des médecins Esculape et d'Hermès qui le portent sur leurs caducées.
  • Bestiaire nordique
C'est aussi Midgardsormr , le Grand Serpent de la mythologie Nordique qui vit dans la « Grande Mer » primordiale qui entoure le monde du milieu (Midgard, d'où son nom), la terre des hommes au centre de laquelle se trouve la terre des dieux, Asgard. Au-delà de la Mer et des anneaux protecteurs de Midgardsormr se trouve Utgard où sont les puissances mauvaises et destructrices, les Géants et les Forces du Chaos ; en mordant sa queue il assure au monde humain sa cohésion et sa solidité. Au centre de ce monde conçu comme un gigantesque fuseau se retrouve l'axe du monde, Yggdrasil, le grand Arbre Sacré qui peut-être le Grand Serpent lui-même parce qu'il est parfois appelé Jörmungandr (Baguette magique/géante) comme Midgardsormr dont la fonction est la même : assurer la cohésion de l'Univers, sans lui c'est le Ragnarök. Le mythe nordique a donc besoin d'un héros pour contrer cette peur de l'anéantissement total : Thor, qui tente une fois de pêcher Midgardsormr sans y parvenir puisque empêché par un géant témoin du combat ; le duel entre le Grand Serpent et le dieu du tonnerre se terminera avec la mort des deux lors du Ragnarök. Parce qu'il est l'ennemi au moins potentiel du farouche fils d'Odin, le Serpent a fini par être associé aux créatures du Mal, il est devenu le fils de Loki, dieu du désordre et de la ruse.
  • Bestiaire hindou
On retrouve cette idée dans le Mahâbhârata, texte fondateur de la mythologie hindoue, où le pinaka, l'arc de Shiva, porte le Grand Serpent-arc-en-ciel enroulé sur la corde qui sert à tendre l'arc. Cette image est lourde de signification car l'arc-en-ciel est perçu comme un pont entre le ciel et la terre.
Chez les Hindous, le serpent Kundalinî est le canal d'énergie central qui relie ensemble les 7 chakras dans une double ellipse qui n'est pas sans évoquer à nouveau la chaîne de l'ADN.
  • Bestiaire judéo-chrétien
Dans la symbolique judéo-chrétienne, le serpent représente le Mal et la tentation. Dans la Genèse, Satan prend la forme d'un serpent pour inciter Ève à manger le fruit défendu. Dans son Apocalypse Saint Jean représente Satan, le Diable, comme le Serpent ancien, le séducteur des nations. On le retrouve aussi comme dragon marin, Rahab (« Job », 16 - 12) ou le légendaire serpent Léviathan (« Isaïe », 27 - 1). C'est contre lui que JHVH engage un combat mémorable (« Exode », 34 - 22) et inaugure ainsi le début des temps. Paradoxalement, il représente aussi la guérison, sous la forme du Serpent d'Airain construit par Moïse, qu'il suffisait de regarder pour neutraliser le venin des « serpents ardents »; c'est « semblable au Serpent de de Moïse » que Jésus se représente lui-même face à Nicodème, assumant la même fonction symbolique.
  • Bestiaire amérindien
On retrouve aussi le serpent ailé dans la figure amérindienne bien connue de Quetzalcoatl (pour les anciens mexicains, Kukulcan pour les Mayas, Gucumatz pour les Quichés), le dieu pacifique et dieu éducateur. La tradition amérindienne attribue à Quetzalcoatl l'invention du tissage, de la céramique et du zéro, c'est-à-dire des mathématiques, associé avec la précision que l'on sait, à l'astronomie.
  • Bestiaire du bouddhisme tibétain
Dans le bouddhisme tibétain, le serpent représente l'aversion, l'un des trois poisons de l'esprit avec l' avidité (représentée par un coq) et l' ignorance (représentée par un cochon).
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