Sémiologie psychiatrique - Définition

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Troubles de l’affectivité et de la thymie

L’humeur ou thymie

Melancholia I (Albrecht Dürer)

C'est la disposition affective de base donnant un éprouvé agréable ou désagréable oscillant entre les deux pôles extrêmes du plaisir et de la douleur. L’humeur peut être normale (on parle alors d’euthymie), expansive ou hyperthymique comme dans le syndrome maniaque, triste voire mélancolique comme dans le syndrome dépressif.

  • Humeur dépressive : c'est un éprouvé négatif (distortions cognitives) de la relation du sujet au monde et à lui-même : sentiment que la vie est un échec, la situation sans espoir, l’avenir impossible, perte du plaisir (anhédonie) et d’intérêt. Elle s'observe au cours du syndrome dépressif. Au cours du syndrome mélancolique (voir ce mot), cette sensation pénible est poussée à son paroxysme, et l'on parle alors de douleur morale, surtout que des idées délirantes et suicidaires y sont généralement associées.
  • Humeur expansive : humeur euphorique, joyeuse, optimiste et conquérante. Elle est marquée par un optimisme pathologique, on parle d’élation de l’humeur, ainsi que par sa labilité. C’est une caractéristique essentielle du syndrome maniaque.

Tonalité de l'affect

La peur, la colère, la surprise, le plaisir sont des affects, des émotions de base. Selon le degré de réaction du patient, on parle d’hyperexpressivité des affects, d’affect normal, restreint, émoussé voire abrasé.

Les différents affects

Expression faciale exprimant la peur
  • La peur est une émotion de base qui comprend une composante neurovégétative (sueurs, tremblements, accélération du rythme cardiaque…), motrice (sidération puis évitement), psychique (éprouvé désagréable, malaise plus ou moins intense) en réponse à un danger extérieur. Elle devient pathologique quand elle est disproportionnée au danger et/ou trop prolongée.
  • L'Anxiété est le versant psychique de la peur caractérisé par un malaise diffus, une appréhension d’un danger à venir, un sentiment d’insécurité. L'anxiété peut-être flottante, continue, on parle alors d'anxiété généralisée, ou bien évoluer sous la formes de crises d'angoisse répétées (attaques de panique) comme dans le trouble panique. Ces deux entités correspondent à ce que les freudiens nomment névrose d'angoisse.
  • La Colère est une réaction émotionnelle paroxystique face à une menace ou une frustration, caractérisée par une agitation verbale et motrice associée à des manifestations neurovégétatives.

Troubles de la pensée

On distingue les troubles du cours et du contenu de la pensée.

Dans son cours

  • Tachypsychie : pensée accélérée qui s'accompagne généralement d'une fuite des idées (relâchement du lien associatif normal entre les idées) qu'on observe dans la manie et au cours des intoxications aux psychostimulants
  • Bradypsychie : ralentissement de la pensée observée dans la dépression et le syndrome confusionnel
  • Barrage : interruption brutale du discours du sujet au cours d'une phrase. Le discours reprend au bout de quelques instants sur le même sujet ou sur un autre. Le sujet ne peut dire ce qui s'est passé en lui pendant l'intervalle de temps, il y a eu un "blanc", un "vide" de la pensée. Ce symptôme est assez caractéristique de la schizophrénie.
  • Fading mental c'est un équivalent a minima du barrage : la pensée s'englue pendant quelques instants.
  • Prolixité circumlocutoire : difficulté à orienter la pensée vers un but précis avec retour au sujet initial après de multiples détails
  • Pensée tangentielle : perte du fil du discours, le patient suit des idées qui lui viennent de stimulations externes ou internes

Dans son contenu

  • Phobie : La phobie est la crainte irraisonnée d'un objet extérieur ou d'une situation sans danger objectif (objet ou situation phobogène). Cette crainte est jugée absurde par le patient. La confrontation à l'objet ou à la situation redoutée provoque une angoisse intense. Le sujet développe des conduites d'évitement pour éviter la confrontation, ou bien alors il s'aide d'objets ou d'attitudes contraphobiques. On distingue les phobies simples, la phobie sociale (au cours de laquelle c'est une situation sociale qui est redoutée) et l'agoraphobie qui est une phobie liée à l'espace. Dans la phobie, l'angoisse disparaît en l'absence d'exposition à l'objet phobogène.
  • Obsession : L'obsession est une idée ou un sentiment qui s'impose à la conscience du sujet qui le ressent comme contraignant mais absurde, fait des efforts pour le chasser, mais n'y parvient pas. En général, des compulsions se développent. On rencontre des obsessions principalement au cours de la névrose obsessionnelle ou trouble obsessionnel compulsif. Il existe trois types d'obsessions :
    • Obsessions idéatives : ce sont des idées qui s'imposent au sujet, sous forme de doutes, de scrupules qui entraînent des ruminations incessantes ;
    • Obsessions phobiques : il s'agit alors de craintes obsédantes (par ex : peur d'être attaqué, peur d'avoir un cancer, etc.) ;
    • Obsessions impulsives (ou phobie d'impulsion) : il s'agit de la crainte de commettre un acte délictueux ou dangereux (crainte d'agresser quelqu'un, de blasphémer dans une église, etc.).

NB : Les obsessions phobiques et les phobies d'impulsion sont donc des obsessions et pas des phobies.

  • Idée délirante : Idée en opposition avec la réalité entraînant l'adhésion du sujet. On rencontre des idées délirantes au cours des psychoses, de la mélancolie, de la manie.

Troubles de l’imagination

Fabulation

Histoire fantasque et extraordinaire racontée par le sujet qui en est l’inventeur comme s’il s’agissait de faits réels. La fabulation est normale dans la petite enfance et aux débuts de l’adolescence. Pathologique, elle relève de la mythomanie ou du délire d’imagination. Les confabulations sont des fabulations qui s’observent chez des patients présentant un déficit de la mémoire antérograde (oubli à mesure).

Mythomanie

Tendance pathologique plus ou moins volontaire et consciente à l’altération de la vérité, la fabulation et la construction de récits imaginaires voire à penser et construire sa vie sur le mode du récit imaginaire.

Pathomimie

  • La pathomimie ou trouble factice, constitue la simulation volontaire de la maladie, dans un but qui n'est pas directement utilitaire, mais pour un but plus psychologique : lancer un défi au corps médical par exemple, ou pour être l'objet de l'intérêt de ceux-ci.. Certaines patientes n'hésitent pas s'injecter des matières fécales sous la peau pour avoir des abcès et venir se les faire soigner.
  • Peut prendre la forme extrême du syndrome de Münchausen qui est une demande répétée d’opérations chirurgicales au nom de troubles organiques factices. Cette demande peut concerner l’enfant du sujet et est alors une forme majeure de maltraitance à enfant et constitue le syndrome de Münchausen par procuration.

Dans la simulation, le simulateur se présente en mentant délibérément ou après une lésion auto-infligée. Tout cela est réalisé dans le but d'obtenir un bénéfice direct généralement matériel (une pension, une dispense, etc.).

Syndrome délirant

Le délire est un trouble du contenu de la pensée caractérisé par la permanence d'idées délirantes. Les idées délirantes sont des idées manifestement en désaccord avec les faits observés et les croyances habituellement partagées dans un contexte culturel donné. Ces idées emportent l'adhésion du patient.

Troubles des perceptions

Hallucinose

Perception sans objet proche de l’hallucination visuelle, faite d’images colorées mais sans participation affective du sujet qui a conscience que ce n'est "pas réél" ; elle n’est pas intégrée à un système délirant. S’observe dans certaines lésions cérébrales, ou du nerf optique, certaines épilepsies partielles. On parle également d’hallucinose au sujet d’hallucinations auditives sans trouble de la conscience ni participation affective du sujet et qui se rencontrent chez l’alcoolique chronique.

Imagerie hallucinatoire

Liées au sommeil, elles sont le plus souvent auditives ou visuelles et n’ont pas de caractère pathologique. On décrit les hallucinations hypnagogiques qui surviennent lors de l’endormissement et les hallucinations hypnopompiques qui surviennent au réveil. On range dans cette catégorie les hallucinations qui peuvent survenir lors de la privation de sommeil. Elles n'entraînent pas d'adhésion du sujet, mais peuvent causer une certaine angoisse (voir : paralysie du sommeil).

Modifications de l’ambiance perceptive Déréalisation et dépersonnalisation

  • Ces termes traduisent une modification de l’ambiance perceptive. Contrairement aux hallucinations, dans la déréalisation, il y a perception correcte de la réalité mais le patient a un éprouvé inhabituel et étrange, une perte de la familiarité de l’environnement.
  • La dépersonnalisation est un syndrome clinique complexe lié au sentiment éprouvé par certains sujets de n’être plus eux-mêmes.

Hallucinations

Les hallucinations sont des perceptions sans objet à percevoir.

Automatisme mental

  • Ce syndrome a été décrit par Gaëtan Gatian de Clérambault. Le patient a la conviction délirante qu’il n’est plus le maître du fonctionnement de son psychisme, qu’une force extérieure et étrangère agit en lui et contrôle sa vie psychique, ses actes, ses pensées et ses perceptions.
  • Selon l’intensité des symptômes, on distingue un grand et un petit automatisme mental.

Troubles du vécu corporel

Les troubles du schéma corporel sont nombreux. On distingue :

  • Les hallucinations cénesthésiques ou corporelles qui concernent un organe ou tout le corps avec sentiment de modification corporelle, voire de dématérialisation, de possession, de métamorphose en animal (voir le chapitre hallucination).
  • La dysmorphophobie concerne l’apparence corporelle. Le patient est convaincu d’une disgrâce corporelle ce qui l’angoisse et le dévalorise. La partie corporelle concernée est variable (organes sexuels, seins, partie du visage). Ce symptôme pousse le patient à demander une intervention de chirurgie esthétique.
  • L’hypocondrie est un souci exagéré de l’état de santé corporelle. Elle donne lieu à des préoccupations anxieuses et obsédantes et peut prendre un tour délirant.
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