Les symptômes d'intoxications légères conduisent rarement au diagnostic de saturnisme. Avec l'augmentation du taux de plomb dans l'organisme, les symptômes suivant apparaissent :
Comme le mercure, le plomb semble pouvoir être un perturbateur endocrinien quand il touche le fœtus (in utero), avec des effets différés sur le développement mental. '.
Les effets délétères du plomb n'intéressent pas que les médecins. Ils préoccupent aussi le politique, les responsables de la santé, les assureurs et les économistes. Le plomb moléculaire n’est en effet ni biodégradable, ni dégradable. Et étant bioaccumulable, il restera pour cette raison longtemps un problème de santé publique dans la plupart des pays, en dépit de son interdiction d’usage dans l’essence et les peintures et certaines cartouches de chasse. De plus si les émissions ont chuté en occident, la production mondiale de plomb a continué à croître au début du XXème siècle, avec des sources très importantes d'exposition de l'environnement et de la population en Chine et dans les pays où l'essence est restée plombée.
On se demande depuis longtemps si les effets sociaux de l'exposition au plomb se limitent à des troubles de mémoire associés à une simple irritabilité (par exemple constatée chez les enfants exposés au plomb, et qu'on a attribué à une possible souffrance du cerveau), ou si au-delà d'effets simplement pénalisants pour l’intégration sociale d'individus, le saturnisme pouvait conduire à des troubles graves du comportement, sources de violence et favorisant des comportements criminels.
Saturnisme et criminalité : Rick Nevin (consultant en économie) a en mai 2000 rendu public un essai d'évaluation quantitative du problème. Il concluait que d'après l'étude comparative des statistique d'exposition moyenne au plomb, et de criminalité, que l'exposition au plomb pouvait expliquer aux États-Unis et dans d'autres pays 65% à 90% de la variation des taux de la criminalité violente, avec des vagues d'augmentation de la criminalité qui suivent systématiquement l'augmentation de la plombémie moyenne, avec un léger décalage. C'était la première fois qu'un auteur liait si directement l'augmentation de comportements agressifs ou criminels à une exposition environnementale au plomb.
Les résultats de cette étude ont été rappelés sept ans après (en juillet 2007) par le Washington Post dans un article qui a relancé l'intérêt porté à l’intoxication saturnine comme facteur de violence.
Les résultats de Rick Nevin ont en effet été confortés par les conclusions de Roger D. Masters de l’Université de Dartmouth et des travaux similaires d'autres chercheurs non issus du monde de la médecine ou de la toxicologie. Un document de Jessica Reyes économiste d’Amherst est disponible en pré-publication en ligne.
On se demande depuis longtemps si le plomb peut expliquer certains troubles mentaux, dont certaines schizophrénies.
« Saturnisme utérin » et schizophrénie : Dans une étude épidémiologique à long terme présentée au congrès annuel 2004 réunion de l'American Association for the Advancement of Science, à Seattle (États-Unis), Ezra Susser et son équipe ont à l’université Columbia de New York ont exploité les données de suivi d’un panel de 12 094 enfants nés à Oakland (Californie) de 1959 à 1966. Des échantillons de sérum sanguins collectés chez leurs mères alors qu'elles étaient enceintes, avaient été congelés et conservé pour une analyse ultérieure.
Les analyses ont montré que les enfants exposés in utero à des taux plus élevés de plomb présentaient un risque doublé de développer une schizophrénie ou des troubles apparentés plus tard. L'étude doit être prolongée sur d'autres populations et sur un panel d'enfants encore plus large, avec des questionnaires plus précis pour les mères afin d'essayer de déterminer s'il y a des périodes d'exposition in utero où le risque est plus élevé de provoquer une future schizophrénie (on peut supposer que la période dite de synaptogenèse est la plus critique, mais cela demande confirmation).
Ezra Susser a émis l'hypothèse d'un impact sur le cerveau du fœtus comparable à celui de l'alcool qui empêche précocement la formation de connexions neuronales, ce qui peut conduire à la mort de groupes de cellules qui auraient dû jouer un rôle dans le développement futur du cerveau. Cette même étude a d'ailleurs détecté d'autres facteurs que le plomb qui peuvent aussi agir ou peut-être s'additionner. L'impact de l'alcool était connu, mais l'étude a montré que les enfants nés d'une mère qui a été grippée dans la première partie de sa grossesse ont trois fois plus de risque de développer une schizophrénie plus tard. D'autres études ont aussi montré un risque accru d'avoir un QI plus bas pour l'exposition in utero à ces trois facteurs (plomb, alcool, grippe).
Les impacts neurocomportementaux du plomb sont connus chez l'enfant. Ils ont peut être été sous estimés chez l'adulte et la personne âgée.
Les données semblent confirmer l'hypothèse émise depuis longtemps d'un lien (non exclusif) entre exposition au plomb (éventuellement in utero) et troubles comportementaux, générant d'éventuelles violences et conflits.
Elles éclairent d’un jour nouveau les violences qui ont caractérisés certaines périodes et lieux ou caractérisent encore certaines zones géographiques où le plomb a été massivement utilisé par l’industrie, mais aussi par les armées et lors de guerres civiles (Empire romain, guerres mondiales...).
Ces résultats incitent aussi à éradiquer au plus vite le plomb des munitions, dont de chasse.