Sélection de parentèle - Définition

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Sociobiologistes célèbres

  • William Donald Hamilton
  • George Price
  • Robert Trivers
  • Edward Osborne Wilson
  • Richard Dawkins
  • John Maynard Smith

Critiques à l'encontre de la sociobiologie humaine

Le terme sociobiologie est souvent utilisé à tort pour exprimer l'application de l'ethologie à l'étude de l'homme ou plus simplement toute affirmation de l'importance de l'instinct dans le comportement de l'homme civilisé. Différentes formes de critique ont vu le jour :

Douance et déterminisme génétique

Le phénomène de la douance cognitive et la volonté de séparer les enfants doués de ceux qui le sont moins fut un champ de bataille politique important des années 1970. L'argument fort des pro-séparations était que le QI est une caractéristique génétique et que l'éducation ne peut rien faire pour l'améliorer. Les anti-séparations ont donc tenté par tous les moyens de démontrer que les facultés cognitives ne sont pas innées, pas plus que le moindre comportement humain.

Cette attitude était extrêmement risquée ; elle ne prévoyait aucune mesure si le facteur génétique du QI s'avèrait scientifiquement non-négligeable. Ainsi, au lieu de défendre le droit inaliénable à la non discrimination génétique, elle lui laissait la porte grande ouverte. De nos jours, bien que la charte universelle des droits de l'homme protège, théoriquement, contre la discrimination de l'état envers les détenteurs d'attributs « de naissance », peu de pays ont mis en place des mesures de protection contre la discrimination d'organismes privés envers le public. Présentement, les tests de dépistage de maladies génétiques en ce qui concerne les assurances vies sont sujets à une importante polémique et l'arrivée des puces à ADN dans le domaine du marché du divertissement est des plus troublants. Actuellement s'il est possible, pour une femme, de choisir l'avortement après une amniocentèse si les tests génétiques révèlent une maladie que dire de son extension potentielle à des critères désavantageux comme des gènes révélant une possibilité de QI trop faible (comme le CHRM2). Il en est de même en ce qui concerne la sélection d'embryons par diagnostic préimplantatoire qui constitue, pour l'heure, la forme la plus poussée d'eugénisme.

La perte de la liberté ?

Le premier obstacle de la sociobiologie humaine est le sous-entendu du déterminisme génétique qui laisse croire que l'humain perd toute liberté de choix et que la culture est nécessairement assujettie à la nature (l'instinct). Les tenants du tout culturel défendent habituellement leur position par l'affirmation que les sociobiologistes croient à une conception du tout instinctif chez l'homme, ce qui est parfaitement faux. Ils oublient également souvent une vérité scientifique fondamentale : dans la nature, les cas de transmission culturelle sont des exceptions pratiquement miraculeuses, très étudiées et documentées ; même chez nos plus proches cousins les grands singes. Seul l'homme est un animal culturel et celui-ci n'intéresse pas particulièrement les biologistes.

Pour un tenant du tout culturel, le comportement humain est entièrement déterminé par l'expérience personnelle : la socio-culture, l'éducation, etc. La distinction qu'il est possible d'établir entre le déterminisme culturel et le déterminisme génétique est que le premier n'en est pas vraiment un puisqu'il peut changer rapidement, contrairement à l'instinct. Mais refuser l'existence de l'instinct chez l'homme par croyance qu'il implique un déterminisme rigide, outrepassant le déterminisme culturel est absolument absurde. Pour Konrad Lorenz, seul la transcendance de l'instinct par la culture pourra sauver l'homme de l'inadéquation de son instinct pour la survie de l'espèce. S'il considère que l'humain possède des tendances naturelles, celles-ci ne sont certainement pas nécessairement bonnes ni adaptées à la situation actuelle.

Mais dans tous les cas une vérité philosophique demeure : il est impossible de transcender ses déterminismes si nous ne les connaissons pas, notre ignorance de ceux-ci implique que nous nous laissons aveuglément conduire par eux. Sans connaissance, point de liberté.

L'idéalisation de l'homme (ou de soi-même) ?

Comme le souligne si bien Konrad Lorenz : « Beaucoup d'entre nous ont quelque difficulté à reconnaître que l'évolution des civilisations humaines vers un niveau supérieur n'est en aucune façon commandée exclusivement par les jugements de valeur, l'intelligence et la bonne volonté de l'homme. » p.268. En effet, pour certains, la distinction entre l'homme et les autres animaux est tellement profonde que le simple fait de rappeler que celui-ci en est un et qu'il possède des instincts comme tous les autres est blasphématoire. Si le darwinisme en plus de rabaisser le corps de l'homme à celui d'un singe s'attaque également à son esprit, il est naturel, par simple mécanisme de protection de l'égo, que l'on essaye d'y échapper.

Par contre, même si épistémologiquement, il est facile d'établir un parallèle entre ce phénomène de rejet et celui du copernicanisme ou du darwinisme, il est en fait beaucoup plus profond car il ébranle les bases fondamentales de la conception religieuse de l'esprit humain. La sociobiologie n'est pas qu'une des nombreuses facettes de la science matérialiste athée, il en est une affirmation triomphante.

La sociobiologie : politique de droite ?

La transmission génétique des avoirs (la transmission à sa descendance de ses richesses par héritage) est un fait connu et habituel de l'humanité depuis l'aube de la civilisation. Par contre, affirmer qu'il s'agit d'une conséquence évidente et directe de l'évolution génétique de l'homme est une autre histoire. En effet, le contrôle sévère de la transmission génétique des avoirs est ce qui distingue le simple socialisme du communisme. L'affirmation sociobiologique laisse penser que le communisme est contre nature et donc simplement voué à l'échec. Dans les années 1970, le marxisme léniniste et maoïste étaient des idéologies populaires dans les milieux des sciences humaines, il est facilement compréhensible que les affirmations sociobiologiques en aient troublés plusieurs. Par contre, malgré l'existence d'une tendance naturelle, il est rationnellement possible de considérer que de laisser le contrôle de la destiné de l'humanité à quelques familles de privilégiés n'est pas une alternative viable et que le peuple doit posséder tous les leviers économiques pour un devenir meilleur.

Le simple socialisme par redistribution de la richesse n'est pas plus favorisé par l'équation d'Hamilton. En effet, celle-ci prévoit un altruisme nul entre les individus des pays civilisés. Pour les sociobiologistes, il s'agit simplement d'une preuve qu'il existe, ici, d'autres mécanismes instinctifs qui entrent en jeu comme le modèle de l'altruisme réciproque de Robert Triver qui ne nécessite aucune affinité génétique entre le donneur et le receveur. Mais la réalité évolutive est probablement révélée par le cinquième principe de la psychologie évolutionniste, le mismatch, qui rappelle que les instincts de l'homme furent sélectionnés dans des conditions écologiques bien antérieures à la civilisation. Notre instinct grégaire serait en fait conçu pour de petits groupes, possédant une grande proximité génétique.

Si la gauche prône une redistribution de la richesse (altruisme social) et la droite une autonomie financière des individus, il est connu, qu'en général, seule l'extrême droite est xénophobe. Il semble donc exister un lien entre volonté de partage et l'impression psychologique de la disparité génétique de la population. Cette corrélation existe-t-elle réellement? Serait-il possible qu'il existe une relation entre la part de l'impôt utilisé en redistribution de la richesse et la disparité génétique des populations? Serait-il possible que les pays sans immigration comme la Suisse soient socialement beaucoup plus altruistes qu'un melting pot comme les États-Unis? Nos politiques seraient-elles influencées par de bas instincts? Rejeter ces questions du revers de la main n'est certainement pas une attitude scientifique. Par contre, ces questions n'appartiennent pas à la biologie mais à la sociologie et à la science politique ; répondre de façon scientifique est nécessaire pour l'avancement de la connaissance et ne concerne en rien l'idéologie politique. Si les héritiers de Gaston Bachelard veulent réussir à être pris au sérieux sur cette question par les biologistes, ils doivent impérativement abandonner l'épistémologie au profit du vulgaire empirisme comme le fait si bien toute science respectable.

La sociobiologie : science raciste ?

L'histoire de l'humanité est pavée de guerres, de massacres et de génocides. Ici, le comportement de l'homme civilisé avec son gros cerveau de plus de cent milliards de neurones ne se distingue guère de celui des cloportes réaumur n'en possédant que dix mille. Pour les sociobiologistes, il est clair que l'instinct d'agression inter-groupe chez l'humain fut sélectionné par les mêmes mécanismes évolutifs (équation de Price) que pour tous les autres animaux. Cette conséquence mathématique fut malheureusement confondue, au début de la sociobiologie, avec une tendance naturelle au racisme, soit au rejet voire à l'agression naturelle entre les membres des différentes races. Remarquons que les tensions sociales en Amérique, à l'époque, étayaient cette thèse. Heureusement, la réalité biologique est toute autre.

Chez tous les animaux sociaux, les mécanismes de reconnaissance de l'appartenance au groupe sont, en général, indépendants de marqueurs génétiques. En fait, l'évolution a simplement sélectionné tout mécanisme permettant que des individus cohabitant sur un territoire restreint se reconnaissent comme membres du même groupe. Nous remarquerons que dans la nature cette condition est toujours remplie par des apparentés. Il est donc possible, pour un expérimentateur, de recréer des groupes de cloportes, de fourmis ou de rats qui ne possèdent aucun apparentement, il en est de même chez l'homme.

L'étude des street corner societies (gangs de rue) a permis à la sociologie de dégager certains des mécanismes nécessaires permettant l'identification des membres des différents groupes entre eux. Il existe un parallèle surprenant entre ces mécanismes et ceux des sociétés primitives étudiées par l'ethnologie. Nous remarquerons que le critère de l'habillement et de la parure vestimentaire est fondamental et si la plupart des sociétés ont adopté l'habit occidental, parfois imposé par la force comme au japon, il existe encore une grande diversité vestimentaire sur la planète. Il est également significatif que l'imposition du communisme à une nation de plus d'un milliard d'habitants comprenait un vêtement unique pour toute la population. De même, l'habit imposé dans certains corps de métier ou dans les écoles privées a également cette fonction de construction artificielle d'un groupe d'appartenance.

Il existe plusieurs marqueurs de l'appartenance au groupe, interagissant, et créant par synergie un sentiment d'appartenance plus fort. Ces stimuli doivent également obéir à la règle de l'hyperstimulation de Konrad Lorenz et la connaissance de ces mécanismes est fondamentale pour la compréhension de la société et les applications sociales qu'ils suggèrent.

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